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hypothèse paraît d'ailleurs la plus probable, car on ne peut guère douter que ce soit là l'ouvrage d'une femme. Il y a dans les Mémoires trop de renseignements qui paraissent sincères et caractéristiques de la psychologie féminine.

      Pour finir, voici une liste des ouvrages dans lesquels a chanté Mme Schrœder-Devrient. Ceux qui en auront le temps et le goût pourront, après avoir lu les Mémoires, lui comparer la liste des rôles créés par l'héroïne de l'autobiographie. Les deux listes seraient entièrement différentes.

      Ouvrages de Glück: Alceste (rôle d'Alceste), Iphigénie en Aulide (rôle de Clytemnestre), Iphigénie en Tauride (rôle d'Iphigénie), Armide (rôle d'Armide), Orphée (rôle d'Eurydice).

      Ouvrages de Mozart: La Flûte enchantée (rôle de Pamino), Don Juan (rôle de Donna Anna), Mariage de Figaro (rôle de la Comtesse), L'Enlèvement au Sérail (rôle de Constance).

      Ouvrage de Beethoven: Fidelio (rôle de Léonore).

      Ouvrages de Chérubini: Fanisca (rôle de Fanisca), Le Porteur d'eau, Ali-Baba; Lodoïska (rôle de Lodoïska).

      Ouvrages de Weber: Le Freyschütz (rôle d'Agathe), Preciosa (rôle de Preciosa), Euryanthe (rôle d'Euryanthe), Obéron (rôle de Rezzia).

      Ouvrages de Spohr: Zémire et Azor (rôle de Zémire), Jessonda (rôle de Jessonda).

      Ouvrages de Spontini: La Vestale (rôle de Julie), Fernand Cortez (rôle d'Amazelli), Olympia (rôle d'Olympia).

      Ouvrages de Rossini: Le Barbier de Séville (rôle de Rosine), Othello (rôle de Desdémone), Sémiramis (rôle de Sémiramis).

      Ouvrages de Bellini: La Straniera (rôle d'Alaïde), Norma (rôle de Norma), Montaigu et Capulet (rôle de Roméo), La Somnambule (rôle d'Aline), Les Puritains (rôle d'Elvire), Le Pirate.

      Ouvrages de Donizetti: Anna Boleyn (rôle d'Anna), Lucrèce Borgia (rôle de Lucrèce).

      Ouvrage de Boieldieu: La Dame Blanche (rôle d'Anna).

      Ouvrages d'Auber: La Muette de Portici (rôle d'Elvire), La Neige (rôle de la princesse Lydia), Le Bal masqué, Le Cheval de bronze.

      Ouvrages de Meyerbeer: Robert le Diable (rôle d'Alice), Les Huguenots (rôle de Valentine), Les Croisés en Égypte.

      Ouvrages de Marchner: Le Templier et la Juive (rôle de Rebecca), La Fiancée du Fauconnier (rôle de Johanna).

      Ouvrages de Kreutzer: Libussa (rôle du Libussa), Cordelia (rôle de Cordelia).

      Ouvrage de Weigl: La Famille suisse (rôle d'Hémeline).

      Ouvrage de Lebrun: Les Viennois à Berlin (rôle de Mlle Von Schlingen).

      Ouvrages d'Hérold: La Clochette enchantée, Marie (rôle de Marie); Zampa (rôle de Camille).

      Ouvrages de Reisiger: Adèle de Foix (rôle d'Adèle); Turandot (rôle de Turandot); Libella (rôle de Libella).

      Ouvrages de R. Wagner: Rienzi (rôle d'Adrieno); Le Vaisseau Fantôme (rôle de Senta); Tannhauser (rôle de Vénus).

      Ouvrage de Schelerd: Macbeth (rôle de Lady Macbeth).

      Ouvrage de Halévy: Rido et Ginevra (rôle de Ginevra).

      Ouvrages de Wolfram: Le Moine (rôle de Francisca); Le Château de Candra (rôle de Maria); La Rose enchantée.

      Ouvrage de Lwoff: Bianca et Gattiera (rôle de Bianca).

      Ouvrage de Grétry: Barbe-Bleue (rôle de Marie).

      Ouvrage de Glaeser: L'Aire de l'aigle (rôle de Rose).

      Ouvrage de Rastrelli: Les Jeunes Mariés (rôle d'Alexis, apprenti cordonnier).

      Ouvrage d'Isouard: Joconde (rôle de Joconde).

      Ouvrage de Paër: Sargino (rôle d'Isella).

      Ouvrage de Mitiz: Saül (rôle de Michael).

      Ouvrage de Riez: La Fiancée du Brigand.

      Les renseignements fournis par l'héroïne des Mémoires sur les rôles qu'elle a chantés ne sont pas conformes à cette liste. Néanmoins, la critique allemande s'est déjà tellement exercée sur la question qui nous occupe ici que, parlant des Mémoires de la chanteuse allemande, il n'était pas possible de passer sous silence le nom de Wilhelmine Schrœder-Devrient.

      Le traducteur de cet ouvrage a eu la chance de trouver un manuscrit allemand préparé pour l'édition et qui contenait certains changements qui ont été suivis dans la traduction française, car ils rendent beaucoup plus agréable la lecture de cette curieuse autobiographie.

      G. A.

       Table des matières

      L'éditeur de ces Mémoires n'a guère à dire, en manière de préface, que cet ouvrage n'est pas un produit de la fantaisie, n'est pas une invention, mais qu'il est véritablement sorti de la plume d'une des cantatrices naguère le plus souvent applaudies sur la scène, d'une cantatrice de laquelle beaucoup de nos contemporains ont souvent admiré avec étonnement l'admirable voix, qu'ils ont couverte d'applaudissements enthousiastes dans ses différents rôles, et dont ils se souviendraient certainement si la discrétion ne nous interdisait de citer son nom. Pour le lecteur attentif, l'assurance que nous donnons de l'authenticité des Mémoires n'est guère nécessaire. L'ouvrage trahit suffisamment une plume féminine pour qu'il ne soit pas possible de s'y tromper. Seule une femme pouvait raconter la carrière d'une femme avec autant de vérité psychologique. Seule une femme peut, comme c'est le cas ici, nous décrire toutes les phases, tous les changements d'un cœur féminin et pas à pas, depuis le premier éveil de ses sens juvéniles, nous introduire dans le secret des erreurs qui auraient indubitablement détruit le bonheur de sa vie si un événement extrêmement heureux ne lui avait pas épargné les dernières conséquences de ces fautes.

      Si ces Mémoires n'étaient que le produit de la fantaisie, on pourrait faire à l'éditeur le reproche d'avoir écrit un livre immoral et de s'être délecté à ces objets que les mœurs de tous les peuples de tous les temps ont toujours recouverts d'un voile. Mais s'ils sont, au contraire, authentiques, ils constituent un document du plus haut intérêt psychologique et, pour cela même, le reproche d'immoralité tombe. Rien d'humain ne doit nous être étranger. Voulons-nous bien comprendre le monde et nous-mêmes, nous devons aussi suivre l'homme sur le sentier de ses erreurs, non pas pour imiter ces errements, mais, au contraire, pour nous en garer.

      Dans ce sens, ces confessions d'une femme intelligente qui dépeint, au moyen de couleurs si vives et si vraies, les terribles suites des excès ne sont pas immorales, mais sont, au contraire, très morales.

      Quant au reproche que ce livre pourrait tomber entre les mains d'une jeune lectrice qui devrait plutôt ne rien savoir de ces choses, nous répondons que la science n'est pas un mal, mais bien l'ignorance, et qu'une femme avertie des suites de la sensualité se laisse beaucoup plus difficilement séduire qu'une novice, plus facile à tromper.

      L'Éditeur est convaincu que, par la publication de ces lettres, il ne manque pas à la morale et ne corrompt pas les mœurs, malgré l'opinion contraire de quelques pédants trop mesquins.

      L'Éditeur.

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