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bataille, et qu'elles furent copiées par Lord Byron, le lendemain matin, sur un album appartenant à l'épouse du monsieur qui nous communique cette anecdote.

Note 30: (retour) Childe Harold, Ch. III, st. 17.

      «Quelques semaines après qu'il les eut écrites (dit le narrateur), le célèbre artiste R. R. Reinagle, qui est un de mes amis, arriva à Bruxelles. – Je l'invitai à dîner, lui montrai ces vers et le priai de leur donner un nouveau prix, en dessinant une vignette analogue au passage suivant:

      C'est ici que l'aigle orgueilleuse prit son dernier essor, puis déchira de son bec sanglant la plaine fatale. Percée des traits des nations liguées, une vie entière d'ambition et de travaux, tout est devenu vain. – Il porte maintenant les fragmens brisés de la chaîne dont il avait chargé le monde.

      M. Reinagle esquissa au crayon une aigle superbe, enchaînée et déchirant la terre de ses serres. -

      »Ayant eu besoin d'écrire à sa seigneurie, je lui parlai de la vignette que j'avais obtenue de cet habile artiste pour ses beaux vers, et de la liberté qu'il avait prise de changer l'action de l'aigle. Voici ce qu'il m'écrivit en réponse: Reinagle est meilleur poète et meilleur ornithologiste que moi. Les aigles et tous les oiseaux de proie attaquent avec leurs serres, et non avec leur bec. – Aussi ai-je ainsi changé le vers:

      Puis déchira de ses serres sanglantes la plaine ravagée. «Voilà, je crois, un meilleur vers outre qu'il a plus de justesse poétique. Je n'ai pas besoin d'ajouter que, lorsque je communiquai ce compliment flatteur au peintre, il y fut excessivement sensible.»

      De Bruxelles, le noble voyageur continua sa route le long du Rhin, route sur laquelle il a semé toutes les richesses de sa poésie, et en arrivant à Genève, il alla se loger à l'hôtel Sécheron bien connu dans cette ville. Après y avoir séjourné quelques semaines, il alla habiter une maison de campagne des environs appelée Diodati, et délicieusement située sur les bords élevés du lac. Ce fut là qu'il établit sa résidence pour le reste de l'été.

      Je donnerai maintenant le peu de lettres en ma possession, qu'il écrivit à cette époque, et j'y joindrai les anecdotes que j'ai pu recueillir, et qui se rapportent au même tems.

      LETTRE CCXLII

A M. MURRAY

      Ouchy, près de Lausanne, 27 juin 1816.

      «Me voilà retenu en route (par le mauvais tems) et retardé dans mon retour à Diodati après un voyage en bateau autour du lac. Je vous envoie ci-inclus un brin de l'acacia de Gibbon, et quelques feuilles de roses de son jardin que je viens de voir avec une partie de sa maison. Vous trouverez dans sa vie une mention honorable de cet acacia, à propos de la promenade qu'il fit le soir même où il termina son histoire. – Le jardin et le pavillon d'été où il composait, sont négligés, et ce dernier surtout tombe en ruines; mais on le montre encore comme lui ayant servi de cabinet, et il me parut qu'on en avait parfaitement conservé le souvenir.

      »Mon voyage à travers la Flandre et le long du Rhin a rempli et même surpassé mon attente.

      »J'ai traversé tout le pays décrit par Rousseau, son Héloïse à la main, et j'ai été frappé d'une manière inexprimable de l'énergie et de l'exactitude de ses descriptions, ainsi que de la beauté de leur réalité. Meillerie, Clarens, Vevay et le château de Chillon, sont des lieux dont je dirai peu de chose, car tout ce que j'en pourrais dire serait bien loin de donner une idée de l'impression qu'ils produisent.

      »Il y a trois jours que nous manquâmes d'être submergés par un coup de vent près de Meillerie, et d'être jetés sur le rivage. Je ne courais aucun risque si près des rochers, étant bon nageur; mais notre compagnie fut mouillée, et passablement incommodée. Le vent était assez violent pour abattre des arbres, à ce que nous vîmes en débarquant; cependant tout est réparé et oublié, et nous voilà sur notre retour.

      »Le docteur Polidori n'est pas ici, mais à Diodati, où nous l'avons laissé à l'infirmerie avec une foulure au pied, qu'il a gagnée en tombant d'un mur. – Il ne sait pas sauter.

      »Je serai bien aise d'apprendre que vous êtes tous en bonne santé, et que vous avez reçu certains casques et épées expédiés de Waterloo que j'ai traversé avec un mélange de plaisir et de peine.

      »J'ai terminé un troisième chant de Childe Harold, contenant cent dix-sept stances, plus long qu'aucun des deux précédens, et en quelques endroits peut-être meilleur, mais naturellement ce n'est pas moi qui puis décider de cela. – Je vous l'enverrai par la première occasion qui me paraîtra sûre.

      »Votre, etc.»

      LETTRE CCXLIII

A M. MURRAY

      Diodati, près Genève, 22 juillet 1816.

«Je vous ai écrit il y a quelques semaines, et le docteur Polidori a reçu votre lettre; mais le paquet n'a pas paru, ni l'épître que vous nous annoncez devoir s'y trouver. Je vous envoie ci-incluse une annonce 31, qui a été copiée par le docteur Polidori, et qui paraît avoir trait à la plus audacieuse imposture qui soit jamais sortie de Grub-street.

Note 31: (retour) Voici l'annonce dont il est question:

      «Imprimé avec soin et satiné, 2 sch. et demi. – Les Adieux de lord Byron à l'Angleterre, avec trois autres poèmes. -Ode à Sainte-Hélène. -À ma fille, le jour de sa naissance, et Au Lis de France. Imprimé par J. Johnston, Cheapside 335, Oxford 9.

      »Ces beaux poèmes seront lus avec un intérêt d'autant plus vif, qu'il est probable que ce seront les derniers de l'auteur qui paraîtront en Angleterre.»(Note de Moore.)

      »Je ne crois pas avoir besoin de dire que je ne connais rien de tout ce fatras, et ne sais quelle en peut être la source. – Des odes à Sainte-Hélène, des adieux à l'Angleterre, etc., – si cela peut être désavoué, en supposant que cela en mérite la peine, vous avez pleine autorité de le faire. Je n'ai jamais écrit ni composé un vers sur rien de semblable, pas plus que sur deux autres morceaux qu'on m'a mis sur le dos-quelque chose sur la Gaule, et l'autre au sujet de Mme Lavalette. Quant au lis de France, il me serait tout aussi bien venu en tête de célébrer un navet. – Le matin du jour de naissance de ma fille, j'avais autre chose à faire qu'à m'occuper de poésie, et je ne me serais jamais imaginé qu'on pût inventer pareille chose, si M. Johnston, et l'annonce de sa brochure, n'étaient venus me donner de nouvelles lumières sur les impostures et les jongleries du démon de l'imprimerie, ou plutôt des publications.

      »J'avais espéré que quelque nouveau mensonge aurait fait oublier les mille et une calomnies qui ont été accumulées sur moi l'hiver dernier. Je sais pardonner tout ce qu'on peut dire de moi ou contre moi, mais non ce qu'on me fait dire ou écrire à moi-même. C'est assez d'avoir à répondre de ce que j'ai écrit, mais c'en serait trop pour la patience de Job lui-même que d'être chargé de ce qu'on n'a pas fait. Je soupçonne que lorsque le patriarche arabe désirait que son ennemi eût fait un livre, il ne prévoyait pas voir son propre nom en tête. – Je suis tout aussi ennuyé de cette niaiserie qu'elle le mérite, et plus que je ne le serais, si je n'avais mal à la tête.

»Mme de Staël m'a dit de Glenarvon (il y a dix jours, à Coppet) des choses surprenantes et affligeantes; mais je n'en ai rien vu que l'épigraphe, qui promet bien «pour nous et notre tragédie 32.» – Si telle est la devise, que doit être le reste? Le moment choisi pour la publication avec tant de générosité, est probablement ce qu'il y a de plus bienveillant dans l'ouvrage. Le tems, en effet, a été bien trouvé. Quant au contenu, je n'en ai pas seulement la moindre idée, excepté d'après le rapport très-vague que j'en ai entendu faire...... ..............................

Note 32: (retour) Voici l'épigraphe: «Il laissa aux siècles à venir un nom auquel s'attachait une seule vertu et mille crimes.»

      »Je devrais être honteux

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