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Je vous remercie d’être venues aussi rapidement. Nous avons une nouvelle affaire sur laquelle j’aimerais que vous travailliez. Deux hommes ont été assassinés en l’espace de quatre jours dans la banlieue de Baltimore. Des hommes d’âge moyen, tous les deux mariés. Pour l’instant, la police n’a aucun indice. Ça vient d’arriver sur mon bureau et j’ai tout de suite pensé à vous. »

      Chloé regarda Rhodes. L’expression de son visage ressemblait à celle d’un taureau qu’on serait sur le point de lâcher dans une arène. Ce fut d’autant plus dur de dire ce qu’elle avait à dire.

      « Monsieur, j’ai bien peur de ne pas pouvoir accepter d’affaire pour l’instant. » Les mots furent difficiles à sortir. Elle avait l’impression qu’ils lui écorchaient la gorge.

      Johnson eut un petit sourire, mais ce n’était pas d’amusement. « Pardon ? »

      « J’aurais aimé que ça n’interfère pas avec mon travail, mais ma sœur a disparu, monsieur. Ça fait presque quarante-huit heures. Et mon père a également disparu. »

      Johnson cligna des yeux, comme s’il essayait de comprendre ce qu’elle venait de lui dire. Il essayait de savoir en quoi les problèmes personnels de Chloé pouvaient avoir un lien avec cette affaire. Le directeur Johnson était une personne respectueuse et il l’avait toujours très bien traitée, mais c’était également le genre d’homme qui était fermement convaincu que le boulot passait avant tout.

      Il finit par hocher la tête. « Je suis au courant. Un ami m’a appelé… un détective auquel vous venez de parler. Il m’a appelé pour m’informer – non pas parce que vous étiez impliquée, mais parce que c’est généralement une politesse qu’il a à mon égard quand il enquête sur une affaire qui pourrait avoir des liens avec le FBI. Alors oui… je suis au courant concernant votre sœur, votre père et les quelques indices retrouvés sur la scène. »

      Chloé fut outrée en entendant ça. Et dire que je faisais mon possible pour garder mes démons en cage, pensa-t-elle.

      « Alors vous comprenez, » dit Chloé.

      Johnson se redressa sur sa chaise, d’un air mal à l’aise. « Ce que je comprends, c’est que c’est une affaire qui vous touche personnellement et que vous auriez tendance à dramatiser. Sur base de ce que le détective Graves m’a dit, une altercation a certainement eu lieu chez votre père mais il n’y a pas assez d’indices solides pour envisager un enlèvement – et il croit que c’est ce que vous pensez. »

      « Monsieur, vous penseriez sûrement différemment si vous connaissiez toute l’histoire et… »

      « Mais je ne la connais pas. Et c’est pour ça que je fais confiance à Graves et à la police. Et s’ils pensent qu’il y a quoi que ce soit d’autre, ils m’en informeront. Ça reste une enquête de la police, Fine. »

      Chloé sentit la colère monter en elle mais elle parvint néanmoins à se contrôler. Elle comprenait ce que Johnson cherchait à faire et d’une certaine manière, elle appréciait le geste. Il essayait de la maintenir occupée pendant que la police cherchait des réponses concernant la disparition de sa sœur et de son père. Le fait qu’il ait justement une enquête sur laquelle elle pouvait travailler avec Rhodes ne faisait que faciliter les choses.

      « Fine… vous devez laisser la police faire son boulot, » dit Johnson. « Et pendant qu’ils font le leur, il faut que vous vous concentriez sur le vôtre. De plus, il est hors de question que je vous laisse vous mêler d’une enquête qui ne fait même pas partie de la juridiction du FBI. »

      « Mais je pourrais leur être utile. »

      « Je suis sûr que vous le seriez. Et si cette affaire finit dans les mains du FBI, peut-être que je vous laisserai la superviser. »

      « Mais monsieur… »

      « Je serai intraitable, Fine. Vous avez un boulot et j’attends de vous que vous le fassiez. Si vous voulez prendre des vacances, allez-y, je vous les accorderai sans problème. Mais si j’apprends que vous avez enquêté sur l’affaire concernant votre sœur pendant votre temps libre… »

      Il s’interrompit, mais il n’avait pas besoin de terminer sa phrase. Elle savait ce qu’il voulait dire. Et elle savait qu’il avait raison, mais elle était encore agacée par la manière un peu désinvolte avec laquelle il traitait la disparition de sa sœur.

      « Alors vous avez le choix entre deux options, Fine. Ou vous prenez quelques jours de congé et vous attendez que la police ait trouvé des réponses. Ou vous allez à Baltimore avec Rhodes et vous vous mettez à la recherche d’un assassin. »

      Chloé n’avait pas trop le choix. Elle savait que si elle prenait des congés, elle finirait par enquêter sur la disparition de sa sœur. Et tant que ce n’était pas une affaire fédérale – si ça finissait par le devenir – elle pourrait s’attirer de gros ennuis en interférant dans une enquête qui n’était pas du ressort du FBI.

      Ou elle pouvait s’occuper l’esprit avec le boulot. C’était un choix facile à faire, bien que son cœur ait envie de crier le contraire. « Je vais prendre l’affaire, » dit-elle.

      « Très bien, » dit Johnson. « Je suis désolée pour vous… vraiment. Mais je m’attirerais également des problèmes si je vous laissais vous impliquer dans cette affaire. »

      « Je sais, monsieur. »

      Il hocha la tête et attendit une seconde, afin de s’assurer qu’elle n’avait rien de plus à ajouter. Chloé jeta un coup d’œil en direction de Rhodes, qui avait été mal à l’aise pendant toute la durée de leur conversation. On aurait dit un enfant qui attendait de savoir si la petite dispute entre papa et maman allait se terminer en bataille rangée.

      « Comme je vous le disais, » dit Johnson. « Deux hommes ont été assassinés en l’espace de quatre jours, tous les deux mariés. Aucune piste, aucun indice… le seul point commun, c’est qu’ils vivaient dans la même région – à environ deux kilomètres l’un de l’autre. »

      Il leur exposa les détails de l’enquête – comme d’habitude, il n’y en avait pas beaucoup – et Chloé fit de son mieux pour se concentrer. Mais elle continuait à penser à Danielle et à ce qu’elle pouvait bien traverser. Elle n’arriverait probablement pas à en détacher ses pensées, quel que soit le genre d’affaire qu’on lui assignait.

      Et ce n’était pas la première fois au cours de sa courte carrière qu’elle craignait que sa vie de famille vienne mettre en péril son avenir.

      CHAPITRE CINQ

      Après une nuit sans avoir pu trouver le sommeil, Chloé retrouva Rhodes au parking du FBI le lendemain matin. Elles prirent une voiture de service et sortirent du parking à six heures du matin, afin d’éviter le trafic matinal sur le périphérique. Chloé remarqua que Rhodes faisait de son mieux pour cacher son excitation – qu’elle essayait maladroitement de dissimuler derrière de longues gorgées de café, en faisant semblant d’être concentrée sur la route.

      « Écoute, » dit Chloé. « Vu qu’on va bosser ensemble sur cette affaire, autant que je te raconte tout de suite ce qui me préoccupe. » Rhodes haussa les épaules, en rejoignant le périphérique pour se rendre vers le Maryland. « Je pense que tu as pu te faire une petite idée hier soir, dans le bureau de Johnson. Danielle a disparu. Ce n’est pas vraiment inhabituel de sa part… ça a toujours été comme ça depuis qu’elle est adolescente. Elle va et elle vient un peu à sa guise. Mais cette fois-ci, c’est différent parce que je n’ai aucune idée de l’endroit où se trouve mon père. »

      « C’est normal que tu envisages le pire, » dit Rhodes. « Vu tout ce que tu as traversé au cours de l’année qui vient de s’écouler. Ce qui m’amène à te poser une question qui me semble évidente : pourquoi n’as-tu pas pris quelques jours de congé ? »

      «

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