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dans le plus profond de l'antre de la volupté, l'âme de ma belle et la mienne se confondirent quelques moments. Elle avoua que de sa vie elle n'avait conçu l'idée d'un plaisir aussi ravissant: elle nous pressait sur son sein son mari et moi, et gémissait de ce que la nature humaine accordait si peu de force pour savourer et prolonger la volupté. Ce dernier combat ayant épuisé nos ressources, nous nous retirâmes pour la laisser chercher, dans les bras du sommeil, le repos que nous allâmes prendre, chacun de notre côté, dans nos lits.

      Le lendemain, je fus réveillé à onze heures par la jeune Babet, filleule de Mme Valbouillant, qui vint me dire qu'elle m'attendait pour déjeuner avec du chocolat, et que je vinsse dans l'état où je serais. Comme j'aurai occasion de parler de Babet, et, pendant qu'elle est dans ma chambre, j'en vais crayonner le portrait. Elle avait à peine quatorze ans; sa taille, haute et légère, aurait pu servir de modèle à l'Albane pour peindre la plus jeune des Grâces; un sein petit et dur commençait à s'arrondir autour de deux boutons vermeils et frais comme la rose, et qui paraissaient à l'oeil comme deux fraises appétissantes que le soleil n'a fait encore que rougir légèrement; son front brillait du coloris de l'innocence; dans ses yeux on commençait à entrevoir le plaisir d'aimer encore méconnu, et la gaîté naïve, entr'ouvrant sa bouche de corail, allait creuser dans ses joues deux fossettes charmantes.

      Je l'avais peu remarquée jusqu'alors; malgré les fatigues de la nuit, le démon du matin ne me laissa pas maître de voir sans émotion tant de charmes. Je me fis répéter trois fois le sujet de sa commission, quoique je l'eusse entendu dès la première. – Est-ce vous, charmante Babet, lui dis-je, en jetant ma couverture pour me lever et me rendre aux ordres de sa maîtresse, est-ce vous qui préparez cet excellent chocolat? – Oui, monsieur, c'est moi. – Que je voudrais bien être à sa place, comme je mousserais bien sous vos mains. – Un abbé, mousser, cela serait plaisant. – Et très naturel. – Vous moquez-vous? comment cela se peut-il? – Tu vas le voir, lui dis-je en l'attirant sur mon lit; suppose que ceci est le manche du moussoir. – Ah! comme c'est fait; mais non, je veux m'en aller, et feignant de vouloir sortir et de détourner la tête, je l'aperçus cependant qui glissait un regard de côté pour mieux détailler cet objet nouveau pour elle. – On ne me quitte pas ainsi, repris-je en la retenant avec un tel effort qu'elle perdit l'équilibre et tomba de côté sur mon lit, de telle sorte que voulant se retenir, ce fut directement au manche du moussoir qu'elle s'accrocha.

      Me trouvant bien du hasard de la chute, je la maintins dans cette attitude. – Ah! mon Dieu, que cela est dur! dit-elle, en s'accoutumant à le considérer, et le touchant avec complaisance; à quoi cela peut-il servir? – A faire ton bonheur et le mien. – Cela serait drôle, et comment cela? – En le plaçant dans l'ouverture de la chocolatière. – Elle est chez madame, au coin du feu, je vais vous la chercher. – Ne te donne pas tant de peines, tu portes toujours avec toi celle qu'il me faut. Je lui fis sentir par l'attouchement d'un doigt caressant quel était le meuble qu'il me fallait. – Comme vous me chatouillez!… – Comment? Quoi donc?… Ils sont faits l'un pour l'autre, et c'est de leur union que naîtra pour nous le plus grand des plaisirs. – Ah! comme votre doigt seulement m'en donne, ah! que cela est drôle! Et vous dites que ce que je tiens là m'en donnerait davantage. – Je t'en réponds, cela ne se ressemble pas. – Que je le baise donc? Et la pauvre ingénue se mit à me le couvrir de baisers pendant que mon doigt, continuant son office obligeant, la conduisit à la dernière période de la volupté. – Ah!… ah!… quelle ivresse, s'écriait-elle, en roulant les yeux et agitant les reins. Je n'en puis plus… Je meurs, ah!… ah!… je suis toute mouillée. Je contemplais avec délices les effets du plaisir sur sa mine innocente et candide; j'allais essayer de lui donner des plaisirs plus solides, quand du bruit que j'entendis dans le corridor me fit lâcher prise et remettre à un autre temps la leçon de cette charmante écolière. – A ce soir, lui dis-je, quand tout le monde sera couché, j'irai achever de t'instruire. Tu le veux bien? – Si je le veux? Je vous en prie. – Ne dis rien à personne de ce que nous avons fait, et laisse ta porte entr'ouverte. – Je n'y manquerai pas.

      A peine était-elle sortie que Valbouillant entra. – Comment, pas encore debout, paresseux!… Voilà ce que c'est que de vous envoyer de si jeunes émissaires, monsieur songe moins au message qu'à la messagère. – Je dormais profondément, Babet a eu de la peine à m'éveiller. – Elle vous tenait pourtant par l'endroit sensible. – Que dites-vous? – Mais vous n'étiez pas ingrat. – Quoi! vous pourriez penser? – J'ai vu, fripon, mais je me suis retiré pour ne pas être un trouble-fête, et j'ai fait ensuite assez de bruit en revenant pour que vous ne fussiez pas surpris de ma venue. La petite Babet est charmante, j'en raffole depuis mon retour, et je ne vous laisserai pousser tranquillement votre pointe qu'à condition que quand vous l'aurez initiée, elle sera associée à nos plaisirs. – Soit, repris-je, laissez-moi huit jours pour la disposer et je vous la donne après pour l'effet de la société la plus aimable. – Huit jours, ah! monsieur l'abbé, du train dont vous y allez, le terme est trop long, la nuit prochaine passée, celle d'après, il vous plaira que tout soit commun entre nous.

      Il fallut bien y consentir. Pendant ce colloque, j'avais passé des bas, un caleçon et une robe de chambre, et il m'emmena chez sa femme, où nous trouvâmes le chocolat tout préparé, qui nous fut versé par les mains de Babet, qui, sans savoir pourquoi, rougissait en emplissant ma tasse. Valbouillant lui donna quelque ordre qui la fit sortir pour un quart d'heure, et profitant de son absence, il conta à sa femme ce qu'il avait surpris de mes arrangements avec sa filleule. – Comment, libertin, dit-elle, déjà une infidélité!… Mais je ne serai pas si douce que mon mari, ou je dérange vos projets, ou je repaîtrai mes yeux de vos succès. – Comment voulez-vous qu'une première fois cette jeune personne consente? – Laissez-moi faire, dit-elle, elle est parfaitement innocente, a pleine confiance en moi, et si les exploits de cette nuit n'ont pas mis l'abbé hors de combat… – Hors de combat, repris-je en lui faisant voir que j'étais dans toute ma gloire. – Ah! ma foi, l'abbé est un héros. Eh bien, j'entends que le pucelage de Babet n'ait pas plus d'une heure à vivre et que nous assistions à ses obsèques; j'en fais mon affaire. – Comment prétendez-vous?… – Ne vous embarrassez pas, laissez-moi conduire la chose et je réponds de la réussite.

      Quelques moments après, Babet rentra. – Qu'on dise là-bas que nous sommes sortis et qu'on ne laisse monter personne, dit la marquise d'un ton sérieux mais sans dureté; revenez aussitôt, Babet, j'ai des choses importantes à vous apprendre. La filleule obéit et rentra. – Asseyez-vous, Babet, continua Mme Valbouillant. L'innocente balançait. – Obéissez. Elle céda. – Je suis votre marraine, et trop instruite dans ma religion pour ignorer qu'en vous tenant sur les fonts, j'ai pris l'engagement de vous éclairer, de vous protéger et de pourvoir tant que je pourrai à vos besoins. – Vous l'avez toujours fait, madame, et ma reconnaissance… – Je veux continuer, l'âge en amène de nouveaux. Depuis un temps, j'ai cru remarquer que votre sein s'arrondit. – Madame, ce n'est pas ma faute. – Je ne vous en fais pas un reproche, mais il faut que je voie en quel état il est. La pauvrette rougit. – L'abbé, continua Mme Valbouillant, délacez son corset: comme vous serez son directeur, il est bon que vous jugiez par vous-même des secours dont elle peut avoir besoin.

      Je me mis en devoir d'obéir; la petite, embarrassée, interdite, ne savait s'il fallait résister ou céder. – Vous n'êtes plus une enfant, poursuivit la marraine, je vais à présent vous parler comme à une grande fille, et vous devez vous conduire de même; vous n'imaginez pas, je crois, que je veuille faire, ni vous faire faire quelque chose qui ne soit pas convenable. D'ailleurs la présence de mon mari devrait vous rassurer; mais pour détruire votre timidité, je veux bien vous montrer l'exemple. En disant cela, elle détacha son fichu elle-même et découvrit cette gorge que nous avions tant fêtée la nuit. Babet fit moins de résistance et me laissa tirer de son corset deux petits globes naissants, blancs et fermes comme l'albâtre; je fus ébloui de leur éclat. – Bon, dit la dame en les touchant légèrement, ceci annonce quelque chose, voyez si le reste le confirme; vous étiez chauve, il y a quelques années, au-dessous de votre buste, l'êtes-vous encore? – Madame… – Eh bien? – C'est que je n'ose. – Dites, dites, ne craignez rien… – Depuis six mois… – Après? – Il m'est venu… – Voyons? – Il est peut-être malhonnête. – Bon, ce qui est naturel peut-il l'être, regardez-y, l'abbé.

      Babet,

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