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mais seulement au travail et à l’économie.

      Mon Dieu, comme ils lui auraient manqué.

      Mais la décision était prise, il ne pouvait plus revenir en arrière.

      Ainsi, angoissé par la tâche ingrate de devoir éteindre l’enthousiasme de ses collègues par son propre discours d’adieux, il monta à la tribune, approcha le micros de sa bouche et, ayant attiré l’attention de toutes les personnes présentes, il dit : « Mes amis, le moment est venu de vous prévenir que, comme je viens de l’annoncer à Monsieur Russo dans une brève entrevue, j’ai pris la décision irrévocable d’accepter une offre prestigieuse provenue des États-Unis, de la JW Corporation. »

      Ces paroles furent suivies d’un murmure de préoccupation, qui se répandit rapidement parmi les auditeurs.

      « Il s’agit pour moi d’une occasion économique et professionnelle à laquelle je ne puis renoncer, poursuivit-il. Toutefois, je désire adresser mes remerciements à chacun d’entre vous, parce que votre très précieux concours, votre disponibilité et votre entière collaboration, m’ont donné la possibilité de faire grandir cette société et de marquer un tournant dans ma vie de travail qui me permettra de m’approcher du rêve que j’ai de devenir un manager célèbre, connu même au-delà des frontières italiennes et européennes. Cependant, je vous suis surtout reconnaissant pour l’amitié sincère que vous m’avez toujours témoignée depuis le jour où j’ai été accueilli parmi vous dans l’entreprise. À présent », conclut-il avec émotion, « il ne me reste qu’à vous saluer et à vous souhaiter d’obtenir des résultats toujours meilleurs. »

      Son discours d’adieu toucha profondément ses collègues, qui exprimèrent par un silence assourdissant leur regret de devoir quitter le manager dont le talent avait réussi à coordonner leur travail.

      Prenant part à leur déception, Marco déposa le micros et, la tête basse, il rejoignit les autres employés, encore bouleversés par le torrent d’émotion qui venait de les submerger.

      Le seul qui eut la force de reprendre l’usage de la parole fut son cher ami Massimo, un homme imposant, au caractère gai et prompt à la répartie. Mais il avait perdu sa bonne humeur contagieuse.

      « Giovanni, dit-il, tout triste, en se tournant vers un collègue à sa droite, ne rallume pas la musique; à présent, nous n’avons plus de raison de fêter quoi que ce soit. Sans Marco, notre entreprise est finie et bientôt nous nous retrouverons au chômage… ».

      Son intervention fut entièrement approuvée par tous, y compris Luisa, la secrétaire, qui était accourue pour écouter les déclarations du manager et qui, les yeux éteints, fixait maintenant le mur récemment repeint.

      La fête se termina tristement. Marco passa quelques interminables minutes à dire adieu à ses ex-collègues avant de sortir de l’établissement, tandis que leurs commentaires choqués résonnaient à ses oreilles avec mélancolie.

      Pas même le ronflement du moteur de sa voiture ne parvint à le tirer de ses réflexions, alors qu’il se dirigeait vers la maison.

      Au moment où il aperçut l’habitation où il vivait avec Francesca, il se rappela soudain que la jeune fille pouvait accueillir la nouvelle du déménagement avec une colère bien compréhensible, étant donné qu’elle non plus n’avait pas été mise au courant de la proposition de Jason Walker.

      «J’aurais dû lui en parler», songea Marco.

      Mais maintenant il était trop tard.

      Troublé par cette prise de conscience, il gara la voiture, sonna et attendit que sa fiancée lui ouvrît.

      Chapitre II

      Exode

      Au bout de quelques secondes, Marco entendit la clé tourner dans la serrure et la porte s’ouvrit, laissant apparaître une jeune fille élancée et fine. Son visage au teint clair était encadré d’une cascade d’abondants cheveux châtains et lisses, ce qui offrait un contraste chromatique irrésistible avec ses yeux bleu clair : c’était Francesca.

      À la vue de son compagnon, sa bouche charnue s’ouvrit instinctivement en un large sourire candide qui illumina son visage.

      « Bonjour, trésor ! », s’écria-t-elle joyeusement, tout en ouvrant le portail de la maison.

      Marco répondit par un sourire forcé, bien insuffisant pour dissimuler la préoccupation évidente qui le tourmentait.

      « Comment cela s’est-il passé aujourd’hui au travail ? Quelque chose est allée de travers ? demanda la jeune fille, dont les yeux perçants avaient surpris le malaise de son fiancé, dès qu’il avait franchi le seuil.

      - Tout s’est bien passé, journée tranquille », répondit le menteur, en évitant soigneusement le regard importun.

      Francesca le scruta pendant quelques instants, mais ensuite elle haussa les épaules et servir le déjeuner.

      Pendant le repas, Francesca essaya de lancer une conversation, mais Marco, distrait par la crainte de révéler à sa fiancée ce qui s’était passé ce matin-là, se limita à répondre par monosyllabes et à acquiescer en silence.

      Cette attitude insolite ne put échapper aux yeux de Francesca, que la réponse reçue précédemment avait laissée perplexe.

      « Quelque chose ne va pas ?

      - N… Non, balbutia Marco.

      - Tu en es sûr ?», insista-t-elle.

      Silence.

      « Regarde-moi droit dans les yeux », ordonna-t-elle sur un ton vaguement menaçant.

      Marco, réticent, leva les yeux, jusqu’à ce que son regard croisât les yeux bleus de Francesca.

      « Les yeux sont le miroir de l’âme », fit-elle avec un sourire amer.

      Non, il n’y avait pas de voie d’issue. Un simple regard lui avait suffi pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Comme toujours.

      Marco soupira profondément et rassembla toute sa force de caractère pour murmurer faiblement : « J’ai accepté une mutation à la JW Corporation de New York.

      - Quoi ? demanda Francesca, stupéfaite, se contenant avec peine.

      -Oui, je pars pour New York pour le travail, confirma-t-il, se préparant à soutenir une réaction rageuse, qui, comme il était à prévoir, ne tarda pas à arriver.

      - Et tu crois que c’est le moment de me le dire ? », demanda-t-elle, furieuse, tandis que ses yeux flamboyaient.

      De nouveau, silence.

      « Étant donné que nous vivons sous le même toit, il ne t’est pas venu à l’esprit qu’il serait bien d’évaluer la proposition à deux, avant de donner ta parole ? Ne te souviens-tu pas qu’avant de commencer à vivre ensemble nous nous étions promis de prendre toute décision d’un commun accord ? renchérit Francesca, sans paraître vouloir calmer son irritation.

      - Mais tu ne veux vraiment pas comprendre mon désir d’une vie et d’un poste de travail meilleurs ? Tu ne veux pas déménager parce que cela ne t’intéresse pas !

      - Je n’ai pas dit que je t’aurais obligée à refuser : pour toi, j’aurais accepté cela et bien autre chose encore ! Mais, toi, tu n’as pas eu le courage de m’en parler, par crainte que je ne m’oppose à ton projet. Apparemment, pour toi, il a la priorité sur notre projet de vie commune…

      - Au contraire, passer le reste de mes jours avec toi a toujours été mon plus grand désir, mais évidemment tu ne le comprends pas, car autrement tu ne m’accuserais pas ainsi !

      - Mais te rends-tu compte que tu es tout simplement en train de te décharger sur moi de tes fautes ? Tu n’es qu’un lâche, je ne trouve pas d’autres termes pour te définir…

      -

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