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La police locale a-t-elle demandé à visionner les vidéos de sécurité ? demanda Mackenzie. J’ai remarqué au moins deux caméras sur les côtés de l’immeuble quand nous sommes arrivés.

      - Quelqu'un y travaille justement au moment où nous parlons, répondit Wheeler. D’après ce qu’on m’a dit il y a environ deux heures, il n’y avait rien de particulier sur les enregistrements. Mais vous pouvez vérifier par vous-mêmes, bien entendu.

      - Nous vous prendrons sûrement au mot, lança Mackenzie en sortant de la cuisine pour entrer dans le salon.

      Christine semblait avoir vécu une vie très rangée. Sa petite bibliothèque sur le mur droit du salon était bien organisée, les livres – des biographies et des vieux manuels de sciences politiques pour la plupart – étaient rangés par ordre alphabétique. Il y avait quelques photos placées çà et là sur les deux tables basses et accrochées aux murs. La plupart étaient des portraits de Christine et d’une femme qui devait être sa mère.

      Mackenzie avança ensuite jusqu’à la chambre et observa les alentours. Le lit était fait et le reste de la pièce était aussi impeccable que le salon. Les quelques objets qui traînaient sur la table de chevet et le bureau révélaient très peu de choses : des stylos, de la petite monnaie, un chargeur d’iPhone, le tract de campagne d’un homme politique local, un verre avec un fond d’eau. Il était évident que rien de physique n’avait eu lieu dans cette chambre la nuit où Christine avait été tuée.

      Cela suscitait beaucoup de questions et de conclusions, parmi lesquelles Mackenzie essayait de faire le tri tout en revenant dans la cuisine.

      Quelqu'un l’a retrouvée ici alors qu’elle rentrait de chez son petit ami. S’attendait-elle à cette visite ou l’avait-elle prise par surprise ?

      Le fait que son corps ait été découvert dans son appartement et qu’elle ne porte pas de T-shirt signifiait probablement qu’elle avait invité le tueur à entrer – que sa visite soit une surprise ou non. L’avait-elle invité à entrer sans avoir la moindre idée du danger qu’elle courait ?

      Lorsqu’elle arriva dans la cuisine, Ellington prenait des notes tout en parlant avec l’adjoint Wheeler. Ellington et elle échangèrent un regard et un hochement de tête. C’était l’une des nombreuses manières qui montraient qu’ils étaient sur la même longueur d’onde au travail – un langage non verbal qui leur évitait de nombreuses interruptions et moments de malaise.

      - Eh bien, adjoint Wheeler, je pense que nous disposons des éléments nécessaires, lança Ellington. Par hasard, étiez-vous également présent sur la scène du crime de Jo Haley il y a quelques jours ?

      - Non. Mais je connais assez bien le dossier pour vous aider si vous en avez besoin.

      - Génial. Nous n’hésiterons pas à vous contacter en cas de nécessité.

      Wheeler parut satisfait de cette réponse, il leur sourit à tous les deux tandis qu’ils sortaient de l’appartement de Christine Lynch. À l’extérieur, Mackenzie regarda en direction du trottoir, où presque toutes les indications qu’il avait neigé avaient disparu. Elle sourit faiblement en réalisant qu’Ellington et elle étaient probablement sur le point de se marier au moment où cette pauvre fille avait poussé son dernier souffle.

      Christine Lynch n’aura pas la chance de vivre un mariage ou d’avoir un époux, pensa Mackenzie. Cette idée provoqua une vague de tristesse en elle – une tristesse qui s’approfondit lorsqu’elle réalisa qu’il y avait aussi un autre rite de la féminité que Christine ne connaîtrait jamais.

      Submergée par le chagrin, Mackenzie posa une main sur son ventre qui s’arrondissait à peine, comme pour protéger ce qu’il renfermait.

      ***

      Après avoir passé un appel au bureau, Mackenzie et Ellington découvrirent que le compagnon de Christine était aussi un étudiant de Queen Nash, âgé de vingt-deux ans. Il travaillait à mi-temps dans un service de santé publique pour acquérir de l’expérience et préparer la carrière qui suivrait l’obtention de son diplôme de santé publique. Ils ne le trouvèrent pas au travail mais chez lui, apparemment bien plus affecté par la mort de Christine que la moyenne des petits amis.

      Lorsqu’ils arrivèrent dans son appartement, Clark Manners était occupé à nettoyer machinalement ce qui était déjà un logement rutilant de propreté. Il était évident qu’il n’avait pas bien dormi récemment : ses yeux étaient vitreux, il marchait comme si une force inconnue le propulsait. Pourtant, il sembla enthousiaste lorsqu’il les invita à entrer et impatient d’en savoir plus.

      - Écoutez, je ne suis pas stupide, commença-t-il lorsqu’ils s’assirent dans son salon immaculé. L’homme qui l’a tuée… qui qu’il soit… allait la violer, n’est-ce pas ? C’est la raison pour laquelle elle ne portait pas son T-shirt, n’est-ce pas ?

      Mackenzie s’était posé la question, mais les photographies de la scène de crime racontaient une tout autre histoire. Lorsque Christine s’était effondrée sur le sol, elle avait atterri sur le T-shirt. Cela semblait indiquer qu’il avait été enlevé très naturellement, avant d’être abandonné par terre. Si Mackenzie prenait les paris, elle dirait que Christine l’avait retiré de son propre chef, sûrement pour la personne qu’elle avait invitée à entrer… et qui avait fini par la tuer. D’ailleurs… Mackenzie n’était pas convaincue que le tueur ait eu l’intention de violer Christine. S’il en avait eu envie, il aurait pu. Non… Mackenzie estimait qu’il était venu la tuer, et rien d’autre.

      Mais ce pauvre diable n’avait pas besoin de le savoir.

      - Il est trop tôt pour le dire, répondit Mackenzie. Plusieurs scénarios ont pu avoir lieu. Et nous espérions que vous pourriez peut-être nous apporter des informations pour nous aider à mieux comprendre la situation.

      - Bien sûr, bien sûr, répondit Clark, qui avait clairement besoin d’une longue sieste et de moins de café. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir.

      - Pouvez-vous décrire la nature de votre relation avec Christine ? demanda Ellington.

      - Nous sortons ensemble depuis environ sept mois. C’est la première vraie relation de ma vie – la première qui dure plus de deux ou trois mois. Je l’aimais… je l’ai su après le premier mois.

      - Votre relation était-elle physique ? demanda Mackenzie.

      Clark hocha la tête, le regard perdu dans le vague.

      - Ouais. Nous avons franchi cette étape assez rapidement.

      - La nuit où elle a été tuée, renchérit Mackenzie. D’après ce que je comprends, elle venait de sortir d’ici. Dormait-elle souvent chez vous ?

      - Ouais, une ou deux fois par semaine. Je dormais aussi parfois chez elle. Elle m’avait donné une clef pour faciliter les choses il y a quelques semaines. C’est comme ça que j’ai pu entrer chez elle… et la trouver…

      - Pourquoi n’est-elle pas restée avec vous ce soir-là ? l’interrogea Ellington. Elle est partie tard. Vous êtes-vous disputés ?

      - Non. Seigneur, on ne se disputait presque jamais. Non… nous avions tous bu mais j’avais un peu exagéré sur l’alcool. Je l’ai embrassée pour lui dire au revoir alors qu’elle était toujours avec mes amis. Je suis allé me coucher et je me suis endormi comme une masse, en me sentant un peu barbouillé. J’étais persuadé qu’elle finirait par me rejoindre mais quand je me suis réveillé le lendemain, il n’y avait aucune trace d’elle.

      - Pensez-vous que l’un de vos amis l’ait raccompagnée ? demanda Mackenzie.

      - Je leur ai tous posé la question et ils m’ont affirmé que non. Même s’ils le lui avaient proposé, Christine aurait refusé. Nous habitons seulement à trois pâtés de maison de distance et elle aime l’hiver… elle aime marcher dans le froid. Elle est originaire de Californie, donc la neige est quelque chose de magique, vous

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