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      Edmond Rostand

      Cyrano de Bergerac

      C’est à l’âme de CYRANO que je voulais dédier ce poème.

      Mais puisqu’elle a passé en vous, COQUELIN, c’est à vous que je le dédie.

E. R.

      Les Personnages

      CYRANO DE BERGERAC

      CHRISTIAN DE NEUVILLETTE

      COMTE DE GUICHE

      RAGUENEAU

      LE BRET

      CARBON DE CASTEL-JALOUX

      LES CADETS

      LIGNIÈRE

      DE VALVERT

      UN MARQUIS

      DEUXIÈME MARQUIS

      TROISIÈME MARQUIS

      MONTFLEURY

      BELLEROSE

      JODELET

      CUIGY

      BRISSAILLE

      UN FÂCHEUX

      UN MOUSQUETAIRE

      UN AUTRE

      UN OFFICIER ESPAGNOL

      UN CHEVAU-LÉGER

      LE PORTIER

      UN BOURGEOIS

      SON FILS

      UN TIRE-LAINE

      UN SPECTATEUR

      UN GARDE

      BERTRANDOU LE FIFRE

      LE CAPUCIN

      DEUX MUSICIENS

      LES POÈTES

      LES PÂTISSIERS

      ROXANE

      SŒUR MARTHE

      LISE

      LA DISTRIBUTRICE

      MÈRE MARGUERITE DE JÉSUS

      LA DUÈGNE

      SŒUR CLAIRE

      UNE COMÉDIENNE

      LA SOUBRETTE

      LES PAGES

      LA BOUQUETIÈRE

      La foule, bourgeois, marquis, mousquetaires, tire-laine, pâtissiers, poètes, cadets gascons, comédiens, violons, pages, enfants, soldats, espagnols, spectateurs, spectatrices, précieuses, comédiennes, bourgeoises, religieuses, etc.

      (Les quatre premiers actes en 1640, le cinquième en 1655.)

      Acte I – Une Représentation à l'Hôtel de Bourgogne

      La salle de l’Hôtel de Bourgogne, en 1640. Sorte de hangar de jeu de paume aménagé et embelli pour des représentations.

      La salle est un carré long ; on la voit en biais, de sorte qu’un de ses côtés forme le fond qui part du premier plan, à droite, et va au dernier plan, à gauche, faire angle avec la scène, qu’on aperçoit en pan coupé.

      Cette scène est encombrée, des deux côtés, le long des coulisses, par des banquettes. Le rideau est formé par deux tapisseries qui peuvent s’écarter. Au-dessus du manteau d’Arlequin, les armes royales. On descend de l’estrade dans la salle par de larges marches. De chaque côté de ces marches, la place des violons. Rampe de chandelles.

      Deux rangs superposés de galeries latérales : le rang supérieur est divisé en loges. Pas de sièges au parterre, qui est la scène même du théâtre ; au fond de ce parterre, c’est-à-dire à droite, premier plan, quelques bancs formant gradins et, sous un escalier qui monte vers des places supérieures, et dont on ne voit que le départ, une sorte de buffet orné de petits lustres, de vases fleuris, de verres de cristal, d’assiettes de gâteaux, de flacons, etc.

      Au fond, au milieu, sous la galerie de loges, l’entrée du théâtre. Grande porte qui s’entre-bâille pour laisser passer les spectateurs. Sur les battants de cette porte, ainsi que dans plusieurs coins et au-dessus du buffet, des affiches rouges sur lesquelles on lit : La Clorise.

      Au lever du rideau, la salle est dans une demi-obscurité, vide encore. Les lustres sont baissés au milieu du parterre, attendant d’être allumés.

      Scène I

      Le public, qui arrive peu à peu. Cavaliers, bourgeois, laquais, pages, tire-laine, le portier, etc., puis les marquis, Cuigy, Brissaille, la distributrice, les violons, etc.

      (On entend derrière la porte un tumulte de voix, puis un cavalier entre brusquement.)

      LE PORTIER, le poursuivant.

      Holà ! vos quinze sols !

      LE CAVALIER.

      J’entre gratis !

      LE PORTIER.

      Pourquoi ?

      LE CAVALIER.

      Je suis chevau-léger de la maison du Roi !

      LE PORTIER, à un autre cavalier qui vient d’entrer.

      Vous ?

      DEUXIÈME CAVALIER.

      Je ne paye pas !

      LE PORTIER.

      Mais…

      DEUXIÈME CAVALIER.

      Je suis mousquetaire.

      PREMIER CAVALIER, au deuxième.

      On ne commence qu’à deux heures. Le parterre

      Est vide. Exerçons-nous au fleuret.

      (Ils font des armes avec des fleurets qu’ils ont apportés.)

      UN LAQUAIS, entrant.

      Pst… Flanquin !…

      UN AUTRE, déjà arrivé.

      Champagne ?…

      LE PREMIER, lui montrant des jeux qu’il sort de son pourpoint.

      Cartes. Dés.

      (Il s’assied par terre.)

      Jouons.

      LE DEUXIÈME, même jeu.

      Oui, mon coquin.

      PREMIER LAQUAIS, tirant de sa poche un bout de chandelle qu’il allume et colle par terre.

      J’ai soustrait à mon maître un peu de luminaire.

      UN GARDE, à une bouquetière qui s’avance.

      C’est gentil de venir avant que l’on n’éclaire !…

      (Il lui prend la taille.)

      UN

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