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l'insistance de Lenora. Il n'avait pas été au bon endroit, et n’y avait toujours pas vraiment été, pour faire la cour à une dame de naissance noble. Mais, il voulait le faire. Evelina ferait une princesse parfaite. Elle était d’une lignée exceptionnelle, mais surtout, elle était gentille, généreuse, et avait la trempe pour rivaliser avec les guerrières les plus féroces.

      Elle ne s’était probablement pas rendu compte qu'il avait remarqué la manière dont les dames la traitaient. Elle leur avait été invisible jusqu'à cette danse. Luca s'était senti mal pour elle, mais il ne pouvait pas faire grand-chose. S'il lui accordait plus d'attention, les langues vicieuses de ces dames n'auraient fait que s'enfoncer davantage. La seule façon de la protéger était de se tenir à l'écart d’elle. Et pour lui, cela avait été un véritable supplice. Son petit oiseau avait besoin de lui. Elle avait été blessée par ses actions ou plutôt par son inaction, peut-être par les deux…

      Lulia était intervenue là où il lui était impossible de le faire. Il lui devait beaucoup pour cela. Sur ses conseils, Evelina avait pris son envol. Elle gardait la tête haute et faisait fi des rumeurs malveillantes. Il en avait été si fier. Il fut encore plus fier lorsqu'il était entré dans la salle d’escrime et avait vu la manière dont elle s'en sortait dans ses cours. En quelques mois, elle avait fait d’énormes progrès. Bientôt, elle pourrait même damer le pion à son professeur.

      Puis elle s'était évanouie…

      Il avait à peine pu traverser la pièce à temps pour l'empêcher de chuter. Luca n'aurait jamais dû annoncer sa présence. Cela l'avait effrayée. Et si elle était tombée sur le sol… ? Il respira profondément et se souvint qu'elle n'avait vraiment pas touché le sol. Heureusement, d’un mouvement à point nommé de ses longues jambes, il l'avait protégée avant qu'elle ne touche le sol. Maintenant même, il la tenait dans ses bras. Il ne cessa de se rassurer et de se dire qu'elle allait bien. Qu'elle n'avait pas souffert de son imprudence.

      ‘‘Vous devriez probablement l'allonger’’, dit Lulia.

      Luca leva le regard et fronça les sourcils. C'était un bon conseil, mais il se trouva incapable de l’appliquer. ‘‘Pourquoi a-t-elle perdu connaissance ?’’

      ‘‘Je crois que c'était une combinaison d’évènements…’’ Lulia posa sa main sur l’épaule de Luca et lui dit. ‘‘Luca, pose la fille.’’

      Luca secoua la tête. Il leva sa main libre et poussa une de ses boucles châtaines derrière son oreille. Il aurait tellement voulu demander à Evelina d'ouvrir les yeux, pour qu’il puisse retourner dans leurs profondeurs vertes. Il l'avait adorée de loin depuis trop longtemps. Il devait faire quelque chose pour mettre fin à son obsession pour son ange. ‘‘Dites-moi ce qui s’est passé selon vous.”

      Lulia poussa un soupir exaspéré. ‘‘Elle avait le corps trop froid et trop chaud, puis elle était trop effrayée. C'est cela qui a provoqué cet incident.’’

      Il fronça les sourcils. ‘‘Je ne comprends pas.’’

      ‘‘Quand elle est entrée, elle avait le corps gelé. Ses lèvres étaient bleues et son visage d'un blanc éclatant. Elle aurait ressemblé au paysage gelé de l'extérieur. La seule chose qui lui aurait permis de se faire distinguer était son manteau rouge foncé.’’ Elle commença à ranger le matériel d'escrime. ‘‘Puis elle est rentrée, et la chaleur l'a frappée rapidement et durement. Je peux dire qu'elle avait du mal à respirer, à s'adapter, mais elle a insisté sur le fait qu'elle était prête pour le cours. Cette fille se pousse trop fort. Même avec tout ça, je pense qu'elle s’en serait bien sortie, mais vous êtes entré ensuite et vous avez ruiné tous ses efforts.’’

      ‘‘Alors, c'est de ma faute ?’’ demanda-t-il. La culpabilité le transperça. Il avait eu raison. Il aurait dû rester dans l'autre pièce et attendre qu'elle parte. Il avait été attiré dans la pièce, incapable de rester loin plus longtemps. Son Evelina était là. Il devait être près d'elle.

      ‘‘En partie’’, reconnut Lulia. ‘‘En grande partie, elle est responsable de son état actuel. Si elle avait attendu un peu plus longtemps, votre présence ici n'aurait rien changé. Donnez-lui juste un peu de temps, elle reviendra à elle.’’

      Il fit tournoyer une boucle rouge de son doigt, fasciné par la douceur et la beauté de cette boucle, fasciné par la douceur et la beauté d’Evelina. Luca n'était pas un imbécile. Il l'aimait, il l'avait aimée depuis le début. Il devait faire quelque chose maintenant qu'il l'avait acceptée. Il lui ferait la cour. Il la ferait sienne en vérité. Elle était attirée par lui, au moins. Cela lui donna quelque chose à faire.

      ‘‘Êtes-vous sûre qu'elle ira bien ?’’

      ‘‘Oui’’, insista Lulia. Elle regarda Luca. ‘‘Vous vous êtes enfin décidé, n'est-ce pas ?’’ Ses lèvres s'enroulèrent d’un sourire astucieux. ‘‘Vous aurez besoin de mon aide.’’

      Il acquiesça de la tête. ‘’Je l'ai fait, et je le ferai.’’

      Lulia allait véritablement l'aider à faire la cour à Evelina. Grâce à elle, il a pu tout apprendre sur Evelina. C'était un peu comme un harceleur, mais elle devait grandir un peu. Si elle avait une chance de régner à ses côtés, elle devait laisser sa timidité derrière elle. Quand elle était princesse, elle pouvait revenir et faire manger leurs paroles à toutes ces méchantes salopes. Il s’en réjouissait lui aussi. Elles n'étaient pas dignes d'elle.

      ‘‘Alors, revenez ce soir. Il y a un bal de Noël ici, chez les Fortuna. Il y aura de nombreuses occasions de lui parler, peut-être même de lui voler un baiser ou deux.’’

      Il leva un sourcil. ‘‘N'y aura-t-il pas trop de monde ?’’ Il ne voulait pas la ruiner, il voulait l'épouser.

      "Personne ne jasera sur vous’’, sourit-elle méchamment. ‘‘D'ailleurs, j'ai bien l'intention de faire en sorte que cet endroit soit couvert de verdure.’’ Ses yeux brillaient de malice. ‘‘Que serait la fête de Noël sans un peu d'amour et d’épines pour nous accompagner dans les froides nuits à venir ?’’

      Luca sourit et allongea Evelina. ‘‘Je reviendrai plus tard. Je viendrai veiller à ce qu'on s'occupe d'elle.’’

      ‘‘Tu n'as pas besoin de me le demander’’, dit-elle. ‘‘Elle compte pour moi aussi.’’

      Sur ce, Luca laissa Lulia seule. Il avait beaucoup de choses à prévoir pour ce soir-là. Luca allait faire la cour à son ange. Il ne faisait que prier pour qu'elle accepte d'être sienne. Si elle disait non, il n'était pas sûr de pouvoir supporter de la perdre.

      CHAPITRE 3

CHAPITRE TROIS

      À coups de battements, les paupières d'Evelina s’ouvrirent. Il lui fallut un moment pour que la pièce se mette au point. Elle était allongée sur le parquet de la pièce du fond, dans le Salon de Fortuna. Au début, elle ne se rappela pas comment elle s’était retrouvée là. Puis elle s’en souvint. Le froid, la marche, la chaleur, puis… Luca. Le prince avait été dans la pièce. Elle se leva d'un coup et balaya la pièce du regard. Il était introuvable. En fait, elle était seule. Où était allée Lulia ? Pourquoi la Duchesse l'aurait-elle laissée étendue sur le sol de la salle d'escrime ? Que devait faire Evelina ? Devrait-elle partir et prétendre que rien n’est arrivé ? Elle avait tant de doutes et ne trouvait aucune réponse à ses questions.

      ‘‘Ah’’, dit Lulia en entrant dans la pièce. ‘‘La belle au bois dormant est prête à se réveiller et à embrasser le monde qui l'entoure. Comment te sens-tu petite souris ?’’

      ‘‘Comme si quelqu'un m’avait frappé la tête avec mille petits marteaux.’’ Elle retint son souffle. Evelina était reconnaissante que le prince soit parti. Elle détestait qu'il l'ait vue si indisposée. Que doit-il penser d'elle ? Elle ne se souvenait pas d'avoir été aussi gênée.

      ‘‘Ça passera’’, dit Lulia avec dédain. ‘‘Viens maintenant te remettre sur pied. Nous avons beaucoup de travail devant nous. Tu

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