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Henri IV (2e partie). Уильям Шекспир
Читать онлайн.Название Henri IV (2e partie)
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Уильям Шекспир
Жанр Драматургия
Издательство Public Domain
LE JUGE. – Vos moyens sont très-minimes, et vous faites grosse dépense.
FALSTAFF. – Je voudrais qu'il en fût autrement. J'aimerais bien mieux avoir des moyens plus grands, et dépenser moins gros 10.
LE JUGE. – Vous avez perverti le jeune prince.
FALSTAFF. – C'est le jeune prince qui m'a perverti. Je suis l'homme au gros ventre, et lui mon chien 11.
LE JUGE. – Enfin, je ne veux pas rouvrir une plaie récemment guérie: votre service à la journée de Shrewsbury a un peu replâtré vos exploits de nuit à Gadshill. Vous avez à remercier les troubles d'aujourd'hui, de ce que vous avez vu se passer sans trouble une pareille affaire.
FALSTAFF. – Milord?
LE JUGE. – Mais puisque tout est raccommodé, ayez soin que les choses restent comme elles sont, et n'éveillez pas le loup qui dort.
FALSTAFF. – Réveiller un loup est aussi fâcheux que de sentir un renard.
LE JUGE. – Songez que vous êtes comme une chandelle, le meilleur en est usé.
FALSTAFF. – Comme un gros cierge, milord, et tout de suif, et quand j'aurais dit de cire, cela ne conviendrait pas mal à la gravité de ma personne 12.
LE JUGE. – Il n'y a pas un poil blanc sur toute votre figure qui ne dût produire en vous sa portion de gravité.
FALSTAFF. – Qui ne dût produire sa part de jus, jus, jus 13.
LE JUGE. – Vous suivez le jeune prince partout comme son mauvais ange.
FALSTAFF. – Vous vous trompez, milord, un mauvais ange n'est pas de poids 14; au lieu que quiconque me regardera seulement me prendra bien, j'espère, sans me peser: et cependant, je l'avoue, à quelques égards, je ne serais pas de cours. La vertu a si peu de prix dans ces vils siècles de négoce, que le véritable courage se fait meneur d'ours, la vivacité d'esprit servante de cabaret, et elle est obligée d'employer toute la promptitude de ses reparties à présenter des comptes et dépenses: et tous les autres dons qui appartiennent à l'homme, à la manière dont la méchanceté du siècle les accommode, ne valent pas un grain de groseille. Vous qui êtes vieux, vous ne nous tenez pas compte de nos facultés à nous autres qui sommes jeunes; vous jugez de la chaleur de notre foie suivant l'amertume de votre bile; et nous qui sommes dans la fougue de la jeunesse, j'avoue que nous sommes aussi un peu crânes parfois.
LE JUGE. – Osez-vous encore placer votre nom dans la liste des jeunes gens, vous sur qui la main du temps a écrit en toutes lettres que vous êtes vieux? N'avez-vous pas l'oeil larmoyant, la main sèche, le visage jaune, la barbe blanche, une jambe qui diminue et un ventre qui grossit? N'avez-vous pas la voix cassée, l'haleine courte, le menton épais et l'esprit mince? Enfin tout n'est-il pas chez vous ravagé par la vieillesse? Et vous vous traitez encore de jeune homme? Fi, fi, fi, sir Jean!
FALSTAFF. – Milord, je suis né à trois heures de l'après-dînée, ayant la tête blanche et le ventre déjà un peu rond. Quant à ma voix, je l'ai perdue à force de crier après mes soldats et de chanter des antiennes. Vous donner d'autres preuves encore de ma jeunesse, c'est ce que je ne ferai point. La vérité est que je ne suis vieux que d'esprit et de conception; et quiconque voudra gagner mille guinées avec moi à qui fera le meilleur entrechat n'a qu'à m'avancer l'enjeu, et je suis son homme. Pour le soufflet que le prince vous a donné, il vous l'a donné en homme brutal, et vous, vous l'avez reçu en seigneur sensé. Je l'ai réprimandé dans le temps pour cela; et le jeune lion en fait pénitence aujourd'hui, non pas à la vérité dans la cendre et le cilice, mais avec des habits de soie neufs et de vieux vin d'Espagne.
LE JUGE. – Allons; Dieu veuille donner au prince un meilleur compagnon!
FALSTAFF. – Dieu veuille donner au compagnon un meilleur prince! car je ne saurais me dépêtrer de lui.
LE JUGE. – Eh bien! le roi vous a séparé du prince Henri, car on m'a dit que vous partiez avec le prince de Lancastre qui marche contre l'archevêque et le comte de Northumberland.
FALSTAFF. – Oui, et j'en rends grâces à votre aimable et charmante imagination; mais songez donc à prier, vous autres qui restez à la maison à caresser milady la Paix, que nos deux armées ne se joignent pas dans une journée chaude: car, ma foi, je n'emporte que deux chemises avec moi, et je ne prétends pas suer extraordinairement. Si la journée est chaude, je veux ne jamais cracher blanc de ma vie, si je brandis autre chose que la bouteille. Il ne lui passe pas par la tête une entreprise dangereuse qu'il ne me fourre dedans. A la bonne heure, mais je ne peux pas toujours durer. – Ç'a toujours été notre tic à nous autres Anglais, quand nous avons quelque chose de bon, nous le mettons à toutes sauces. S'il vous convient de me trouver si vieux, vous devriez bien me donner un peu de repos. Plût à Dieu que mon nom ne fût pas aussi terrible à l'ennemi qu'il l'est! J'aimerais mieux mille fois être mangé de la rouille jusqu'aux os, que de me voir fondu et réduit à rien par un mouvement perpétuel.
LE JUGE. – Allons, soyez honnête homme, soyez honnête homme. Et que Dieu bénisse votre expédition!
FALSTAFF. – Votre seigneurie voudrait-elle me prêter seulement un millier de guinées pour monter mon équipage?
LE JUGE. – Pas un penny, pas un penny. Vous êtes trop vif à vouloir vous charger de croix 15. Adieu, faites bien mes compliments à mon cousin de Westmoreland.
(Il sort avec l'huissier.)
FALSTAFF. – Si j'en fais rien, je veux bien qu'on me berne sur la couverture d'un coffre 16. L'homme ne peut pas plus séparer la vieillesse de l'avarice, qu'il ne peut chasser la luxure d'un jeune corps. Mais aussi l'un est pris de la goutte, et l'autre prend… 17 Ce qui fait que je n'ai plus rien à leur souhaiter. – Page!
LE PAGE. – Monsieur!
FALSTAFF. – Combien y a-t-il dans ma bourse?
LE PAGE. – Sept groats et deux pence.
FALSTAFF. – Je ne sais aucun remède contre cette consomption de la bourse. Emprunter ne sert qu'à la faire traîner, et traîner jusqu'à la fin; mais le mal reste incurable. Tiens; va porter cette lettre à milord de Lancastre, celle-ci au prince, cette autre au comte de Westmoreland, celle-ci, c'est pour la vieille mistriss Ursule, à qui je promets toutes les semaines de l'épouser, depuis que j'ai aperçu le premier poil blanc à mon menton. A propos de cela, vous savez où me rejoindre. (Le page sort.) La peste soit de cette goutte 18 ou que la goutte soit de l'autre! Car je ne sais de la goutte ou de l'autre lequel fait le diable autour de mon gros orteil. Il n'y a pas grand mal, si je fais un peu de halte; je donnerai mes guerres pour cause de mes souffrances, et ma pension en paraîtra d'autant plus juste; avec de l'esprit, on tire parti de tout: je ferai servir mes infirmités à mon bien-être.
SCÈNE III
L'ARCHEVÊQUE D'YORK. – Vous venez d'entendre nos motifs, et vous connaissez nos ressources; à présent, mes nobles et dignes amis, je vous prie tous de déclarer franchement ce que vous pensez de nos espérances; et d'abord, vous, lord maréchal, qu'en dites-vous?
MOWBRAY. – Je conviens qu'il y a lieu à prendre les armes; mais je voudrais voir un peu mieux comment, avec ce que nous avons de forces, nous pourrons parvenir à faire tête, avec quelque confiance et quelque sûreté, aux troupes et à la puissance du roi.
HASTINGS. – Le nombre actuel
10
Le grand juge a dit à Falstaff
11
12
13
Le juge a dit
14
15
16
17
18