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»

      « Peut-être qu’il est éteint, » dit DeMarco.

      « Probablement, » dit Barnes. « Mais apparemment – et je viens de l’apprendre – même quand un téléphone est éteint, on peut localiser l’endroit où il était allumé pour la dernière fois… avant d’être éteint. Et la police d’état a découvert que le dernier endroit où il était allumé, c’était ici, dans la maison. Mais comme vous l’avez vous-même remarqué, il n’est nulle part. »

      « Combien de vos hommes travaillent actuellement sur l’enquête ? » demanda Kate.

      « Pour l’instant, trois au commissariat qui gèrent les entretiens et font des recherches sur leurs derniers achat, les derniers endroits où ils sont allés, ce genre de choses. La police d’état nous a laissé un de leurs hommes pour nous aider, mais il n’est pas vraiment enchanté à cette idée. »

      « Vous avez également mentionné que l’un de vos hommes dirigeait l’enquête à vos côtés ? »

      « C’est bien ça. L’officier Foster. Il a un esprit plutôt acéré. »

      « Est-ce que vous pourriez nous ramener au commissariat pour qu’on ait une petite réunion ? » demanda Kate. « Mais juste avec vous et l’officier Foster. En petit comité. »

      Barnes hocha la tête d’un air sombre, en se levant de son fauteuil et en jetant son mégot de cigarette dans le jardin. « Vous voulez parler de la possibilité que Mercy soit un suspect sans que trop de monde ne soit au courant. C’est bien ça ? »

      « Je pense que ce serait imprudent d’écarter cette possibilité sans l’avoir étudiée de plus près, » dit Kate. « Et pendant qu’on envisage cette option, oui, vous avez raison. Moins il y a de gens au courant, mieux c’est. »

      « J’appellerai Foster quand on sera en route pour le commissariat. »

      Il descendit les marches du porche, en jetant un regard noir à la journaliste et au caméraman. Kate était certaine qu’il devait au moins avoir eu une altercation avec des journalistes au cours de ces deux derniers jours.

      En entrant dans la voiture, elle jeta également un regard méfiant en direction de la journaliste. Elle savait que dans une communauté comme Deton, un tel meurtre pouvait être particulièrement choquant. Et elle savait que les médias dans ce genre de régions ne reculaient généralement devant rien pour obtenir un scoop.

      Kate se demanda d’ailleurs s’il n’y avait pas plus à découvrir que ce qu’elle voyait – et si c’était le cas, ce qu’il faudrait qu’elle fasse pour avoir tous les éléments en main.

      CHAPITRE TROIS

      Le commissariat de Deton était exactement ce à quoi Kate s’attendait. Il était situé au bout du tronçon de nationale qui traversait la ville et c’était un simple bâtiment en briques avec un drapeau américain flottant au sommet. Quelques voitures de patrouille étaient garées à côté de l’édifice et leur nombre réduit reflétait la taille de la ville elle-même.

      À l’intérieur, un espace ouvert occupait l’essentiel du bâtiment. Un guichet de réception se trouvait à l’entrée mais il était actuellement vide. En fait, l’endroit avait l’air plutôt désert. Elles suivirent Barnes au fond du bâtiment, le long d’un couloir sur lequel s’ouvraient cinq bureaux, dont l’un d’entre eux était orné d’une plaque indiquant Shérif Barnes. Barnes les guida jusqu’à la dernière salle du couloir, une toute petite pièce qui avait été aménagée en une sorte de salle de conférence. Un officier était assis à la table et feuilletait une pile de documents.

      « Agents, je vous présente l’officier Foster, » dit Barnes.

      L’officier Foster était un homme jeune, qui devait probablement avoir la trentaine. Il avait les cheveux rasés et un air renfrogné. Kate vit tout de suite qu’il n’était pas du genre à plaisanter. Ce n’était pas le genre à raconter des blagues pour détendre l’atmosphère, ni à s’encombrer de conversations futiles pour mieux apprendre à connaître les agents assis en face de lui.

      Kate sut tout de suite qu’il allait lui plaire.

      « L’officier Foster est la personne de référence qui a centralisé toutes les informations concernant cette affaire depuis que le pasteur Poulson nous a appelés, » expliqua Barnes. « Toutes les informations que nous avons reçues sont passées par lui et il les a ajoutées aux dossiers de l’enquête. Quelle que soit la question que vous avez, il pourra probablement y répondre. »

      « Je ne sais pas si ce sera le cas, » dit Foster, « mais je ferai certainement de mon mieux pour y répondre. »

      « Savez-vous à qui les trois Fuller ont pu parler – à part l’un avec l’autre – avant les meurtres ? » demanda Kate.

      « Alvin Fuller a parlé à un ancien ami du lycée, au moment où il sortait d’une station-service située sur la nationale 44, » dit Foster. « Il rentrait du boulot, il s’était arrêté pour acheter des bières et il est tombé sur lui par hasard. L’ami nous a raconté qu’ils ont essentiellement parlé de leur travail et de leur famille. Une conversation très superficielle, pour rester poli. L’ami dit qu’il n’a rien remarqué de spécial chez Alvin.

      « Quant à Wendy Fuller, la dernière personne à laquelle elle a parlé est une collègue de travail. Wendy travaillait dans le petit entrepôt d’expédition qui se trouve aux abords de la ville. La collègue en question nous a dit que la dernière chose dont elles avaient parlé, c’était que Wendy était préoccupée par le fait que Mercy commence à s’intéresser aux garçons. Mercy avait apparemment récemment embrassé son premier garçon et Wendy était préoccupée à ce sujet. Mais à part ça, elle avait l’air tout à fait normale, comme à son habitude. »

      « Et qu’en est-il de Mercy ? » demanda DeMarco.

      « La dernière personne à laquelle elle a parlé est sa meilleure amie, une fille du nom d’Anne Pettus. On a parlé à deux reprises à Anne, pour s’assurer qu’elle racontait à chaque fois la même histoire. Elle nous a dit que la dernière conversation qu’elles avaient eue était concernant un garçon du nom de Charlie. Selon Anne, ce Charlie n’était pas le petit-ami de Mercy. Anne nous a également raconté quelque chose qui contredit un peu ce que les parents de Mercy pouvaient savoir à son sujet. »

      « Comme un mensonge ? » demanda Kate.

      « Oui. Selon les dires de la collègue de Wendy, la mère était apparemment préoccupée par le fait que sa fille ait embrassé un garçon pour la première fois. Mais selon Anne Pettus, ce n’est pas vrai. Apparemment, Mercy aurait eu son premier baiser il y a déjà très longtemps. »

      « Est-ce que c’était une fille un peu légère ? »

      « Anne n’a pas dit ça mais elle a dit qu’elle savait avec certitude que Mercy avait déjà fait bien plus qu’embrasser un garçon. »

      « Concernant sa disparition, vers quelles hypothèses nous mènent les indices récoltés jusqu’à présent ? » demanda Kate. « Qu’elle pourrait avoir été enlevée, ou qu’elle serait partie de son propre chef ? »

      « À moins que vous trouviez de nouveaux indices, il n’y a aucun signe qui nous fait penser que Mercy ait été enlevée contre sa volonté. En fait, nous avons même trouvé certains éléments qui suggèrent qu’elle pourrait être partie de son propre chef. »

      « Quel genre d’éléments ? »

      « Selon Anne, Mercy avait un peu d’argent de côté. Elle savait même où elle le cachait : au fond de son tiroir à chaussettes. On a vérifié et on a retrouvé environ trois cents dollars. Ce qui va un peu à l’encontre de l’hypothèse qu’elle ait décidé de partir d’elle-même car elle aurait sûrement emporté cet argent, non ? Mais la

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