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le bureau de Meredith. Riley se dirigea aussitôt vers le sien. Elle s’assit un moment, en promenant son regard dans son bureau.

      Des Moines, pensa-t-elle.

      Elle n’y était allée que deux ou trois fois, mais c’était là qu’habitait sa sœur, Wendy. Riley et Wendy avaient perdu le contact pendant des années. Elles ne s’étaient retrouvées qu’à la mort de leur père. Wendy était avec lui quand il était mort, pas Riley.

      Penser à Wendy réveillait en Riley un sentiment de culpabilité, ainsi que des mauvais souvenirs. Wendy avait fugué à quinze ans parce que leur père la battait. Riley n’en avait que cinq. Après la mort de leur père, elles s’étaient juré de garer contact, mais elles s’étaient contentées d’un chat vidéo.

      Riley savait qu’elle devait rendre visite à Wendy si elle en avait la possibilité. Mais pas tout de suite. Meredith avait dit qu’Angier était à une heure de route de Des Moines et que la police viendrait les chercher à l’aéroport.

      Peut-être que je pourrai voir Wendy avant de rentrer à Quantico, pensa-t-elle.

      En attendant, elle avait deux heures à tuer avant de prendre l’avion. Et il y avait quelqu’un qu’elle voulait voir.

      Elle s’inquiétait pour son partenaire de toujours, Bill Jeffreys. Il vivait non loin, mais elle ne l’avait pas vu depuis des jours. Bill souffrait de stress post-traumatique. Riley savait d’expérience que c’était difficile à surmonter.

      Elle sortit son téléphone et tapa un message.

      J’aimerais passer quelques minutes. Tu es chez toi ?

      Elle attendit quelques instants. Le message avait été « envoyé », mais pas encore « lu ».

      Riley soupira. Elle n’avait pas le temps d’attendre que Bill consulte ses messages. Si elle voulait le voir avant son départ, elle devait y aller maintenant, en espérant qu’il soit chez lui.

      *

      Le petit appartement de Bill n’était qu’à quelques minutes en voiture de l’UAC, dans la ville de Quantico. Quand elle se gara et marcha vers le bâtiment, elle remarqua une fois encore combien cet endroit était déprimant.

      Ce n’était pas un immeuble insalubre. En fait, c’était un petit bâtiment ordinaire en briques rouges. Mais Riley ne pouvait s’empêcher de se rappeler chaque fois la jolie maison en banlieue où Bill habitait avant son divorce. En comparaison, cet endroit n’avait aucun charme. De plus, Bill vivait seul maintenant. Ce n’était pas la situation idéale.

      Riley entra dans le bâtiment et se dirigea vers l’appartement de Bill au deuxième étage. Elle frappa à la porte et attendit.

      Aucune réponse ne vint. Elle frappa à nouveau, sans succès.

      Elle sortit son téléphone. Le message n’avait pas encore été lu.

      Elle s’inquiéta. Etait-il arrivé quelque chose à Bill ?

      Elle tendit la main vers la poignée et la fit tourner.

      A sa grande stupéfaction, la porte n’était pas verrouillée. Le battant s’ouvrit.

      CHAPITRE HUIT

      L’appartement de Bill semblait avoir été cambriolé. Riley s’immobilisa dans l’entrée pendant une seconde, prête à tirer son arme au cas où l’intrus serait toujours là.

      Puis elle se détendit. Ce n’étaient que des emballages de plats à emporter, des assiettes sales et des verres. C’était un foutoir, mais un foutoir domestique et personnel.

      Elle appela Bill par son nom.

      Pas de réponse.

      Elle appela à nouveau.

      Cette fois, elle crut entendre grogner dans une pièce attenante.

      Le cœur battant, elle se précipita dans la chambre de Bill. La pièce était mal éclairée. Les rideaux étaient tirés. Bill était allongé sur son lit encore défait, dans des habits froissés. Il fixait le plafond du regard.

      — Bill, pourquoi tu n’as pas répondu quand je t’appelais ? demanda-t-elle avec irritation.

      — J’ai répondu, murmura-t-il. Tu ne m’as pas entendu. Tu peux arrêter de faire du bruit, s’il te plait ?

      Riley aperçut la bouteille de bourbon presque vide sur la table de nuit. Elle comprit mieux ce qui se passait. Elle s’assit sur le lit à côté de Bill.

      — J’ai passé une nuit difficile, dit Bill en se forçant à rire. Tu sais ce que c’est.

      — Ouais, je sais, répondit Riley.

      Après tout, le désespoir l’avait déjà poussée à boire.

      Elle toucha son front en sueur. Elle n’imaginait que trop bien à quel point il était mal.

      — Qu’est-ce qui t’a poussé à boire ? demanda-telle.

      Bill grogna.

      — Ce sont mes garçons, dit-il.

      Puis il se tut. Riley n’avait pas vu les deux fils de Bill depuis longtemps. Ils devaient avoir neuf et onze ans maintenant.

      — Qu’est-ce qu’ils ont ? demanda Riley.

      — Ils sont venus me voir hier. Ça ne s’est pas bien passé. C’est un foutoir, ici. Et j’étais de mauvaise humeur. Ils avaient hâte de rentrer à la maison. Riley, c’est terrible. C’est terrible. Encore une visite comme ça et Maggie ne me laissera plus les voir. Elle cherche une excuse pour couper les ponts.

      Bill émit un bruit qui ressemblait à un sanglot. Mais il n’avait même pas l’énergie de pleurer. Riley comprit qu’il avait déjà beaucoup pleuré tout seul.

      Bill dit :

      — Riley, si je ne vaux rien comme père, à quoi je sers ? Je ne suis même plus un bon agent. Qu’est-ce qu’il me reste ?

      Riley sentit la tristesse lui serrer la gorge.

      — Bill, ne dis pas ça. Tu es un père formidable. Et tu es un super agent. Peut-être pas aujourd’hui, mais tous les autres jours de l’année.

      Bill secoua la tête d’un air las.

      — Hier, je n’étais pas le père de l’année. Et j’entends toujours ce coup de feu. Je me revois courir vers le bâtiment, et Lucy allongée par terre, dans une mare de sang.

      Riley sentit son propre corps trembler.

      Elle aussi ne s’en rappelait que trop bien.

      Lucy s’était aventurée dans un bâtiment abandonné, sans savoir qu’elle était en danger. Elle avait été touchée par la balle d’un tireur d’élite. Survenant peu après, Bill avait tiré par erreur sur un jeune homme qui essayait de lui venir en aide. Quand Riley était arrivée, Lucy avait rassemblé ses dernières forces pour abattre le tueur.

      Elle était morte peu après.

      C’était une scène d’apocalypse.

      Riley n’en avait pas souvent vécu de pires dans sa carrière.

      Elle dit :

      — Je suis arrivée encore plus tard que toi.

      — Ouais, mais tu n’as pas tiré sur un gamin innocent.

      — Ce n’était pas de ta faute. Il faisait noir. Tu ne pouvais pas savoir. Et puis, le gamin va bien.

      Bill secoua la tête. Il leva une main tremblante.

      — Regarde-moi. Je te donne vraiment l’impression de pouvoir retourner au travail ?

      Riley

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