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de Beitris résonnaient partout. Ils devinrent de plus en plus forts lorsqu’ils s’approchèrent de la chambre. Sorcha entra et prit une inspiration. Les joeus de Beitris étaient livides et sa peau était trempée de sueur. Elle haletait lourdement et ne remarqua même pas quand ils entrèrent.

      « Beitris. », dit Sorcha doucement. « Comment te sens-tu ? »

      Elle tourna la tête pour rencontrer le regard de Sorcha. Ses yeux vert foncé normalement vibrants avaient maintenant une teinte terne qui ressemblait à une tache de mousse sale. Elle ne parlait pas et n’essayait même pas de parler alors qu’elle continuait à regarder Sorcha. Sa tête se retourna et elle perdit conscience. « Oh, ce n’est pas bon du tout. »

      C’était pire qu’elle ne le craignait. Les draps étaient tachés de sang et les chances de survie de Beitris diminuaient à chaque seconde qui passait. L’enfant pourrait être sauvé cependant. Si seulement elle pouvait la réveiller.

      « Beitris. », dit Sorcha en lui tapotant légèrement la joue. « Peux-tu ouvrir tes yeux ? »

      Elle gémit et ouvrit lentement ses paupières. « Je pense que je peux le faire. »

      « Je le sais. », répondit Sorcha. « Si tu veux que l’enfant vive, tu dois le pousser vers l’extérieur. Es-tu prête ? »

      Elle secoua la tête. « Je ne peux pas. »

      Sorcha vérifia si le garçon était prêt à venir. La tête semblait bloquée, elle la décolla légèrement pour aider Beitris. Elle était si proche et ne s’en était même pas rendu compte. Pourquoi le vicaire n’avait-il pas fait venir une sage-femme ou même Sorcha plus tôt ? Avait-il vraiment pensé que sa femme pourrait le faire seule ? « Pousse l’enfant. », ordonna Sorcha.

      Les larmes coulèrent des yeux de Beitris, trempant ses joues encore plus qu’elles ne l’étaient déjà. « Je ne peux pas. », insista-t-elle. « Maintenant. », lui dit Sorcha. « Tu dois le faire ou tu perdras l’enfant. »

      Elle ne lui dit pas que l’enfant risquait de mourir ou que sa propre vie était en jeu. Tout d’abord, l’enfant devait venir au monde, puis le reste pourrait être laissé pour prière. Beitris commença à réagir à sa demande et gémit lorsqu’elle expulsa l’enfant de son corps. Sorcha le libéra et son inquiétude grandit. L’enfant ne pleura pas et n’ouvrit pas les yeux.

      « Quelque chose ne va pas ? », demanda Beitris. « Est-ce que j'ai un fils ou une fille ? »

      Elle voulait annoncer la bonne nouvelle, elle avait un fils, mais elle craignait de devoir lui donner de mauvaises nouvelles. « Il ne respire pas. »

      « Fais-le respirer. », demanda Beitris, le ton rempli de panique. Elle fit un geste vers le bébé. « Donne-le moi. »

      Sorcha le nettoya et l’enveloppa dans une petite couverture puis le remit à Beitris. Elle aurait dû pouvoir la voir l’allaiter même s’il n’avait pas eu la moindre chance. Le vicaire aurait dû réagir plus vite. Peut-être aurait-elle alors pu sauver le bébé.

      « C’est de ta faute. », déclara Beitris. « Il aurait vécu sans ton insistance à vouloir le faire sortir. Il avait besoin de plus de temps. »

      L’angoisse et le chagrin de Beitris s’abattirent sur elle, faisant trébucher Sorcha alors que les émotions la frappaient de plein fouet. Elle chercha quelque chose pour stabiliser son équilibre, mais ne trouva rien. Si elle ne trouvait pas son souffle rapidement, elle risquait de perdre conscience. « Je ne pense pas. »

      « Femme, ça va ? », demanda Tamhas Gall à sa femme alors qu’il entrait dans la pièce. « Est-ce que c'est fait ? » Il avait une expression de pierre sur le visage. Fini l’homme inquiet qui était venu la chercher plus tôt. Cet homme se trouvant devant elle ne lui ressemblait pas du tout. Comment une personne pouvait-elle être un tel mélange d’émotions contraires ? Le vicaire était si cruel qu’il l’avait presque écrasée. N’avait-il pas pris soin de sa femme et de son enfant ? Il se dirigea vers Beitris et prit l’enfant emmailloté dans ses bras. « Pourquoi ne pleure-t-il pas ? »

      « Elle l’a tué. », accusa Beitris, complètement hystérique en criant. « Il n’a jamais eu sa chance. »

      Tamhas mit le garçon dans les bras de Beitris. « Je n’aurais jamais dû aller chercher de l’aide. Tu es une sorcière comme le disent les rumeurs. Tu vas payer pour tes péchés. » Sa voix était à la fois accusatoire et méprisante. Ses yeux se rétrécirent en minuscules fentes. De la malveillance s’en échappait par vagues alors qu’il avançait.

      Il prit une casserole et la lança sur Sorcha. Le coup lui tomba sur le visage. Les os de son nez se fissurèrent sous l’impact, et son visage devint humide de son propre sang. La pièce tourna autour d’elle et elle perdit tout contrôle. Les émotions dans la pièce l’envahirent et – avec le coup physique – l’affaiblirent. La noirceur prit le dessus, laissant une proie facile à l’homme qui risquait de la tuer.

      CHAPITRE DEUX

      Caitrìona eut des visions quand elle les attendait le moins. Parfois, elle comprenait leur signification, et d’autres étaient si obscures qu’elle ne pouvait que deviner. La plupart du temps, elles appartenaient à l’avenir, mais de temps en temps, c’était des bribes du passé, comme si un être supérieur essayait de l’empêcher de faire la même erreur que quelqu’un autre. Quoi qu’il en soit, Caitrìona Dalais Guaire avait toujours pris au sérieux ce qui lui était montré.

      Ainsi, alors qu’elle était assise dans son cottage avec les petites jumelles, brodant dans la luminosité de la fin de l’après-midi, elle s’immobilisa pour prendre note de celle qui la traversait. La vision consistait plutôt en une série de flashs qui n’avaient aucune signification pour elle. La première concernait sa chère soeur, Sorcha, avec un bébé dans ses bras. La chambre était inconnue, mais les autres occupants étaient le vicaire et sa femme ; cependant, cettee vision n’avait aucun sens pour elle.

      La suivante se situait dans la forge de son mari. Caitrìona se tenait au milieu, le soleil se couchant à l’horizon, et elle portait la même robe que celle qu’elle avait actuellement, suggérant qu’un évènement se passerait plus tard dans la journée. Elle leva les yeux quand quelqu’un s'approcha, le poing prêt à frapper. La douleur du coup la traversait même dans la vision. Ça faisait mal, mais elle pensait que la douleur était atténuée à cause de l’état de vision. Si cela arrivait vraiment, elle perdrait probablement conscience. Si elle pouvait l’empêcher, elle le ferait.

      La vision suivante était celle de son mari. Il se tenait à la périphérie du terrain menant au manoir de Dalais. Une foule de villageois en colère descendaient sur elle. Des torches éclairaient le ciel nocturne alors qu’ils frappaient à la porte. Son frère, Niall, ouvrit grand la porte et s’adressa à la populace rassemblée à l’extérieur. Peu de temps après, ils l’emmenaient. Son frère ne les combattit pas et sembla accepter son destin.

      La peur se répandit dans son ventre comme une traînée de poudre, dévorant tout sur son passage. Si cela devait arriver… Elle déglutit difficilement alors que la prochaine image la traversait. C’était Ailis. Elle était accroupie dans une cave cachée du manoir de Dalais. Elle tenait Lachlan et les jumelles dans ses bras. Une larme silencieuse coula sur sa joue. Ailis leva la main et l’essuya. Elle se pencha et embrassa la joue de chaque enfant en leur murmurant quelques mots. Elle leva un doigt sur sa bouche, peut-être pour les convaincre de se taire. Ils se cachaient certainement de quelqu’un.

      Le pourquoi de tout cela n’avait aucun sens pour elle. Caitrìona ne comprenait pas les raisons pour lesquelles la foule avait emporté son frère. Ailis avait eu l’air tellement terrifiée lorsqu’elle avait levé les yeux sur le loquet fermé de la cave. La foule était-elle après elle et les petits ? Qui les protégerait ? À ce moment, elle comprit exactement ce qu’elle devait faire. Toutes les images, à l’exception de celle de Sorcha, se passaient plus tard dans la journée. Sorcha devait être une vision du passé et le reste de l’avenir.

      Elle pourrait faire quelque chose pour aider son frère et

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