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frissonnait en pensant que deux meurtriers – Peterson et celui qui avait tué deux femmes ici – vivaient tranquillement leurs vies en ce moment même. Combien d’autres dans l’état, dans le pays tout entier ? Pourquoi la culture américaine – l’humanité en général – devait-elle souffrir ce genre d’individus ?

      Que pouvaient-ils bien faire en ce moment ? Complotaient-ils quelque part, dans un endroit isolé, ou passaient-ils du temps avec de la famille et des amis – avec des gens innocents qui ne se doutaient pas de leur noirceur ?

      Riley n’avait aucun moyen de le savoir, et c’était son boulot de le découvrir.

      Elle pensa également à April, avec inquiétude. Elle n’avait pas aimé la laisser chez son père, mais qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Riley savait qu’elle aurait fini par reprendre une affaire, même si cela n’avait pas été celle-ci. Son travail était trop important pour lui laisser le temps de s’occuper d’une adolescente rebelle. Riley n’était pas assez souvent à la maison.

      Sur un coup de tête, elle sortit son téléphone et lui envoya un sms :

      Salut April. Ça va ?

      La réponse ne se fit pas attendre.

      Je vais bien Maman. Et toi ? T’as résolu le mystère ?

      Riley mit du temps à comprendre que April parlait de sa nouvelle affaire.

      Pas encore, tapa-t-elle.

      April répondit.

      T’y arriveras bientôt.

      Riley sourit devant la confiance de sa fille. Elle tapa :

      Tu veux parler ? Je peux t’appeler.

      Elle attendit quelques secondes la réponse de April.

      Pas maintenant. Ça va.

      Riley ne fut pas sûre de savoir ce que cela signifiait. Son cœur se serra un peu.

      OK, tapa-t-elle. Bonne nuit. Je t’aime.

      Elle reposa son téléphone et tourna son regard vers la nuit qui s’assombrissait. Elle sourit avec nostalgie en pensant à la question de April…

      « T’as résolu le mystère ? »

      Le mot « mystère » aurait pu décrire bien des choses dans la vie de Riley. Et elle n’était pas prête de les résoudre.

      Elle scruta l’avenue, imaginant la voiture du tueur traverser la ville en direction de la voie ferrée. Il s’était montré téméraire, encore plus quand il avait pris le temps de suspendre le corps au poteau électrique, sous les spots de l’entrepôt.

      Son mode opératoire avait beaucoup changé en cinq ans. Après avoir jeté sans cérémonie le premier corps dans le fleuve, il avait accroché le deuxième à la vue de tous. Il ne semblait pas particulièrement organisé, mais il devenait plus obsessif. Quelque chose dans sa vie avait dû changer. Mais quoi ?

      Riley savait qu’une telle escalade d’audace représentait souvent un désir croissant pour la publicité et la gloire. C’était d’ailleurs le cas du dernier tueur que Riley avait traqué. Mais, cette fois, l’analyse ne paraissait pas juste. Quelque chose soufflait à Riley que ce tueur n’était pas seulement petit et faible, il devait être également effacé, voire humble.

      Il n’aimait pas tuer, Riley en était presque sûre. Et ce n’était pas la gloire qui avait motivé sa témérité. C’était un désespoir profond. Peut-être même le remords ou un désir à demi conscient d’être retrouvé.

      Riley savait d’expérience que les tueurs étaient le plus dangereux quand ils commençaient à se rebeller contre eux-mêmes.

      Riley repensa aux mots du commissaire Alford :

      « Le tueur n’est pas pressé, après tout. »

      Riley fut persuadée qu’il se trompait.

      Chapitre 10

      Quand le médecin légiste, un quinquagénaire en surpoids, étala des photos sur le bureau du commissaire Alford, Riley ressentit un élan de compassion. Les clichés représentaient les détails sordides de l’autopsie de Rosemary Pickens. Ben Tooley, le médecin, paraissait nauséeux. Il était sans doute plus habitué aux infarctus et aux AVC. Il semblait n’avoir pas fermé l’œil de la nuit et elle réalisa qu’il avait dû travailler tard. Et, quand il s’était enfin couché, il avait dû avoir du mal à trouver le sommeil.

      C’était le matin. Riley, quant à elle, était en pleine forme. Elle avait dormi dans un lit confortable et ni les cauchemars, ni d’éventuels intrus n’avaient perturbé sa nuit. Elle avait eu bien besoin de ce repos. Lucy et le commissaire Alford semblaient également bien réveillés. Quant au médecin, c’était une autre histoire…

      – C’est aussi terrible que le meurtre de Marla Blainey, il y a cinq ans, dit Tooley. Pire, peut-être. Mon Dieu, après celui-là, j’avais espéré qu’on pourrait laisser tout ça derrière nous. Mais non.

      Tooley montra au groupe un gros plan de la nuque de la victime. Une blessure profonde et large était visible et les cheveux tout autour étaient maculés de sang.

      – Elle a reçu un coup qui a endommagé l’os pariétal, dit-il. Un coup assez violent pour fissurer le crâne et qui a probablement provoqué une commotion cérébrale, peut-être même un bref évanouissement.

      – Quel genre d’objet aurait pu être utilisé ? demanda Riley.

      – Etant donné l’état de l’os et des cheveux, je dirais une chaîne assez lourde. Marla Blainey portait la même trace au même endroit.

      Alford secoua la tête.

      – Ce type est à fond sur les chaînes, dit-il. Les journalistes le surnomment déjà « le tueur aux chaînes ».

      Lucy pointa du doigt un gros plan de l’abdomen.

      – Vous pensez qu’elle a été battue ? demanda-t-elle. Ces bleus sont très vilains.

      – Oui, ils sont vilains, mais elle n’a pas été battue, dit Tooley. Son corps a longtemps été comprimé par des chaînes très serrées et par sa camisole. Elle a passé beaucoup de temps dans un état de grande souffrance. Comme Marla Blainey.

      Le groupe se tut un moment, pour assimiler l’information.

      Enfin, Lucy dit :

      – Nous savons qu’il est petit et pas très costaud – et nous partons du principe que c’est un homme. Il a assommé les deux femmes d’un coup sec sur la nuque. Alors qu’elles étaient inconscientes ou sonnées, il les a chargées dans un véhicule.

      Riley hocha la tête en signe d’assentiment. Cela paraissait une bonne explication.

      – Comment a-t-elle été traitée pendant sa captivité ? demanda Alford.

      Tooley battit les photos comme des cartes pour retrouver les images du corps disséqué.

      – Très mal, dit-il. Je n’ai rien trouvé dans son estomac. Ni dans ses intestins. Il a dû la garder en vie en lui donnant de l’eau, mais il n’essayait pas de l’affamer. Cela lui aurait pris beaucoup plus de temps. Il essayait peut-être de l’affaiblir. Encore une fois, même chose pour Marla Blainey. La gorge tranchée, c’est ça qui a causé la mort.

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