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petite ville chic de banlieue, du nom de Ashton, » dit Kate. « C’est le genre de ville qui attire les visiteurs pour ses magasins d’antiquités hors de prix, ses restaurants excessivement chers et ses maisons impeccables. »

      « Et c’est ce que je ne comprends pas, » dit DeMarco. « Dans ce genre d’endroit, les gens ont tendance à jaser, non ? Il serait normal que quelqu’un sache quelque chose ou ait une idée de qui aurait pu faire ça. Mais il n’y a rien dans le dossier. » Elle prononça cette dernière phrase en tapotant le dossier des doigts.

      « Ça m’a toujours décontenancée, » dit Kate. « Ashton est un endroit huppé. Mais c’est également une communauté soudée. Tout le monde se connaît et se montre aimable avec ses voisins. Il y a beaucoup d’entraide entre eux, ils participent tous aux fêtes d’école, ce genre de choses. C’est vraiment l’image de la banlieue parfaite. »

      « Aucun mobile pour un tueur, alors ? » demanda DeMarco.

      « Aucun dont j’ai pu avoir connaissance. Il y a environ trois mille habitants à Ashton. Et bien que l’endroit attire pas mal de monde de New York et de la région, son taux de criminalité est vraiment bas. C’est la raison pour laquelle l’affaire Nobilini a fait beaucoup parler d’elle il y a huit ans, même si le meurtre n’a pas eu lieu à Ashton. »

      « Et il n’y a jamais eu d’autres meurtres dans le genre ? »

      « Non, pas jusqu’à maintenant. Je pense que l’assassin a dû remarquer la présence du FBI et que ça l’a effrayé. Dans une ville de cette taille, il est très facile de remarquer des agents du FBI. » Kate s’interrompit et prit le dossier des mains de DeMarco. « Qu’est-ce que Duran t’a raconté ? »

      « Pas grand-chose. Il a dit que c’était urgent et il m’a demandé de lire le dossier. »

      « Est-ce que tu as vu le genre d’arme qui a été utilisée pour le meurtre ? » demanda Kate.

      « Oui. Un Ruger Hunter Mark IV. Ça m’a semblé bizarre, presque professionnel. Ce n’est pas une arme banale pour un simple meurtre sans mobile apparent. »

      « Je trouve aussi. La balle et la douille que nous avons retrouvées nous ont facilement permis d’identifier l’arme. Mais malgré le fait que ce soit une arme particulière et assez rare, le fait qu’elle ait été utilisée nous donne une autre indication : que l’assassin est quelqu’un qui ne doit pas être habitué à tuer des gens. »´

      « Pourquoi ? »

      « Si c’était quelqu’un qui savait ce qu’il faisait, il saurait que le Ruger Hunter Mark IV laisserait une douille. Ce qui en fait un très mauvais choix d’arme pour un meurtre. »

      « J’imagine que le meurtre qui nous intéresse aujourd’hui a été commis avec le même genre d’arme ? » demanda DeMarco.

      « Selon Duran, il s’agit exactement de la même arme. »

      « Alors l’assassin a décidé de frapper à nouveau huit ans plus tard. C’est bizarre. »

      « Eh bien, c’est quelque chose que nous allons devoir vérifier, » dit Kate. « Tout ce que Duran m’a dit, c’était que le meurtre avait été mis en scène. Et que l’arme utilisée pour l’assassinat était du même genre que celle qui avait tué Frank Nobilini. »

      « Oui, et que ça s’est passé dans le quartier de Midtown. Je me demande si cette dernière victime a aussi un lien avec Ashton. »

      Kate se contenta de hausser les épaules. L’avion tressaillit sous l’effet de turbulences. Ça lui avait fait du bien de résumer les détails de cette affaire. Ça lui avait permis de rafraîchir ses souvenirs et d’avoir l’impression que l’enquête était à nouveau ouverte. Peut-être qu’après huit ans, elle verrait les choses d’un autre œil.

      ***

      Ça faisait longtemps que Kate n’était plus venue à New York. La dernière fois, c’était pour une escapade d’un weekend avec Michael, son mari, peu avant qu’il ne meure. Les embouteillages et le trafic étaient toujours aussi impressionnants. En comparaison, Washington semblait être une ville de province. Le fait qu’il soit presque vingt et une heures un vendredi soir n’aidait pas non plus.

      Elles arrivèrent à la scène de crime à 20h42. Kate gara leur voiture de location aussi près que possible du ruban délimitant la scène. Le crime avait eu lieu dans une petite ruelle située sur la 43e rue, à quelques pâtés de maisons de Grand Central. Deux voiture de police étaient garées face à face devant la ruelle, sans vraiment en bloquer l’accès, mais pour clairement indiquer que les lieux n’étaient pas ouverts aux badauds.

      Quand Kate et DeMarco arrivèrent à la ruelle, un policier de taille imposante les arrêta. Mais quand Kate lui montra son badge, il haussa les épaules et souleva le ruban pour les laisser passer. Elle vit qu’il regardait DeMarco au moment où elle se baissa pour passer en-dessous du ruban. Elle se demanda si DeMarco, qui ne cachait pas son homosexualité, était dérangée par le fait qu’un homme la regarde ou si elle trouvait ça plutôt flatteur.

      « Le FBI, » dit le policier, en soupirant. « On m’a dit que vous alliez venir. Je trouve que c’est un peu exagéré, car c’est une affaire qui n’a pas trop l’air compliquée. »

      « On vient juste vérifier l’un ou l’autre détail, » dit Kate, en s’enfonçant dans la ruelle sombre en compagnie de DeMarco.

      Les voitures de police à l’entrée de la ruelle avaient été garées de manière à éclairer un peu la ruelle de leurs phares. Les ombres étirées de Kate et de DeMarco ajoutaient une touche sinistre à la scène.

      Au fond de la ruelle – qui se terminait en cul-de-sac sur un mur en briques – deux policiers et un détective en civil formaient un demi-cercle. Contre le mur devant eux, Kate discerna une forme sombre. Il s’agissait sûrement de la victime. Elles s’approchèrent des trois hommes et elles se présentèrent, tout en leur montrant leur badge.

      « Enchanté de vous rencontrer, » dit l’un des policiers. « Mais pour être tout à fait franc, je ne comprends pas pourquoi le FBI a autant insisté pour nous envoyer quelqu’un. »

      « On en a déjà parlé, » dit le détective en civil. Il devait avoir la quarantaine et il avait une allure un peu grunge. De longs cheveux foncés, il était mal rasé, et il portait des lunettes qui faisaient penser à celles de Buddy Holly.

      « C’est toujours pareil, » dit le détective. Il regarda Kate, leva les yeux au ciel, et dit : « Lorsqu’un crime date de plus d’une semaine, la police de New York ne veut plus s’en occuper. Ils n’arrivent pas à comprendre comment on peut s’intéresser à un crime qui remonte à plus de huit ans. C’est moi qui ai appelé le FBI. Je me rappelle qu’ils étaient très impliqués sur l’affaire Nobilini à l’époque, en raison de liens avec quelqu’un du Congrès, c’est bien ça ? »

      « C’est bien ça, » dit Kate. « Et c’est moi qui dirigeais l’enquête à l’époque. »

      « Enchanté de faire votre connaissance. Je suis le détective Luke Pritchard. J’ai toujours été intéressé par les affaires non résolues. Et celle-ci a attiré mon attention en raison de l’arme qui a été utilisée et le fait que le meurtre ressemble à une exécution. Si vous regardez de plus près, vous verrez des éraflures sur le front de la victime. Apparemment, l’assassin l’a forcée à s’appuyer contre le mur en briques. » Il posa la main sur le côté de l’édifice qui se trouvait à leur droite, où des éclaboussures de sang avaient séché.

      « On peut s’approcher ? » demanda Kate.

      Les deux policiers haussèrent les épaules, avant de s’écarter. « Bien sûr, » dit l’un d’entre eux. « Avec un détective et le FBI sur l’affaire, nous vous laissons faire. »

      « Amusez-vous bien, » dit l’autre policier. Sur ces mots, ils tournèrent

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