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en mourir.

      CHAPITRE SIX

      Devin examinait – parmi les étranges objets que seul un mage possédait – une carte du royaume dans les appartements de Maître Grey tandis que le sorcier indiquait des points sur cette dernière.

      "Mes recherches ont permis d'identifier les lieux où reposent les fragments de l'Epée Inachevée. Un caveau familial dans les collines du grand nord, un sanctuaire à l'extérieur d'un village dans les terres au cœur du royaume," il indiquait un par un une demi-douzaine d'autres lieux.

      Devin essayait de comprendre. "Pourquoi disséminer les fragments d'une épée ?"

      "Il s'agit d'une arme de pouvoir, une arme trop dangereuse pour être laissée aux mains des hommes en temps de paix."

      "Y a-t-il eu des périodes de paix récemment ?" demanda Sire Twell le Planificateur à l'autre bout de la salle. Sire Halfin le Rapide se tenait à ses côtés, les deux Chevaliers d'Argent portaient une cuirasse sous leurs manteaux, leurs boucliers n'affichaient pas d’insigne distinctif. Sire Twell avait été blessé à la bataille mais paraissait bien portant. Sire Halfin se dandinait d'un pied sur l'autre, impatient de bouger.

      "Les guerres des hommes ne sont pas ce qui m'inquiète," affirma Maître Grey.

      "Alors qu'est-ce qui vous inquiète ?" demanda Devin. Non qu'il attende une réponse. Qui ne vint d'ailleurs pas.

      "Récupérer les fragments de l'épée est primordial," expliqua Maître Grey. "Beaucoup sont cachés à la vue de tous, d'autres dans des endroits plus… dangereux. Tu as prouvé grâce à l'épée forgée pour le mariage que tu sais travailler le métal de météorite."

      "Merveilleux," décréta Sire Halfin. "Voyager ensemble pour récupérer ce truc. Comme notre périple à la Baie de Cristal."

      "Sauf que cette fois, Rodry ne nous accompagnera pas," rétorqua Sire Twell, morose. "Est-ce bien nécessaire, magicien ?"

      Maître Grey opina du chef. "Vous ne poseriez pas la question si vous aviez vu ce que j'ai vu."

      "Mais justement, je vous la pose," reprit Sire Twell. "Vous comptez envoyer deux chevaliers en pleine zone de guerre."

      "J'en enverrais bien plus, si c'était en mon pouvoir," déclara Maître Grey. "Mais vous seriez suivis, si la chose venait à se savoir. Vous deux, plus Devin, serez plus discrets."

      Le chevalier soupira, sa réponse n'était manifestement pas ce à quoi il s'attendait. "Y êtes-vous suffisamment préparé ?"

      Maître Grey lui lança un regard étrange. "Depuis plus longtemps que vous ne pourriez l'imaginer, Planificateur. Mais si vous parlez dans l’immédiat… des chevaux, des provisions, des armes et de l'or vous attendent en bas. Tout ce dont vous pourriez avoir besoin."

      Ce qui rendit le chevalier, sinon heureux, du moins satisfait.

      Sire Halfin se tourna vers Devin. "Et toi ? Penses-tu que ce soit une bonne idée ? Fais-tu confiance au sorcier du roi ?"

      Devin ne savait pas trop quoi répondre à l'une ou l'autre de ces questions. Maître Grey n'était pas un homme qui inspirait confiance, donnait des réponses, agissait de manière inconsidérée, pas à la hauteur de ses prophéties insondables. Il savait que leur mission ne serait ni sûre, ni facile. Pourtant, il avait vu de ses yeux des choses qu'il n'aurait jamais dû voir, il avait lu certaines des réflexions de Maître Grey quant à cet enfant né sous la lune-dragon, élément vital. S'il était effectivement cet enfant, n'avait-il pas le devoir d'agir ?

      "Je pense que nous devons lui faire confiance," répondit Devin en tendant la main vers les autres. "Si cela peut aider le royaume, alors nous devons au moins essayer. Vous nous aiderez ?"

      Sire Halfin fut le premier à serrer la main de Devin. "Je le jure. Si non, à quoi serviraient les Chevaliers d'Argent ?"

      Sire Twell réfléchit un instant de plus et joignit sa main aux leurs. "Très bien. Je le jure. Mais j'ai une question : comment trouver ces fragments ?"

      "Devin saura qu'il s'agit du métal de météorite dès qu'il s'en approchera," déclara Maître Grey. "De plus…" il prit ce qui ressemblait à une carte, et l'étala devant lui. Elle représentait le royaume, montrait les fragments qu'il avait indiqués, mais il y avait autre chose… l'un d'entre eux se déplaçait.

      "La magie,“ dit Devin, admiratif et éternellement émerveillé, bien que sachant de quoi Maître Grey était capable.

      "La carte vous indiquera l'emplacement des fragments," dit le mage. "Elle devrait vous permettre de vous en approcher. Je suppose que celui en mouvement est en ce moment-même aux mains d'un marchand, qui le considère comme un vulgaire objet de pacotille."

      "Alors nous le récupérerons," promit Devin. "Et les autres avec."

      "Partez sans tarder, » décréta Maître Grey en posant la main sur l'épaule de Devin. "Il ne nous reste peut-être plus beaucoup de temps, tous combien nous sommes."

      "Je vous le jure," affirma Devin, avant de réfléchir un moment. "Mais j'ai d'abord une chose à faire."

***

      Devin s'approcha des appartements de Lenore, le cœur au bord des lèvres. Il n'était pas certain de pouvoir la voir, encore moins de pouvoir lui parler, ou… ou quoi ? Exprimer ce qu'il ressentait ? Tout lui dire, tout en sachant qu'elle était désormais une femme mariée ?

      Devin ne savait que faire, quoi dire, ni jusqu'où aller. Il savait simplement qu'il devait agir. Il s'était rendu en ses appartements, fait déjà étrange en soi. Ne devrait-elle pas être dans ceux de Finnal, maintenant qu'elle était sa femme ?

      Il fut d'autant plus surpris lorsqu'une tout autre princesse lui ouvrit la porte, une lance à la main, sur le point de l'embrocher.

      "Qui êtes-vous ?" demanda la Princesse Erin. "Que voulez-vous ?"

      "Tout va bien, Erin," répondit Lenore derrière elle. "C'est Devin, l'ami de Rodry. Laisse-le entrer."

      La Princesse Erin lui lança un méchant acéré, comme si elle s'attendait à ce que Devin sorte un couteau et attaque, mais finit par s'écarter.

      "Je suppose que vous pouvez entrer si vous êtes un ami de Rodry."

      Devin n'avait jamais vu l'intérieur des appartements, et demeura, l'espace d'un instant, déconcerté. Des rideaux de soie bleue drapaient les fenêtres d'un boudoir, Lenore lisait, assise sur un canapé, une silhouette vêtue d'une robe de bure se tenait légèrement à l'écart, le regard perdu dans le lointain. Devin trouva Lenore plus belle que jamais, la fragilité de ses traits de porcelaine emplis d'une détermination nouvelle suite à son enlèvement, ses cheveux presque noirs étaient désormais attachés dans un style plus simple qui lui convenait mieux encore que ses coiffures travaillées d'alors, fruits du talent de ses servantes, et ses yeux… des yeux que Devin aurait pu contempler éternellement.

      "Devin," elle lui tendit la main et l'attira afin qu'il s'asseye auprès d'elle. "C'est bon de vous revoir. Je ne pensais pas que vous viendrez jusqu'ici."

      "Ai-je le droit de venir jusqu’à vous ?" demanda Devin, perplexe. "Je … ne voudrais pas vous créer d'ennuis."

      Qu'un jeune homme de basse naissance rende visite à une princesse dans ses appartements était inhabituel. Il ne voulait pas risquer de mécontenter Lenore.

      "Non, je suis contente que vous soyez venu," répondit Lenore, le cœur de Devin bondit. "Je … j'espérais que vous viendriez, mais j'ai pensé que vous n'auriez peut-être pas le temps, Maître Grey vous donne fort à faire. Que vous m'aviez oubliée."

      "Je ne pourrais jamais vous oublier," s'exclama Devin, avant de se reprendre. "C'est … j'ai été fort occupé."

      "Travailler pour un sorcier doit être étrange. L'épée que vous avez forgé est d'ailleurs fort belle. Je suis persuadée que Rodry aurait…"

      Elle ravala le dernier mot, Devin acquiesça, Rodry n'était pas son frère mais il était toujours affecté par sa disparition. "Merci", dit-il, Lenore était

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