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de lui. »

      « Mais il vit dans le coin ? »

      « Oui, sur Waterlick Road. »

      « Est-ce que vous savez s’il arrive parfois à Jeremy de rester chez son père ? »

      « Pas personnellement, mais j’ai entendu des rumeurs. Et selon ces rumeurs, Randy aime organiser des fêtes assez chaudes. Dans le style orgies, j’imagine. Et il ne veut pas que Jeremy soit là. Alors d’après ce que j’ai entendu, les weekends où il organise ce genre de fêtes, Jeremy va dormir chez son père. » Il s’interrompit, puis ajouta, d’un air presque sceptique : « Vous pensez qu’il est possible que Mercy soit l’assassin ? »

      « Et vous ? »

      Il haussa les épaules. « Je ne veux pas y croire, mais ça commence à y ressembler. Pour être tout à fait honnête, c’est une hypothèse que j’envisageais déjà avant votre arrivée. »

      « On va garder Jeremy ici un peu plus longtemps, » dit Kate. « Pendant ce temps, est-ce que vous pourriez nous trouver l’adresse et les coordonnées du père de Jeremy ? »

      « Oui, je vais demander à Foster de s’en occuper, » dit-il, en prenant son téléphone. « Il sera content de pouvoir ajouter des informations aux dossiers de l’enquête. »

      Kate et DeMarco sortirent du bureau et se dirigèrent vers l’entrée du commissariat. À voix basse, DeMarco demanda à Kate : « Est-ce que tu penses que Jeremy Branch dit la vérité ? »

      « Je ne sais pas. Sa version des faits est assez logique et explique bien des choses. Mais je sais également qu’avec toutes les drogues que j’ai trouvées chez eux, il a toutes les raisons du monde de vouloir couvrir ses arrières et d’éviter qu’on concentre notre attention sur lui. »

      « Je ne peux pas m’empêcher de me demander s’il a quelque chose à voir dans ces meurtres, » dit DeMarco. « Un garçon plus âgé, qui aurait envie de garder une fille plus jeune sous son contrôle. Si elle haïssait vraiment ses parents et qu’il était assez fou pour le faire, est-ce qu’il ne pourrait pas être un suspect ? »

      C’était un raisonnement auquel Kate avait également pensé. Et ça restait une possibilité. Kate espérait qu’une visite au père de Jeremy pourrait leur apporter des informations supplémentaires.

      « Agents ? »

      Elles se retournèrent et virent Barnes sortir de son bureau. Il tendit une feuille de papier à Kate et hocha la tête. « Voici l’adresse de Floyd Branch. Mais je préfère vous prévenir… Il peut se comporter comme un véritable connard. Il n’en a rien à foutre des badges et de la police. »

      « On est en pleine journée, » dit Kate. « Est-ce que vous pensez qu’il sera chez lui ? »

      « Oui. Il répare de petits moteurs et des trucs dans le genre dans son garage. » Barnes consulta sa montre et sourit. « Il est quinze heures trente, alors je parie qu’il a déjà commencé à picoler. Si j’étais vous, j’irais tout de suite… avant qu’il soit complètement saoul. Vous voulez que je vous accompagne ? C’est un peu un péquenaud. Je ne sais pas comment le dire d’autre. En voyant deux femmes arriver chez lui, il ne va pas vous prendre au sérieux. »

      « Ça s’annonce bien, » dit Kate. « Venez avec nous, shérif. Plus on est de fous, plus on rit. »

      Elle connaissait bien le genre d’hommes que Barnes venait de leur décrire. Elle en avait déjà rencontré beaucoup, surtout dans le Sud. Il y avait des endroits où les hommes semblaient ne pas avoir évolué et où ils manquaient non seulement de respect aux femmes mais ils étaient également incapables de les considérer comme des égales… même si elles portaient un badge et une arme.

      Ils quittèrent le commissariat ensemble et se dirigèrent vers la voiture que DeMarco avait conduite depuis Washington. Waouh, c’était seulement ce matin, pensa-t-elle.

      Elle repensa à Allen et aux projets qu’il avait faits pour eux – une escapade dans les montagnes pour déguster du vin, faire la grasse matinée et d’autres choses dans un lit qui n’avaient rien à voir avec le fait de dormir.

      Et bien qu’elle soit encore un peu triste à l’idée d’avoir raté ce moment, elle devait également admettre qu’elle se sentait enthousiaste à la perspective de cette affaire qui commençait à prendre forme. Elle avait encore du boulot pour parvenir à maintenir un bon équilibre entre sa vie privée et ses activités au FBI, mais à cet instant présent, elle avait l’impression d’être exactement à l’endroit où elle devait être.

      CHAPITRE SEPT

      La propriété de Floyd Branch était l’incarnation même de tous les stéréotypes sudistes. Au moment où DeMarco gara la voiture dans l’allée recouverte de graviers, une dizaine de chansons country vinrent en tête à Kate en voyant le mobile home de Floyd Branch, son jardin et ses quelques possessions éparpillées.

      Le jardin était à peine mieux entretenu que celui qu’elles avaient vu chez Jeremy. Des morceaux de pelouse autour du mobile home avaient été tondus, avec des herbes mortes à certains endroits. La tondeuse – un vieux tracteur avec un capot rouillé – était garée juste à côté d’un appentis à l’arrière de la maison. Deux épaves de pick-up – dont il manquait toute la partie arrière – étaient posées sur des blocs en béton à côté de l’appentis. Il y avait également un enclos pour chiens, fait de planches en bois, de quelques poteaux en métal et de grillage. Quand ils furent garés et qu’ils sortirent de voiture, ils entendirent grogner deux pit bulls à l’intérieur de l’enclos.

      Kate, DeMarco et Barnes n’avaient fait que quelque pas avant qu’un homme d’âge moyen et à l’allure squelettique sorte de l’appentis. Il portait un balai en main et regardait d’un air fâché en direction de l’enclos, en insultant ses chiens. Il remarqua ensuite qu’il avait de la visite. Sa colère retomba et il jeta le balai dans l’appentis, comme s’il était gêné de l’avoir en main.

      « Bonjour, shérif. »

      « Bonjour, Floyd. Comment vas-tu ? »

      « Bien, j’imagine. Je travaille sur une vieille moto pour la famille Wells. Ce truc est bon pour la casse mais il m’a déjà payé, alors… »

      Il s’interrompit, visiblement distrait en voyant les deux femmes qui se trouvaient de part et d’autre de Barnes. Il avait l’air surpris et légèrement excité. Non pas parce qu’il y avait des femmes sur sa propriété, mais plutôt parce que c’était quelque chose d’inattendu – quelque chose de nouveau et qui sortait de l’ordinaire.

      « Floyd, ces deux femmes sont des agents du FBI. Elles aimeraient te poser quelques questions. »

      « Le FBI ? Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait de mal. »

      « Oh, je ne pense pas non plus, » dit Barnes. « Mais dis-moi, Floyd : à quand remonte la dernière fois où tu as parlé à Jeremy ? »

      « Ah merde, qu’est-ce qu’il a fait ? »

      « On ne sait pas encore, » dit Kate. « Peut-être rien du tout. Mais nous sommes venus ici pour nous en assurer. »

      « Il sortait avec Mercy Fuller, » dit Barnes. « La fille d’Alvin et de Wendy. Il est actuellement au commissariat pour être interrogé. Je préférais que tu le saches. »

      « Quoi ? Merde, shérif. » Floyd haussa les épaules et secoua la tête. « Mais ce n’est pas étonnant. Ce garçon ne me raconte jamais rien. Ça fait probablement trois semaines que je ne l’ai pas vu. Il est resté quelques jours chez moi pendant que Randy s’occupait de ses affaires. Mais je suis presque sûr qu’il est venu ici il y a quelques jours, quand j’étais au bar. Il a laissé la lumière allumée dans sa chambre. Il vient parfois ici pour regarder des films. Principalement des films porno, j’imagine. Un vrai petit barjo. »

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