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les deux une espèce d'emblème ou de marque sur le visage.

      A quelques mètres de là, Lojab sortit des broussailles. Il enleva son casque et fit une révérence, puis se redressa et sourit à la blonde.

      “Bonjour madame. Je crois que j'ai perdu ma Porsche. Pouvez-vous m'indiquer le chemin jusqu'au McDonald’s le plus proche?”

      Elle sourit mais ne dit rien. Il la regarda bouger d'avant en arrière avec un balancement ondulatoire souple et fluide, parfaitement synchronisé avec les mouvements de son éléphant, dans une sorte de danse érotique entre la femme et la bête. Lojab suivait l'animal en marchant à côté de lui, mais il s'aperçut ensuite qu'il devait trottiner pour pouvoir suivre.

      “Où allez-vous comme ça mesdames? On pourrait peut-être se retrouver ce soir pour prendre une ou deux bières, ou bien cinq.”

      Elle dit trois ou quatre mots, mais il ne put rien comprendre. Puis son attention se porta à nouveau sur la piste devant elle.

      “OK.” Il s'arrêta en milieu de file et la regarda tendre le bras pour écarter une branche du passage. “On se retrouve là-bas , vers huit heures.”

      “Lojab.” dit Karina en s'avançant jusqu'à ses côtés. “Tu es vraiment pitoyable.”

      “Comment ça? Elle m'a dit de la retrouver ce soir au bar-grill Chez Joe.”

      “Ah ouais, d'accord. Dans quelle ville? Kandahar? Karachi? New Delhi?”

      “T'as vu leurs tatouages?” demanda Joaquin.

      “Ouais, sur le visage.” dit Kady.

      Joaquin hocha la tête. “On aurait dit une fourche de diable avec un serpent, ou un truc du genre.”

      “Eléphant à l'approche,” dit Kawalski.

      “Est-ce qu'il faut se mettre à couvert, Mon adj’?”

      “A quoi bon?” dit Alexander.

      Le troisième éléphant était monté par un jeune homme. Ses longs cheveux d'un blond roux étaient attachés sur la nuque par un lacet de cuir. Il était dénudé jusqu'à la taille, et on voyait ses muscles saillants. Il regardait les soldats et  portait dans le dos un arc et un carquois rempli de flèches exactement comme les femmes.

      “Je vais voir s'il comprend un peu l'espagnol.” dit Karina en ôtant son casque. “Cómo se llama?”

      Le jeune homme l'ignora.

      “A qué distancia está Kandahar?” Elle regarda  l'adjudant Alexander. “Je lui ai demandé à combien on était de Kandahar.”

      Le dresseur d'éléphant dit quelques mots, mais qui semblaient davantage s'adresser à son animal qu'à Karina.

      “Qu'est-ce qu'il a dit, Karina?” demanda Lojab.

      “Oh, juste qu'il pouvait pas s'arrêter pour discuter maintenant : il avait rendez-vous chez le dentiste ou un truc du genre.”

      “Ah ouais, d'accord.”

      “Y a encore d'autres éléphants en chemin,” dit Kawalski.

      “Combien?”

      “Tout un troupeau. Trente ou plus. Faudrait peut-être dégager le passage. Ils sont dispersés.”

      “Entendu,” dit Alexander, “Tout le monde de ce côté-ci de la piste. On reste groupés.”

      La section ne chercha pas à se mettre à l'abri pour regarder passer les éléphants. Les animaux ignorèrent les soldats tout en attrapant des branches d'arbre avec leur trompe et en les mâchant en chemin. Certains animaux étaient montés par des cornacs tandis que d'autres avaient leur dresseur qui marchait à côté. Quelques éléphants plus petits suivaient le troupeau, sans personne pour s'en occuper. Tous s'arrêtaient à l'occasion pour arracher des touffes d'herbe et les manger.

      “Dis-donc, Sparks,” dit Alexander.

      “Ouais, Mon adj’?”

      “Essaie d'avoir Kandahar sur ta radio.”

      “J'ai déjà essayé,” dit Sparks. “Ca n'a rien donné.”

      “Ré-essaye.”

      “D'accord.”

      “Est-ce que t'as essayé ton GPS T-DARD pour voir où nous sommes?”

      “Mon T-DARD a pris du retard. Il croit qu'on est sur la Côte d'Azur.”

      “Ah ouais, la Côte d'Azur? Ce serait sympa.” Alexander regarda ses hommes autour de lui. “Je sais bien les gars qu'on vous a donné l'ordre de laisser vos portables au camp, mais est-ce que par le plus grand des hasards l'un d'entre vous en aurait emporté un?”

      Ils sortirent tous leurs portables.

      “Doux Jésus!” dit Alexander en secouant la tête.

      “Et en même temps ça vaut mieux, Mon adj’.” dit Karina en relevant son casque et en collant le téléphone à son oreille. “Avec la radio et le GPS qui déconnent, comment est-ce qu'on ferait sinon pour savoir où on est?”

      “Ca ne passe pas.” Paxton tapa son téléphone contre un arbre et recommença.

      “C'est sans doute que t'as pas payé ta facture.” dit Karina en tapant un SMS avec les pouces.

      “Je n'ai rien,” dit Joaquin.

      “Je fais le 9-1-1,” dit Kady. “Ils sauront bien où nous sommes.”

      “T'as pas besoin d'appeler le 9-1-1, Sharakova,” dit Alexander. “C'est pas une urgence, du moins pas encore.”

      “On est trop loin des relais,” dit Kawalski.

      “Eh bien,” dit Karina, “ça nous dit où on n'est pas.”

      Alexander la regarda.

      “On ne peut pas être sur la Côte d'Azur, ça c'est sûr. Il doit y avoir soixante-dix relais tout du long de cette partie de la côte méditerranéenne.”

      “Oui, c'est ça,” dit Joaquin. “On est dans un coin tellement paumé qu'il n'y a pas un relais à moins de quatre-vingt kilomètres.”

      “Ca pourrait être n'importe où dans quatre-vingt dix pour cent de l'Afghanistan.”

      “Mais ces quatre-vingt dix pour cent n'ont jamais ressemblé à ça,” dit Sharakova, en agitant la main vers les grands pins.

      Derrière les éléphants venait tout un convoi de chars à boeufs chargés de paille et de grandes jarres en terre cuite remplies de céréales. La paille était empilée très haut et liée par des cordages d'herbe. Chaque charrette était tirée par deux petits boeufs, à peine plus grands que des poneys Shetland. Ils avançaient en trottant à bonne allure, conduits par des hommes qui marchaient à côté.

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      Il fallut aux charrettes de paille vingt minutes pour passer. Elles furent suivies par des hommes sur deux colonnes, lesquels portaient tous de courtes tuniques de couleurs et de styles différents, avec des jupes de protection en épaisses lanières de cuir. La plupart étaient nus jusqu'à la taille, et tous étaient musclés et sérieusement couverts de cicatrices. Il portaient des boucliers en peau d'éléphant.

      Leurs épées à double tranchant, d'environ deux mètres de long, étaient légèrement recourbées.

      “Ca a l'air d'être des durs,” dit Karina.

      “Oui,” dit Kady. “Est-ce que ce sont de vraies cicatrices?”

      “Dites donc, Mon adj’,” dit Joaquin.

      “Ouais?”

      “Avez-vous remarqué qu'aucun de ces gens n'a la moindre peur de nos armes?”

      “Ouais,” dit Alexander en regardant défiler les hommes.

      Ces soldats étaient au nombre de deux cents environ, et ils étaient

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