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maison. Plusieurs voitures étaient garées dans l’allée.

      Elles sonnèrent. Tiffany vint ouvrir et April se jeta dans ses bras. Les deux filles se mirent à sangloter.

      — Oh, Tiffany, je suis tellement désolée, dit April.

      — Merci. Merci d’être venue, répondit Tiffany.

      Leur douleur serra la gorge de Riley. Les deux filles étaient si jeunes, à peine sorties de l’enfance. Il semblait injuste qu’elles soient confrontées à une telle épreuve. Pourtant, elle ne put s’empêcher d’être fière d’April et de sa compassion.

      Je ne me débrouille peut-être pas si mal dans mon rôle de mère, pensa Riley.

      Tiffany était un peu plus petite qu’April et un peu plus dégingandée comme pouvait l’être une adolescente. Elle avait des cheveux blond vénitien et la peau constellée de taches de son, ce qui faisait ressortir ses yeux rouges.

      Tiffany conduisit Riley et April dans le salon. Les parents de Tiffany étaient assis sur le canapé, séparés l’un de l’autre par quelques centimètres. Leur langage corporel révélait-il des informations ? Riley n’en était pas certaine. On faisait son deuil de bien des manières différentes.

      D’autres personnes étaient debout, en retrait, et se parlaient à voix basse. Ce devait être de la famille et des amis. Ils étaient venus voir s’ils pouvaient être d’aucune aide.

      On s’agitait dans la cuisine. Quelqu’un devait préparer à manger. A travers une arche menant sur la salle à manger, elle vit deux couples disposer des photos et des souvenirs sur la table. Il y avait également des photos de Lois et de sa famille à différentes périodes de leur vie dans le salon.

      Seulement deux jours plutôt, la fille sur les photos était encore en vie. Riley frémit en y pensant. Que ferait-elle si elle perdait April de manière si brutale ? C’était une pensée glaçante, d’autant plus que ce n’était pas passé loin à plusieurs reprises.

      Qui viendrait chez elle pour la réconforter ?

      Et voudrait-elle vraiment qu’on la réconforte ?

      Riley chassa ses idées noires quand Tiffany la présenta à ses parents, Lester et Eunice.

      — Je vous en prie, ne vous levez pas, dit Riley quand ils firent mine de bouger.

      Riley et April s’assirent à côté d’eux. Eunice avait les mêmes taches de son que sa fille et le même couleur de cheveux. Lester avait le teint plus mat, et le visage long et fin.

      — Toutes mes condoléances, dit Riley.

      Le couple la remercia. Lester parvint même à esquisser un sourire.

      — On ne s’était jamais rencontrés, mais je connais un peu Ryan, dit-il. Comment va-t-il ?

      Tiffany tapa sur l’épaule de son père et lui souffla :

      — Ils ont divorcé, Papa.

      Lester s’empourpra.

      — Oh, je suis vraiment désolé, dit-il.

      Riley rougit à son tour.

      — Ne le soyez pas. Comme disent les jeunes, c’est compliqué.

      Lester hocha la tête, un sourire triste aux lèvres.

      Pendant de longues minutes, personne ne dit rien. Les gens continuaient de s’agiter autour d’eux en faisant le moins de bruit possible.

      Puis Tiffany dit :

      — Maman, Papa… La mère d’April est un agent du FBI.

      Lester et Eunice restèrent bouche bée, ne sachant visiblement que dire. Embarrassée, Riley chercha ses mots. Elle savait qu’April avait téléphoné à Tiffany la veille pour leur dire qu’elles passeraient. Apparemment, Tiffany n’avait pas expliqué à ses parents ce que Riley faisait dans la vie.

      Tiffany regarda tour à tour son père et sa mère. Puis elle dit :

      — Je me suis dit qu’elle pourrait nous aider à savoir… ce qui s’est vraiment passé.

      Lester poussa un hoquet et Eunice un soupir amer.

      — Tiffany, on en a déjà parlé, dit-elle. On sait ce qui s’est passé. La police en est sûre. On n’a aucune raison de penser le contraire.

      Lester se leva sur des jambes flageolantes.

      — Je ne veux pas entendre ça, dit-il. Je ne… je ne peux pas.

      Il déambula en direction du salon. Riley vit deux couples se précipiter pour le réconforter.

      — Tiffany, tu devrais avoir honte, dit Eunice.

      Les yeux de la jeune fille se mouillèrent de larmes.

      — Mais je veux seulement connaitre la vérité, Maman. Lois ne s’est pas suicidée. Elle n’aurait jamais fait ça. J’en suis sûre.

      Eunice se tourna vers Riley.

      — Je suis désolée que vous soyez obligée d’assister à ça, dit-elle. Tiffany a du mal à accepter la vérité.

      — C’est toi et Papa qui avez du mal à accepter la vérité, rétorqua Tiffany.

      — Chut, souffla sa mère.

      Eunice tendit un mouchoir à sa fille.

      — Tiffany, il y a des choses que tu ne savais pas à propos de Lois, dit-elle d’une voix prudente. Elle était plus malheureuse qu’elle ne le laissait entendre. Elle adorait l’université, mais ce n’était pas facile pour elle. Il fallait qu’elle ait de très bonnes notes pour garder sa bourse, et c’était difficile pour elle de quitter la maison. Elle commençait à prendre des antidépresseurs et elle voyait un psy à Byars. Ton père et moi, on pensait qu’elle allait mieux, mais on avait tort.

      Tiffany essayait de se calmer, mais elle était encore très en colère.

      — Je déteste cette école, dit-elle. Je n’irai jamais là-bas.

      — C’est un endroit très bien, dit Eunice. Une très bonne école. C’est très difficile, c’est tout.

      — Je parie que les autres filles la trouvaient pas si bien que ça, dit Tiffany.

      April écoutait son amie avec attention.

      — Quelles autres filles ? demanda-t-elle.

      — Deanna et Cory, répondit Tiffany. Elles sont mortes aussi.

      Eunice secoua la tête tristement et dit à Riley.

      — Ces deux filles se sont suicidées à Byars le semestre dernier. C’est une année funeste là-bas.

      Tiffany regarda sa mère fixement.

      — C’étaient pas des suicides, dit-elle. Lois n’y croyait pas. Elle disait toujours qu’il y avait quelque chose de pas normal. Elle ne savait pas ce que c’était, mais elle m’a dit que ça devait être horrible.

      — Tiffany, elles se sont suicidées, insista Eunice d’un air las. Tout le monde le dit. Ces choses-là arrivent.

      Tiffany se leva, en tremblant de rage et de frustration.

      — Lois n’est pas morte comme ça, dit-elle.

      Eunice dit :

      — Quand tu seras plus âgée, tu comprendras que la vie est plus dure que tu ne l’imagines. Maintenant, rassied-toi, s’il te plait.

      Tiffany s’assit en silence. Le regard d’Eunice se perdit dans le vide. Riley se sentit soudain très mal à l’aise.

      — On ne voulait pas vous déranger comme ça, dit Riley. Je vous présente mes excuses. Il vaut mieux qu’on y aille.

      Eunice hocha la tête en silence. Riley

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