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faire un livre qu’en France.» Oui, si le seul but d’un livre est de faire comprendre une idée; non s’il espère en même temps faire sentir, donner quelque nuance d’émotion.

      La règle française n’est bonne que pour un livre d’histoire, par exemple l’Histoire de la Régence, de M. Lemontey, dont j’admire le style vraiment académique. La préface de M. Lemontey (avare, que j’ai beaucoup connu chez M. le comte Beugnot), peut passer pour un modèle de ce style académique.

      Je plairais presque sûrement aux sots, si je prenais la peine d’arranger quelques morceaux du présent bavardage. Mais peut-être, écrivant ceci comme une lettre, à mon insu, je fais ressemblant.

      Or, avant tout, je veux être vrai. Quel miracle ce serait dans ce siècle de comédie, dans une société dont les trois quarts des acteurs sont des charlatans aussi effrontés que M. Magendie ou M. le comte Regnault de St-Jean-d’Angély, ou M. le baron Gérard!

      Un des caractères du siècle de la Révolution (1789-1832), c’est qu’il n’y ait point de grand succès sans un certain degré d’impudeur et même de charlatanisme décidé. M. de Lafayette, seul, est au-dessus du charlatanisme qu’il ne faut point confondre ici avec l’accueil obligeant, arme nécessaire d’un chef de parti.

      J’avais connu chez Mme Cabanis un homme qui, certes, n’est pas charlatan, M. Fauriel (l’ancien amant de Mme Condorcet). C’est, avec M. Mérimée et moi, le seul exemple à moi connu de non-charlatanisme parmi les gens qui se mêlent d’écrire.

      Aussi M. Fauriel n’a-t-il aucune réputation. Un jour, le libraire Bossanges me fit offrir cinquante exemplaires d’un de ses ouvrages si je voulais, non seulement faire un bel article d’annonce, mais encore le faire insérer dans je ne sais quel journal où alors (pour quinze jours) j’étais en faveur. Je fus scandalisé et prétendis faire l’article pour un seul exemplaire. Bientôt le dégoût de faire ma cour à des faquins sales me fit cesser de voir ces journalistes et j’ai eu à me reprocher de ne pas avoir fait l’article.

      Mais ceci se passait en 1826 ou 27. Revenons à 1821. M. Fauriel, traité avec mépris par Mme Condorcet, à sa mort (ce ne fut qu’une femme à plaisir physique), allait beaucoup chez une petite pie-grièche à demi-bossue, Mlle Clarke.

      C’était une Anglaise qui avait de l’esprit, on ne saurait le nier, mais un esprit comme les cornes du chamois: sec, dur et tordu. M. Fauriel, qui alors goûtait beaucoup mon mérite, me mena bien vite chez mademoiselle Clarke, j’y retrouvai mon ami A. T. qui, là, faisait la pluie et le beau temps. Je fus frappé de la figure de Mme Belloc66 (femme du peintre) qui ressemblait étonnamment à Lord Byron, qu’alors j’aimais beaucoup. Un homme fin, qui me prenait pour un Machiavel, parce que j’arrivais d’Italie, me dit: «Ne voyez-vous pas que vous perdez votre temps avec Mme Belloc? Elle fait l’amour avec Mlle M… (petit monstre affreux avec de beaux yeux.)

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      1

      De l’amour.

      2

      On pense à ces vers de Dante:

      Era già l’ora che volge il disio

      A’ naviganti e ’ntenerisce il cuore,

      Lo di ch’ han detto à dolci amici addio,

      E che lo nuovo peregrin d’amore

      Punge, se ode squilla di lontano,

      Che paia ’l giorno pianger che si muore.

      3

      Voir: Vie de Henri Brulard, chapitre Ier.

      4

      Je cite d’après l’édition de 1817. – Où Monselet avait-il donc pris que Beyle avait horreur des points d’exclamations?

      5

      Voir sur Lord Byron, Monti, etc., la lettre que Beyle adresse à Madame L. S. Belloc, l’auteur de Lord Byron, (Correspondance inédite, p. 273 et suiv., vol. I; et dans Racine et Shakespeare (édition Michel Lévy): Lord Byron en Italie, 1816, p. 261-285).

      6

      Journal de Stendhal, p. 113.

      7

      Mignet: Portraits et notices historiques et littéraires, vol. I, p. 374 et 376.

      8

      Vol. XIII.

      9

      Dernières études historiques et littéraires, vol. II.

      10

      Correspondance inédite, vol. II, p. 149.

      11

      Album de Murcie.

      12

      Souvenirs inédits de Delécluze, (Revue Rétrospective, dixième semestre, 1889) – p. 265.

      13

      Le Chapitre 35 est entièrement consacré à la Pasta.

      14

      Beyle avait entendu Kean à Londres, en 1821.

      15

      On dirait que Beyle avait devant lui la médaille frappée en 1829, à l’effigie de la Pasta et sur laquelle on lit: «Sublime nel canto, unica nell’azione.»

      16

      Histoire de ma vie, cinquième partie, chapitre III.

      17

      Nouveaux Lundis, vol. III, article sur Delécluze.

      18

      Le fait m’a été rapporté par M. Emile Chasles, fils de Philarète Chasles.

      19

      Arnould Frémy: Souvenirs anecdotiques sur Stendhal (Revue de Paris, 11 septembre 1855).

      20

      Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, III, p. 109.

      21

      Sur les Souvenirs de soixante années de Delécluze, voir Nouveaux lundis, vol. 3.

      22

      Histoire

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<p>66</p>

Mme Belloc s’occupait de littérature et publia de 1818 à 1836 un grand nombre de traductions de livres anglais. (Voir la lettre que Beyle écrivit à Mme Belloc au sujet de Byron, Corresp., vol. 1, p. 273.)