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Sganarelle, ou le Cocu imaginaire. Жан-Батист Мольер
Читать онлайн.Название Sganarelle, ou le Cocu imaginaire
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Жан-Батист Мольер
Издательство Public Domain
– Célie -
Peux-tu me conseiller de commettre un forfait,
D'abandonner Lélie, et prendre ce mal fait ?
– La suivante -
Votre Lélie aussi n'est, ma foi, qu'une bête,
Puisque si hors de temps son voyage l'arrête ;
Et la grande longueur de son éloignement
Me le fait soupçonner de quelque changement.
– Célie -
(lui montrant le portrait de Lélie.)
Ah! ne m'accable point par ce triste présage.
Vois attentivement les traits de ce visage :
Ils jurent à mon coeur d'éternelles ardeurs ;
Je veux croire, après tout, qu'ils ne sont pas menteurs,
Et que, comme c'est lui que l'art y représente,
Il conserve à mes feux une amitié constante.
– La suivante -
Il est vrai que ces traits marquent un digne amant,
Et que vous avez lieu de l'aimer tendrement.
– Célie -
Et cependant il faut… Ah! soutiens-moi.
(Elle laisse tomber le portrait de Lélie.)
– La suivante -
Madame,
D'où vous pourrait venir… Ah! bons dieux! elle pâme !
Hé! vite, holà! quelqu'un.
– Sganarelle -
Qu'est-ce donc? me voilà.
– La suivante -
Ma maîtresse se meurt.
– Sganarelle -
Quoi! ce n'est que cela ?
Je croyais tout perdu, de crier de la sorte.
Mais approchons pourtant. Madame, êtes-vous morte ?
Ouais! Elle ne dit mot.
– La suivante -
Je vais faire venir
Quelqu'un pour l'emporter; veuillez la soutenir.
– Sganarelle -
(en passant la main sur le sein de Célie.)
Elle est froide partout, et je ne sais qu'en dire.
Approchons-nous pour voir si sa bouche respire.
Ma foi! je ne sais pas; mais j'y trouve encor, moi,
Quelque signe de vie.
– La femme de Sganarelle -
(regardant par la fenêtre.)
Ah! qu'est-ce que je voi ?
Mon mari dans ses bras… Mais je m'en vais descendre ;
Il me trahit sans doute, et je veux le surprendre.
– Sganarelle -
Il faut se dépêcher de l'aller secourir ;
Certes, elle aurait tort de se laisser mourir.
Aller en l'autre monde est très grande sottise,
Tant que dans celui-ci l'on peut être de mise.
(Il l'emporte avec un homme que la suivante amène.)
– La femme de Sganarelle -
Il s'est subitement éloigné de ces lieux,
Et sa fuite a trompé mon désir curieux.
Mais de sa trahison je ne suis plus en doute,
Et le peu que j'ai vu me la découvre toute.
Je ne m'étonne plus de l'étrange froideur
Dont je le vois répondre à ma pudique ardeur :
Il réserve, l'ingrat, ses caresses à d'autres,
Et nourrit leurs plaisirs par le jeûne des nôtres.
Voilà de nos maris le procédé commun ;
Ce qui leur est permis leur devient importun.
Dans le commencements ce sont toutes merveilles,
Ils témoignent pour nous des ardeurs nonpareilles ;
Mais les traîtres bientôt se lassent de nos feux,
Et portent autre part ce qu'ils doivent chez eux.
Ah! que j'ai de dépit que la loi n'autorise
A changer de mari comme on fait de chemise !
Cela serait commode; et j'en sais telle ici
Qui comme moi, ma foi, le voudrait bien aussi.
(En ramassant le portrait que Célie avait laissé tomber.)
Mais quel est ce bijou que le sort me présente ?
L'émail en est fort beau, la gravure charmante.
Ouvrons.
– Sganarelle -
(se croyant seul.)
On la croyait morte, et ce n'était rien.
Il n'en faut plus qu'autant: elle se porte bien.
Mais j'aperçois ma femme.
– La femme de Sganarelle -
(se croyant seule.)
O ciel! c'est miniature !
Et voilà d'un bel homme une vive peinture !
– Sganarelle -
(à part, et regardant par-dessus l'épaule de sa femme.)
Que considère-t-elle avec attention ?
Ce portrait, mon honneur, ne vous dit rien de bon.
D'un fort vilain soupçon je me sens l'âme émue.
– La femme de Sganarelle -
(sans apercevoir son mari.)
Jamais rien de plus beau ne s'offrit à ma vue ;
Le travail plus que l'or s'en doit encor priser.
Oh! que cela sent bon !
– Sganarelle -
(à part.)
Quoi!