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Un Chant Funèbre pour des Princes . Морган Райс
Читать онлайн.Название Un Chant Funèbre pour des Princes
Год выпуска 0
isbn 9781640293526
Автор произведения Морган Райс
Серия Un Trône pour des Sœurs
Издательство Lukeman Literary Management Ltd
“Stonehome sera là-bas”, dit Cora en essayant autant de se convaincre elle-même que de convaincre Emeline.
“Oui”, dit Emeline. “Sophia l'a vue.”
Cela semblait étrange de faire tellement confiance aux pouvoirs de Sophia mais, en vérité, Cora avait vraiment et absolument confiance en Sophia. Elle aurait volontiers accepté de risquer sa vie pour les choses que Sophia avait vues et c'était avec Emeline qu'elle préférait voyager.
Elles continuèrent et, alors qu'elles avançaient vers l'ouest, elles commencèrent à voir plus de rivières, qui formaient des réseaux connectés les uns aux autres comme des capillaires qui menaient à des artères plus grosses qu'eux. Bientôt, il leur sembla qu'il y avait presque autant d'eau que de terre. Même les champs entre les rivières étaient à moitié inondés et les gens cultivaient la terre dans une boue qui menaçait de se transformer en marais à tout moment. Il semblait pleuvoir constamment et même si, de temps à autre, quand il pleuvait trop fort, Cora et Emeline se mettaient à l'abri, elles continuaient la plupart du temps à avancer.
“Regarde”, dit Emeline en désignant une des rives. D'abord, Cora ne vit que des roseaux qui se dressaient à côté de la rivière, dérangés çà et là par le mouvement de petits animaux. Alors, elle vit le coracle retourné sur la rive comme la coque d'une créature en armure.
“Oh non”, dit Cora, devinant ce qu'Emeline comptait faire.
Emeline lui posa une main sur le bras. “Tout va bien. Je sais me débrouiller avec les bateaux. Viens, c'est agréable, tu verras.”
Elle se dirigea vers le coracle et Cora ne put que la suivre, espérant en son for intérieur qu'il n'y aurait pas de rames. Cela dit, il y avait une pagaie et cela semblait être tout ce dont Emeline avait besoin. Elle monta vite dans le coracle et Cora dut sauter à côté d'elle ou marcher seule le long de la rive.
Cora dut admettre que c'était plus rapide que la marche. Elles effleuraient la rivière comme un galet jeté par la main d'un géant. C'était aussi relaxant que de rester assise sur la charrette, sinon plus car, quand elles avaient eu la charrette, elles avaient passé la moitié de leur temps à en descendre pour lui faire monter une pente ou l'extraire des ornières boueuses. De plus, Emeline avait l'air d'aimer piloter l’embarcation, négocier les changements dans la rivière quand elle passait de l'eau plate à l'eau vive puis revenait à l'eau plate.
Cora vit le moment où l'eau changea et vit l'expression d'Emeline changer au même instant.
“Il y a … quelque chose là-bas”, dit Emeline. “Quelque chose de puissant.”
Qu'avons-nous ici ? demanda une voix qui résonna dans la tête de Cora. Deux jeunes et jolies créatures. Approchez, mes chéries. Approchez.
A l'avant, Cora vit … eh bien, elle n'était pas vraiment sûre de ce qu'elle voyait. Au premier abord, cela ressemblait à une femme faite d'eau mais, un éclair de lumière plus tard, cela ressemblait à un cheval. Cora ressentait un désir écrasant d'aller retrouver cette créature. Il lui semblait que la sécurité l'attendait dans ses bras.
Non, c'était plus que ça; il lui semblait que c'était une maison qui l'attendait là, la maison qu'elle avait toujours voulue, avec de la chaleur, une famille, de la sécurité …
C'est ça. Viens me retrouver. Je peux te donner tout ce que tu veux. Tu ne seras plus jamais seule.
Cora voulait que le coracle fonce vers la créature. Elle voulait plonger dans l'eau pour être avec la créature qui lui promettait tant. Elle se leva à moitié, prête à le faire.
“Attends !” cria Emeline. “C'est une ruse, Cora !”
Cora sentit quelque chose s'installer autour de son esprit, un mur qui s'élevait entre elle et les promesses de sécurité. Elle vit Emeline souffrir sous l'effort et comprit que ce devait être l'autre fille qui le faisait, qui bloquait avec ses propres talents le pouvoir qui cherchait à les attirer.
Non, viens me retrouver, insista la chose, mais c'était un écho distant de ce que cela avait été.
Alors, Cora la regarda, la regarda vraiment. Elle vit l'eau tourbillonnante, vit les courants qui l'entouraient et qui noieraient tous ceux qui auraient l'imprudence de s'y risquer. Elle se souvint des vieilles histoires des esprits des rivières, les kelpies, une sorte de magie dangereuse qui s'était mise le monde à dos.
Elle vit l'eau commencer à bouger sous le coracle et ne comprit ce qui se passait que lorsque le courant commença à tirer leur embarcation vers l'avant.
“Emeline !” cria-t-elle. “Elle nous aspire !”
Emeline resta immobile, tremblant visiblement sous l'effort pendant qu'elle se battait pour empêcher la créature de les submerger toutes les deux. Donc, c'était à Cora d'agir. Elle saisit la pagaie du coracle et rama de toutes ses forces en direction de la rive.
D'abord, il lui sembla qu'il ne se passait rien. Le courant était trop fort et l'attraction du kelpie trop violente. Cora reconnut ces pensées pour ce qu'elles étaient et les écarta. Elle n'avait pas besoin de pagayer contre le courant, juste de rejoindre la rive. Elle pagaya aussi fort que possible, forçant le coracle à bouger à la seule force de sa volonté.
Lentement, alors que Cora pagayait, le coracle commença à changer de trajectoire, à se rapprocher de la rive.
“Vite”, dit Emeline à côté d'elle. “Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir.”
Cora continua à pagayer et le coracle se déplaça de ce qui lui sembla être quelques centimètres mais bougea. Il se rapprocha de plus en plus jusqu'au moment où, finalement, Cora pensa que les roseaux devaient être à portée de main. Elle les saisit, réussit à en prendre une poignée et, grâce à eux, à rapprocher leur minuscule embarcation de la rive. Elle y tira le coracle puis bondit sur la terre ferme en tirant Emeline par le bras.
Elle tira son amie sur la rive et vit le coracle se faire aspirer par le courant. Cora vit le kelpie se dresser, apparemment furieux, puis s'abattre sur le petit vaisseau et le faire voler en éclats.
Dès qu'elles furent sur la terre ferme, Cora sentit la pression qui s'exerçait sur son esprit s'alléger. Quant à Emeline, elle inspira brusquement et se releva, enfin libre. Il semblait que, si elles n'étaient plus sur l'eau, le kelpie ne pouvait pas les atteindre. Il se dressa à nouveau puis plongea et disparut hors de leur vue.
“Je crois que nous sommes en sécurité”, dit Cora.
Elle vit Emeline hocher la tête. “Je crois quand même que … nous allons peut-être éviter l'eau pendant quelque temps.”
Comme elle avait l'air épuisée, Cora l'aida à s'éloigner de la rive. Il leur fallut un moment pour trouver un sentier mais, une fois qu'elles y furent, il leur sembla naturel de le suivre.
Elles continuèrent sur la route et, maintenant, il y avait plus de gens que dans le nord. Cora vit des pêcheurs qui venaient des rives et des fermiers avec des chariots pleins de marchandises. Elle vit d'autres gens arriver de partout avec des chargements de tissu ou des troupeaux d'animaux. Un homme rassemblait même une volée de canards qui couraient devant lui comme des moutons auraient pu le faire avec quelqu'un d'autre.
“Il doit y avoir un marché itinérant”, dit Emeline.
“On devrait y aller”, dit Cora. “Ils pourraient nous indiquer la route de Stonehome.”
“Ou ils pourraient nous prendre pour des sorcières et nous tuer dès qu'on demanderait”, signala Emeline.
Malgré ce danger, elles suivirent les gens sur les sentiers jusqu'au moment où elles virent le marché devant elles. Il était sur une petite île au cœur des rivières. La route