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      Copyright © 2020 by Morgan Rice. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright Aphelleon sous licence istockphoto.com.

      CHAPITRE UN

      La Reine Aethe s'agenouilla auprès de son mari et contempla sa silhouette inerte parmi ses larmes. En proie au chagrin elle avait perdu la notion du temps, le jour et la nuit ne faisaient plus qu'un, la nourriture que les serviteurs la suppliaient d’avaler avait un goût de cendres.

      La pièce était richement décorée, ornée de tentures murales et de meubles en bois précieux provenant de tout le Royaume du Nord. Les coupes en or et les soieries ne faisaient aucune différence. Tout était gris et mort depuis que Godwin reposait, immobile, dans son lit.

      "Quand se réveillera-t-il ?" demanda-t-elle au Docteur Jarran, qui se borna à secouer la tête et écarter ses doigts boudinés.

      "J'ai pansé ses blessures du mieux que j'ai pu. Pour le reste, je regrette, je ne détiens pas la réponse."

      "Alors à quoi servez-vous ?" demanda la Reine Aethe, son chagrin se muait en colère, désormais son seul réconfort. "Vous avez échoué à guérir ma fille. Vous ne pouvez pas soigner mon mari. A quoi servez-vous ? Sortez ! Retournez à vos incisions de furoncles et vos points de suture !"

      Des mots durs, mais la vie était dure. Le monde était devenu un univers peuplé d'ombres inquiétantes qui la vidaient de ses forces, lui rendait la vie difficile. Personne ne pouvait réconforter Aethe en pareils moments. Bien que son époux soit entouré de serviteurs et de gardes, Aethe se sentait aussi seule qu’abandonnée en pleine nature.

      "Pourquoi personne ne peut l'aider ?" se demandait-elle, agenouillée près du lit, mais sa question demeura sans réponse. Personne n'osa. Une folle pensée germa dans son esprit. "Où est Maître Grey ?"

      C'était peut-être une question à laquelle personne ne pouvait répondre. Qui savait où se trouvait le mage, ce qu'il ferait ? Au prix d'un grand effort Aethe s’afficha à l'une des fenêtres de la chambre, elle fixa la tour qui flanquait le château, essayant de l'apercevoir. Bien sûr, il n'y avait personne, personne n'était là pour sauver Godwin.

      Elle contempla Royalsport en contrebas. Le cours d’eau sinueux de la cité était désormais à marée haute, la scindant en une multitude d'îles, chacune abritant un quartier d'habitation. Une muraille ceinturait la majeure partie de la cité mais une partie s'étendait à l'extérieur, tel le ventre d'un homme enrobé débordant de sa ceinture. Des maisons insalubres flanquaient les murs d'enceinte et s'étendaient jusque dans la campagne. Les grandes Maisons surplombaient la cité : l'imposante Maison des Marchands jouxtait le marché, la Maison des Soupirs avec ses couleurs vives régnait sur le quartier des plaisirs, la Maison des Lettrés dont les flèches s'élevaient en spirales, et la Maison des Armes dont les fours crachaient de la fumée, forgeant des armes qui engendreraient la violence.

      Depuis son poste d’observation, Aethe pouvait déjà voir les signes de cette violence, les chevaliers et les soldats qui campaient à l'extérieur de la cité, la foule dans les rues comptaient encore plus d'hommes violents que d'habitude. Des hommes de la noblesse et les soldats du roi, les ducs ou comtes disposaient de douzaines d'hommes à lui prêter, soumis à sa volonté.

      Aethe tourna le dos ; ce spectacle lui était insupportable. Elle ne supportait plus rien.

      "Réveille-toi, mon époux," dit-elle à voix basse en retournant près du lit. "Ton royaume a besoin de toi." Elle se pencha et déposa un baiser sur son front. "J'ai besoin de toi."

      Son mari n'était plus l'homme de jadis, l'âge avait fait grisonner ses cheveux, ses muscles s'étaient empâtés. Aethe y était habituée, elle s'était faite à ces changements, les rides et les cheveux gris avaient modifié son apparence. Non, il était d'une pâleur mortelle, le teint presque aussi gris que sa barbe, son souffle, erratique. Le voir ainsi était au-dessus de ses forces.

      Atrocement douloureux. Elle ne le supporterait pas davantage.

      "Ne meurs pas. Rodry… ton fils est mort, Godwin." Aethe ne s'était jamais beaucoup préoccupée des fils de Godwin, ils lui rappelaient son premier mariage et combien il avait aimé sa première femme. Mais Rodry était le meilleur. Greave était étrange, obsédé par ses livres, quant à Vars … Aethe frissonna. "Quant à mes filles, Nerra est partie, et Erin guerroie comme un homme."

      Ils avaient au moins sauvé Lenore. Elle était de retour, saine et sauve et mariée, elle qui n'aurait jamais dû être en danger, capturée. Aethe espérait simplement que son mariage avec Finnal serait heureux ; elle avait confiance, malgré la crise de nerfs de sa fille le jour de ses noces.

      Mais il leur faudrait affronter la menace du Royaume du Sud. Aethe était convaincue qu'aucune armée ne pouvait traverser les eaux tumultueuses de la Slate, mais on disait que l'ennemi arrivait par l'est, via l'Ile de Leveros.

      "Je t'en supplie, réveille-toi," dit-elle en prenant la main de Godwin. "Je redoute ce qui risque de nous arriver si tu ne te réveilles pas."

      "Il n'y a rien à craindre," lança une voix depuis le seuil de la porte. "En tant que régent, j'ai la situation en main."

      La Reine Aethe se retourna en entendant Vars pénétrer dans la pièce.

      Le fils de son époux ne ressemblait en rien à un roi. Il portait une couronne d'or, plus petit que son mari, plus faible d’apparence, les cheveux d’un brun terne, les traits grossiers. Ses vêtements étaient certes raffinés mais Aethe aperçut des taches de vin. Pire encore, elle n'avait jamais aimé Vars. Godwin n'aurait assurément jamais voulu qu'il règne à sa place.

      "Comment en sommes-nous arrivés là ?" demanda Aethe, sachant que Vars partagerait son chagrin, même s'ils ne partageaient presque rien d'ordinaire. "Ma fille a été emmenée vers le sud, ton frère a été tué ? Ton père est tombé au moment où le Royaume du Sud nous attaque ? Pourquoi ?"

      Ce dernier point décupla le chagrin de Aethe. Que son mari soit tombé au combat était déjà suffisamment grave, mais que tout arrive en même temps, c'en était trop. Comme si on l'avait anéantie, détruisant tout derrière elle. Vars parut ébranlé à l'évocation de tous ces malheurs.

      "Il est impossible de juger," dit Vars. À la surprise d'Aethe, il se plaça à côté d'elle et posa une main sur son épaule. "Je soupçonne que tout a été manigancé par le Royaume du Sud. Oui, s'il y a quelqu'un à blâmer, c'est bien eux."

      "Je leur en veux," rétorqua Aethe, elle bouillait de rage, d'un feu qui la consumerait pourvu qu'elle donne libre cours à sa colère. "Je les rayerais de la carte après tout ce qu'ils ont fait si c'était en mon pouvoir !"

      "Des êtres haïssables," affirma Vars.

      "Tuer ton frère, kidnapper ta sœur…"

      "Oui. Elle a heureusement épousé Finnal."

      "Effectivement," répondit Aethe, quelque peu soulagée. Lenore avait les nerfs à vif avant le mariage mais

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