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trouvait April : avec son nouveau copain, un garçon de dix-sept ans qui n’allait plus au lycée et qui s’appelait Joel Lambert. Riley avait tout fait pour mettre un terme à leur relation, mais elle n’avait pas réussi.

      Ce soir, ça va changer, pensa-t-elle avec détermination.

      Elle se gara devant la maison délabrée de Joel, au milieu d’un quartier miteux. Elle était déjà venue pour lui poser un ultimatum. Il l’avait visiblement ignoré.

      Aucune lumière n’était allumée. Selon toute vraisemblance, il n’y avait personne. Ou peut-être que Riley trouverait là-dedans quelque chose qu’elle ne voulait pas voir. Cela n’avait pas d’importance. Elle tambourina à la porte.

      — Joel Lambert, ouvre ! hurla-t-elle.

      Il y eut quelques secondes de silence. Riley frappa à nouveau. Cette fois, elle entendit des jurons étouffés. La lumière du perron s’alluma. La porte s’ouvrit de quelques centimètres, bloquée par sa chaînette. Sous le néon blafard, Riley devina un visage qu’elle ne connaissait pas. C’était un homme barbu, d’environ vingt ans, qui semblait défoncé.

      — Qu’est-ce que vous voulez ? marmonna-t-il d’une voix pâteuse.

      — Je viens chercher ma fille, répondit Riley.

      L’homme haussa les sourcils.

      — Vous vous trompez d’endroit, madame, dit-il.

      Il essaya de refermer la porte, mais Riley le repoussa d’un coup de pied si violent que la chaînette vola en éclats.

      — Eh ! s’exclama l’homme.

      Riley fit irruption à l’intérieur. La maison n’avait pas changé depuis la dernière fois : le bazar n’avait pas disparu, ni les odeurs suspectes. Le jeune homme était grand et maigre. Riley trouva qu’il y avait une ressemblance entre lui et Joel, mais il était trop jeune pour être son père.

      — Vous êtes qui ? demanda-t-elle.

      — Guy Lambert.

      — Le frère de Joel ? devina Riley.

      — Ouais, et vous ? Vous êtes qui, putain ?

      Riley sortit son badge.

      — Agent spécial Riley Paige, du FBI.

      L’homme écarquilla les yeux.

      — FBI ? Non, vous vous plantez, là…

      — Vos parents sont là ? demanda Riley.

      Guy Lambert haussa les épaules.

      — Mes parents ? Quels parents ? Joel et moi, on vit seuls ici.

      Cela ne surprit pas Riley. La dernière fois qu’elle était venue, elle avait tout de suite pensé que les parents de Joel ne vivaient pas ici. Bien sûr, il était impossible de savoir où ils étaient, ou ce qui leur était arrivé.

      — Où est ma fille ? insista Riley.

      — Madame, je connais même pas votre fille.

      Riley s’approcha de la porte la plus proche. Guy Lambert essaya de l’arrêter.

      — Eh, vous avez un mandat ? demanda-t-il.

      Riley le repoussa.

      — C’est moi qui pose les questions, grogna-t-elle.

      Riley poussa la porte. C’était une chambre en désordre. Il n’y avait personne. Elle ouvrit une deuxième porte. C’était une salle de bain très sale, qui menait à une autre chambre. Toujours personne.

      Une voix retentit dans le salon.

      — Pas un geste !

      Elle se précipita.

      Son partenaire, l’agent Bill Jeffreys, se tenait dans l’encadrement de la porte. Elle l’avait appelé à l’aide en quittant la maison. Guy Lambert se laissa tomber sur le sofa, l’air abattu.

      — Ce type avait l’air de vouloir s’enfuir, dit Bill. Je lui ai simplement demandé de t’attendre.

      — Où sont-ils ? demanda Riley à Lambert. Où sont ton frère et ma fille ?

      — J’en sais rien.

      Riley le saisit par le col.

      — Où sont ton frère et ma fille ? répéta-t-elle.

      Quand il répéta qu’il ne savait pas, elle le plaqua contre le mur. Bill poussa un grognement de désapprobation. Il ne voulait pas que Riley perde le contrôle de ses nerfs, mais Riley n’en avait que faire.

      Paniqué, Guy Lambert cracha enfin une réponse :

      — Ils sont un peu plus loin dans la rue, au treize trente-quatre.

      Riley le lâcha. Sans ajouter un mot, elle sortit de la maison, Bill sur ses talons.

      Riley avait sa lampe de poche. Elle s’en servit pour chercher les numéros des maisons.

      — C’est par là, dit-elle.

      — On doit appeler du renfort, dit Bill.

      — Nous n’avons pas besoin de renfort, répondit Riley en courant sur le trottoir.

      — Ce n’est pas ce qui m’inquiète.

      Bill la suivit.

      Quelques secondes plus tard, Riley s’arrêta devant une maison avec un étage. Ce devait être un squat d’héroïnomanes. Les portes étaient condamnées. La maison ressemblait à celle d’un psychopathe sadique nommé Peterson qui avait longtemps retenu Riley prisonnière. Il l’avait enfermée dans une cage et torturée avec un chalumeau au propane. Elle avait fini par s’enfuir en faisant sauter la maison.

      L’espace d’un instant, elle hésita, secouée par ses propres souvenirs. Puis elle se rappela qu’April était à l’intérieur.

      — Prépare-toi, dit-elle à Bill.

      Bill sortit sa lampe et son arme. Ils s’approchèrent de la maison.

      Les fenêtres étaient condamnées, mais Riley n’avait pas l’intention de frapper, cette fois. Elle ne préviendrait pas Joel, ou quiconque se trouvait là, de son arrivée.

      Elle essaya la poignée, mais la porte était verrouillée. Elle tira un coup de feu et le fit sauter, avant de s’engouffrer à l’intérieur.

      La luminosité était encore plus faible dans la maison, et les yeux de Riley s’ajustèrent à l’obscurité. La seule lumière provenait de bougies éparpillées. Elles éclairaient une scène sinistre, composée de débris, d’ordures, de paquets d’héroïne et de seringues hypodermiques. Il y avait au moins sept personnes en vue. Deux ou trois se redressaient mollement. Ils avaient tous l’air défoncé et malade, et leurs vêtements étaient sales.

      Riley rangea son arme. Elle n’en aurait pas besoin.

      — Où est April ? hurla-t-elle. Où est Joel Lambert ?

      Un homme répondit d’une voix pâteuse :

      — En haut.

      Bill sur ses talons, Riley monta l’escalier, en s’éclairant avec sa lampe. Les marches pourries ployaient sous son poids. Dans le couloir, des portes avaient été démontées. Il y avait trois ouvertures. L’une d’elle conduisait dans une salle de bain très sale. Ces trois pièces étaient vides. Au bout du couloir, une quatrième porte était fermée.

      Riley s’avança, mais Bill leva la main.

      — Je passe en premier, dit-il.

      Riley l’ignora, poussa la porte et entra.

      Ses genoux faillirent l’abandonner devant le sinistre spectacle qui l’accueillit. April était allongé sur un matelas. Elle bredouillait « non, non, non », encore et encore, et se débattait

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