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matin suivant, Emily se réveilla tôt, décidée à ne pas encore rater le créneau du petit-déjeuner. À sept heures précise, elle entendit le bruit de la porte de la chambre du client s’ouvrir et se refermer doucement, ensuite les petits pas de M. Kapowski tandis qu’il descendait les escaliers. Emily sortit de l’endroit où elle avait traîné dans le couloir et se tint en bas des marches, les yeux levés vers lui.

      « Bonjour, monsieur Kapowski », dit-elle avec assurance, un sourire plaisant sur le visage.

      M. Kapowski sursauta.

      « Oh. Bonjour. Vous êtes réveillée. »

      « Oui », dit Emily en maintenant son ton assuré, même si elle ressentait tout autre chose. « Je voulais m’excuser pour hier, pour ne pas avoir été disponible pour vous préparer le petit-déjeuner. Avez-vous bien dormi ? » Elle remarqua les cernes autour de ses yeux.

      M. Kapowski hésita pendant un instant. Il plongea nerveusement les mains dans les poches de son costume froissé.

      « Hum…non, en fait », répondit-il finalement.

      « Oh non », dit Emily, inquiète. « Pas à cause de la chambre, j’espère ? »

      Mr Kapowski paraissait agité et gauche, frottant son cou comme s’il avait plus à dire mais ne savait comment.

      « En vérité », réussit-il enfin, « le coussin était assez bosselé. »

      « Je suis tellement désolée pour ça », dit Emily, qui s’en voulait de ne pas l’avoir testé.

      « Et hum…les serviettes étaient rêches. »

      « Elles le sont ? », dit Emily, perturbée. « Pourquoi ne venez-vous pas vous asseoir dans la salle à manger », dit-elle, luttant pour empêcher sa voix de paniquer, « et faites-moi part de vos préoccupations. »

      Elle le guida dans la grande salle à manger et ouvrit les rideaux, laissant la pâle lumière du matin filtrer dans la pièce, mettant en avant sa dernière exposition de lys de Raj, dont l’odeur imprégnait la pièce. La surface de la longue table en acajou, de style banquet, étincelait. Emily adorait cette pièce ; elle était si opulente, si sophistiquée et ornée. Cela avait été la pièce parfaite pour mettre en valeur une partie de la vaisselle ancienne de son père, et elle était gardée dans une vitrine faite du même bois d’acajou sombre que la table.

      « C’est mieux », dit-elle, le ton restant enjoué et désinvolte. « Maintenant, voudriez-vous me dire pour votre chambre pour que nous puissions l’arranger ? »

      M. Kapowski ne semblait pas être à l’aise, comme s’il ne voulait vraiment pas parler.

      « Ce n’est rien, vraiment. Juste le coussin et les serviettes. Et peut-être aussi le matelas était très ferme et hum…un peu fin. »

      Emily hocha de la tête, agissant comme si ses mots ne touchaient pas l’angoisse dans son cœur.

      « Mais vraiment, c’est bon », ajouta M. Kapowski. « J’ai le sommeil léger. »

      « Bien, d’accord », dit Emily, réalisant que le faire parler était un plan d’action pire que de le laisser insatisfait de sa chambre. « Alors, que puis-je vous faire pour le petit-déjeuner ? »

      « Œufs et bacon, si ce n’est pas trop demander », dit Mr Kapowski. « Frits. Et des toasts. Avec des champignons. Et des tomates. »

      « Pas de problèmes », dit Emily, qui s’inquiétait de ne pas avoir tous les ingrédients qu’il venait de lister.

      Emily se précipita dans la cuisine, réveillant immédiatement Mogsy et Rain. Les deux chiens commencèrent à japper pour avoir leur petit-déjeuner, mais elle ignora leurs gémissements tout en se précipitant vers le réfrigérateur, où elle vérifia ce qu’il y avait à l’intérieur. Elle fut soulagée de voir qu’elle avait du bacon, même s’il n’y avait pas de champignons ou de tomates. Au moins il y avait du pain dans la panière, un surplus que Karen, du magasin général, avait déposé l’autre jour, et des œufs qu’elle pouvait se procurer grâce à Lola et Lolly.

      Regrettant son choix de chaussures, Emily sortit précipitamment par la porte de derrière, traversa l’herbe couverte de rosée, et alla au poulailler. Lola et Lolly se pavanaient dans leur enclos. Elles inclinèrent toutes deux la tête au bruit de ses pas approchants, s’attendant à ce qu’elle les approvisionne en maïs frais.

      « Pas encore, petites poulettes », dit-elle. « M. Kapowski passe en premier. »

      Elles lui donnèrent des coups de bec par mécontentement, tandis qu’Emily se précipitait vers le poulailler où elles déposaient leurs œufs.

      « Vous vous moquez de moi », marmonna-t-elle alors qu’elle regardait à l’intérieur pour ne rien y découvrir. Elle tourna le visage vers les poules, mains sur les hanches. « De tous les jours où vous ne pondez pas, vous avez choisi aujourd’hui ! »

      Ensuite, elle se souvint de tous les essais d’œufs pochés qu’elle avait entrepris la veille. Elle avait dû en utiliser au moins cinq ! Elle leva les mains au ciel. Pourquoi Daniel m’a-t-il fait m’inquiéter pour les œufs pochés ? pensa-t-elle avec frustration.

      Emily retourna à l’intérieur, déçue de ne pas pouvoir fournir le petit-déjeuner que monsieur Kapowski voulait ce jour-ci aussi, et elle commença à faire griller le bacon. Que ce soit dû à son anxiété ou son manque d’expérience, Emily semblait incapable d’exécuter même les tâches simples. Elle renversa le café sur tout le plan de travail, puis laissa le bacon sous le grill pendant trop longtemps, de telle façon que les bords étaient croustillants et noirs. Le nouveau grille-pain – un remplacement de celui qui avait explosé et abîmé la cuisine – paraissait avoir des réglages bien plus délicats que le dernier, et elle réussit à brûler le toast aussi.

      Quand elle regarda ce qu’elle avait produit, le petit-déjeuner fini dans l’assiette, Emily fut loin d’être satisfaite. Elle ne pouvait pas servir repas en désordre. Elle alla donc dans la buanderie et racla le tout dans les gamelles des chiens. Au moins avec les chiens nourris c’était une chose de cochée sur sa liste des choses à faire.

      De retour dans la cuisine, Emily essaya encore une fois de créer le repas que Mr Kapowski avait commandé. Cette fois-ci, s’assembla mieux. Le bacon n’était pas trop cuit. Le toast n’était pas brûlé. Elle espérait juste qu’il lui pardonnerait pour les ingrédients manquants.

      Elle jeta un regard à sa montre et vit que cela faisait presque trente minutes, et son cœur palpita.

      Elle hâta de retourner dans la pièce.

      « Nous y voilà, monsieur Kapowski », dit Emily, réapparaissant dans la salle à manger avec le plateau du petit-déjeuner. « Je suis désolée pour l’attente. »

      Elle se rendit compte, tandis qu’elle approchait de la table, que M. Kapowski s’était endormi. Incertaine si elle devait être soulagée ou ennuyée, Emily posa le plateau et commença à faire marche arrière silencieusement pour sortir de la pièce.

      La tête de M. Kapowski se souleva soudain. « Ah », dit-il, en jetant un coup d’œil au plateau. Le petit-déjeuner. Merci. »

      « Je crains de ne pas avoir d’œufs, ou de tomates, ou de champignons aujourd’hui », dit-elle.

      M. Kapowski parut déçu.

      Emily sortit dans le couloir pour prendre quelques profondes respirations. La matinée avait été incroyablement pleine de travail, compte tenu de la somme d’argent qu’elle allait finalement toucher pour ses efforts. Si elle voulait maintenir l’affaire, elle devrait devenir un peu plus efficace. Et elle avait besoin d’une alternative au cas où Lola et Lolly aient un autre jour sans œufs.

      À ce moment précis, il émergea de la salle à manger. Il s’était écoulé moins d’une minute depuis qu’elle lui avait servi la nourriture.

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