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de retour au lycée, priant pour être à la hauteur des attentes d’une mère attentive et aimante.

      Ironique, songea Mackenzie. Une maîtrise exceptionnelle des armes à feu, un sang froid à tout épreuve… et toujours effrayée à l’idée de rencontrer ma future belle-mère.

      Ces obligations de la vie domestique commençaient vraiment à lui peser. Pourtant, elle sentit l’excitation monter lorsqu’elle enfila ses vêtements de ville. Ils allaient voir le lieu qu’elle préférait aujourd’hui. Ils se marieraient dans six semaines. C’était un bon moment pour être excitée. Et, avec cette pensée en tête, elle se dirigea vers l’appartement, un sourire aux lèvres pendant presque tout le trajet.

      ***

      Il s’avérait qu’Ellington était aussi nerveux que Mackenzie à la perspective qu’elle rencontre sa mère. Lorsqu’elle arriva chez lui, il faisait les cent pas dans la cuisine. Il ne paraissait pas inquiet, en soi, mais ses mouvements étaient emprunts d’une tension nerveuse palpable.

      - Tu n’en mènes pas large, lança Mackenzie en s’installant sur l’un des tabourets du bar.

      - Eh bien, je viens de réaliser que nous nous apprêtons à aller visiter un lieu potentiel pour la cérémonie exactement deux semaines après la finalisation de mon divorce. Bien sûr, toi et moi, comme la plupart des êtres humains rationnels, nous savons que ce genre de démarches prennent du temps à cause de la paperasse et de la lenteur du gouvernement. Mais ma mère… je te garantis qu’elle s’accroche à cette information, en attendant de me la ressortir au pire moment.

      - Tu sais, tu es censé me donner envie de rencontrer cette personne, rétorqua Mackenzie.

      - J’en ai conscience. Et elle est adorable la plupart du temps. Mais elle peut être… eh bien, une garce, lorsque ça lui chante.

      Mackenzie se leva et l’entoura de ses bras.

      - C’est son droit, en tant que femme. Nous l’avons toutes, tu sais.

      - Oh, je sais, répondit-il avec un sourire avant de l’embrasser sur les lèvres. Donc… tu es prête ?

      - J’ai placé des assassins derrière les barreaux. J’ai participé à d’impitoyables chasses à l’homme et regardé en face les canons d’innombrables pistolets. Donc… non. Non, je ne suis pas prête. Ça me fait peur.

      - Eh bien, nous aurons peur ensemble.

      Ils quittèrent l’appartement avec la nonchalance dont ils faisaient preuve depuis qu’ils avaient emménagé ensemble. Pour ainsi dire, Mackenzie avait déjà l’impression d’avoir épousé cet homme. Elle savait tout de lui. Elle s’était habituée à ses ronflements légers et même à son goût pour le Glam métal des années 80. Elle commençait à aimer sincèrement les petites touches de gris qui envahissaient progressivement la base de ses tempes.

      Elle avait vécu l’enfer aux côtés d’Ellington, elle s’était confrontée à certaines de ses affaires les plus difficiles avec lui. Il était évident qu’ils seraient capables d’affronter les défis du mariage ensemble – les beaux-parents caractériels, et le reste.

      - Je dois te poser la question, lança Mackenzie en s’installant dans sa voiture. Te sens-tu plus léger depuis que le divorce a été prononcé ?

      - Je me sens plus léger, oui. Mais c’était un fardeau écrasant.

      - Aurait-on dû l’inviter au mariage ? J’ai l’impression que ta mère aurait apprécié le geste.

      - Un de ces jours, cette plaisanterie me fera rire. Je te le promets.

      - J’espère bien, répliqua Mackenzie. Le temps te paraîtra long si tu passes toujours à côté de mon humour de génie.

      Il tendit la main pour serrer la sienne, en lui souriant d’un air extatique, comme s’ils venaient de tomber amoureux. Il les conduisit jusqu’au lieu où elle était assez sûre qu’ils se marieraient, et ils étaient tous les deux si heureux qu’ils pouvaient presque distinguer le futur radieux qui s’ouvrait à eux.

      CHAPITRE DEUX

      Quinn Tuck avait un seul rêve dans la vie : vendre le contenu de certains de ces boxes d’entreposage abandonnés à un péquenot quelconque, comme ceux qui participaient à l’émission Storage Wars : Enchères surprises. Cette activité lui permettait de gagner décemment sa vie ; il rapportait à la maison presque six mille dollars chaque mois grâce aux boxes de rangement dont il assurait la maintenance. Et après avoir remboursé l’hypothèque de sa maison l’année précédente, il avait réuni suffisamment d’économies pour envisager d’emmener sa femme à Paris – un projet dont elle n’avait jamais cessé de lui rebattre les oreilles depuis qu’ils avaient commencé à sortir ensemble vingt-cinq ans plus tôt.

      Vraiment, il adorerait tout vendre et déménager ailleurs. Peut-être quelque part dans le Wyoming, dans un endroit qui ne ferait envie à personne mais qui serait raisonnablement pittoresque et bon marché. Mais sa femme n’accepterait jamais – même si elle apprécierait sans doute qu’il quitte le secteur de l’entreposage personnel.

      Tout d’abord, la plupart des clients étaient des pékins prétentieux. Ils étaient, après tout, le genre de personnes qui possédaient tellement de biens qu’ils se voyaient obligés de louer un espace supplémentaire pour les stocker. Deuxièmement, sa femme était toujours dérangée par les appels du samedi, de la part des locataires des boxes qui faisaient la fine bouche, et se plaignaient pour les motifs les plus ridicules. L’appel de ce matin venait d’une dame âgée qui louait plusieurs espaces d’entreposage. Elle était venue récupérer des objets dans l’un d’eux et affirmait avoir senti une horreur horrible venant d’un box voisin.

      En temps normal, Quinn lui aurait assuré qu’il y jetterait un œil sans donner suite. Mais il s’agissait d’une situation épineuse. Deux ans auparavant, on lui avait rapporté le même problème. Il avait attendu trois jours avant d’aller voir ce qu’il en était, pour se rendre compte qu’un raton-laveur était parvenu à se faufiler dans l’un des boxes sans réussir à s’en échapper. Lorsque Quinn l’avait trouvé, il était boursouflé et turgescent. Il devait être mort depuis au moins une semaine.

      C’est pourquoi il garait son pick-up sur le parking principal du centre d’entreposage personnel un samedi matin, au lieu de somnoler et de tenter de de convaincre sa femme de lui faire une gâterie en milieu de matinée, avec la promesse de ce voyage à Paris. Ce complexe d’entreposage était le plus petit de ceux qu’il possédait. Il s’agissait de mini-entrepôts en extérieur, cinquante-quatre au total. La location était relativement peu onéreuse et seuls neuf d’entre eux étaient vides.

      Quinn sortit de son pick-up et se promena entre les boxes. Chaque sous-ensemble comprenait six espaces de rangement, tous de la même taille. Il avança jusqu’au troisième bloc d’entrepôts et réalisa que la femme qui avait appelé ce matin n’avait pas exagéré. Une odeur abjecte lui chatouillait les narines, et le local en question se trouvait deux sous-ensembles plus loin. Il sortit son porte-clefs et commença à les faire défiler jusqu’à trouver celle qui ouvrait le box 35.

      Au moment où il atteignit la porte du local, il eut presque peur de l’ouvrir. Quelque chose sentait mauvais. Il commença à se demander si quelqu'un, d’une manière ou d’une autre, avait accidentellement enfermé son chien à l’intérieur sans s’en rendre compte. Et curieusement, personne ne l’avait entendu aboyer ou gémir pour signaler sa présence. C’était une idée qui ôta à Quinn tout envie de batifoler avec sa femme un samedi matin.

      Grimaçant à cause de l’odeur, Quinn inséra la clef dans le cadenas du box 35. Lorsqu’il s’ouvrit, Quinn le retira le cadenas du loquet et enroula la porte accordéon vers le haut.

      L’odeur le frappa si fortement qu’il recula de deux pas, angoissé de se sentir au bord de la nausée.

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