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pendant combien de temps pouvons-nous vivre là ? » demanda Merek.

      Silis secoua la tête en jetant un regard à leurs provisions.

      « Une semaine, peut-être », répondit-elle.

      Un grondement phénoménal se fit entendre en haut, et Godfrey tressaillit en sentant le sol trembler sous ses pieds.

      Silis bondit sur ses pieds, agitée, fit les cent pas, examinant le plafond tandis que de la poussière commençait à en tomber, pleuvant sur eux. Cela sonnait comme une avalanche de pierres au-dessus d’eux, et elle le scruta avec l’inquiétude d’une propriétaire.

      « Ils ont ouvert une brèche dans mon château », dit-elle, plus pour elle-même que pour eux.

      Godfrey vit une expression peinée sur son visage, et il le reconnut comme étant celui d’une personne perdant tout ce qu’elle avait.

      Elle se tourna et regarda Godfrey avec gratitude.

      « J’aurais été là-haut sans vous. Vous nous avez sauvé la vie. »

      Godfrey soupira.

      « Et pour quoi ? » demanda-t-il, contrarié. « Quel bien cela a-t-il fait ? Pour que nous puissions mourir tous ensemble ici en bas ? »

      Silis paraissait abattue.

      « Si nous restons là », demanda Merek, « est-ce que nous mourrons tous ? »

      Silis se tourna vers lui et hocha tristement de la tête.

      « Oui », répondit-elle faiblement. « Pas aujourd’hui ou demain, mais d’ici quelques jours, oui. Ils ne peuvent pas arriver jusqu’ici – mais nous ne pouvons pas aller là-haut. Bientôt nos provisions seront épuisées. »

      « Alors quoi ensuite ? » l’interrogea Ario en lui faisant face. « Comptez-vous mourir ici ? Parce que moi, pour ma part, je n’en ai pas l’intention. »

      Silis faisait les cent pas, sourcils froncés, et Godfrey put la voir réfléchir longuement.

      Puis, finalement, elle s’arrêta.

      « Il y a une chance », dit-elle. « C’est risqué. Mais cela pourrait marcher. »

      Elle se tourna, leur fit face, et Godfrey retint son souffle, d’espoir et d’attente.

      « Du temps de mon père, il y avait un passage souterrain sous le château », dit-elle. « Il passe à travers les murs du château. Nous pourrions le trouver, s’il existe encore, et partir de nuit, à la faveur de l’obscurité. Nous pouvons essayer de nous frayer un chemin à travers la cité, vers le port. Nous pouvons prendre un de mes navires, s’il en reste encore, et appareiller depuis cet endroit. »

      Un long silence incertain tomba sur la pièce.

      « Risqué », dit finalement Merek, la voix grave. « La cité va fourmiller de gens de l’Empire. Comment sommes-nous censés la traverser sans nous faire tuer ? »

      Silis haussa les épaules.

      « Vrai », dit-elle. « S’ils nous capturent, nous serons tués. Mais si nous sortons quand il fait assez sombre, et que nous tuons tous ceux qui se tiennent en travers de notre route, peut-être atteindrons nous le port. »

      « Et si nous trouvons le passage et arrivons jusqu’au port, et que vos navires n’y sont pas ? » demanda Ario.

      « Aucun plan n’est certain », dit-elle. « Il se peut très bien que nous mourions là dehors – et il se peut très bien que nous mourions ici en bas. »

      « La mort viendra pour nous tous », intervint Godfrey, qui éprouvait une nouvelle motivation en se mettant debout et en faisant face aux autres, plein de détermination alors qu’il surmontait ses peurs. « C’est une question à propos de la manière dont nous souhaitons mourir : ici, tapis comme des rats ? Ou là-haut, visant notre liberté ? »

      Lentement, un à la fois, les autres se mirent tous debout. Ils lui firent face et hochèrent tous solennellement de la tête en réponse.

      Il sut, à ce moment-là, qu’un plan avait été créé. Cette nuit, ils s’échapperaient.

      CHAPITRE HUIT

      Loti et Loc marchaient côte à côte sous le soleil brûlant du désert, tous deux enchaînés l’un à l’autre, tout en étant fouettés par les contremaîtres derrière eux. Ils cheminaient à travers l’étendue désolée et pendant qu’ils le faisaient, Loti se demanda une fois encore pourquoi son frère les avait portés volontaires pour ce travail dangereux et éreintant. Était-il devenu fou ?

      « À quoi pensais-tu ? » lui murmura-t-elle. Ils étaient poussés par-derrière et quand Loc perdit l’équilibre et trébucha vers l’avant, Loti le prit par son bon bras avant qu’il ne tombe.

      « Pourquoi nous as-tu portés volontaires ? » ajouta-t-elle.

      « Regarde droit devant », dit-il en reprenant son équilibre. « Que vois-tu ? »

      Loti leva les yeux et ne vit rien hormis le désert monotone qui s’étirait devant eux, plein d’esclaves, le sol dur à cause des rochers ; au-delà de cela, elle vit une pente menant à une crête, au sommet de laquelle travaillaient une dizaine d’esclaves supplémentaires. Partout se trouvaient des contremaîtres, le bruit des fouets pesait dans l’air.

      « Je ne vois rien », répondit-elle, impatiente, « à part plus de la même chose : des esclaves exploités jusqu’à la mort par des contremaîtres. »

      Loti ressentit soudain une douleur cuisante dans le dos, comme si sa peau lui était arrachée, et elle poussa un cri alors qu’elle était fouettée, la lanière lui entaillant la peau.

      Elle se retourna pour voir le visage renfrogné d’un contremaître derrière elle.

      « Taisez-vous ! » ordonna-t-il.

      Loti eut envie de pleurer à cause de la douleur intense, mais elle tint sa langue et continua à marcher à côté de Loc, ses chaînes s’entrechoquant sous le soleil. Elle se jura de tuer tous ces membres de l’Empire sitôt qu’elle le pourrait.

      Ils continuèrent à marcher en silence, le seul bruit était celui de leurs bottes crissant sur les pierres. Finalement, Loc s’avança doucement plus près d’elle.

      « Ce n’est pas ce que tu vois », murmura-t-il, « mais ce que tu ne vois pas. Regarde de plus près. Là-haut, sur la crête. »

      Elle étudia le paysage, mais ne vit rien.

      « Il n’y a qu’un contremaître là-haut. Un. Pour deux douzaines d’esclaves. Regarde derrière, dans la vallée, et vois combien il y en a là. »

      Loti jeta furtivement un regard en arrière par-dessus son épaule, et dans la vallée qui s’étendait en contrebas, elle vit des dizaines de contremaîtres supervisant des esclaves, qui cassaient des rochers et labouraient la terre. Elle se retourna et regarda à nouveau vers la crête, et elle comprit pour la première fois ce que son frère avait à l’esprit. Non seulement il n’y avait qu’un seul contremaître, mais encore mieux, il y avait un zerta à côté de lui. Un moyen de s’échapper.

      Elle était impressionnée.

      Il hocha de la tête d’un air entendu.

      « Le sommet de la crête est le poste de travail le plus dangereux », murmura-t-il. « Le plus chaud, le moins convoité, à la fois par les esclaves et les contremaîtres. Mais ça, ma sœur, c’est une opportunité. »

      Loti reçut soudain un coup de pied dans le dos, et elle tituba vers l’avant avec Loc. Tous deux se redressèrent et poursuivirent vers la crête, Loti luttant pour respirer, tentant de reprendre son souffle sous la chaleur montante tandis qu’ils grimpaient. Mais cette fois-ci, quad elle regarda en arrière, son cœur se gonfla d’optimisme, battant plus vite dans sa gorge :

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