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la rejoignit et elles sortirent de la maison. La pluie tombait maintenant de manière drue, en dépit du soleil qui brillait toujours.

      Kate faillit sortir son téléphone pour voir si Mélissa lui avait laissé un message, mais elle se ravisa. Ça ne ferait que la stresser encore plus. Et si elle ne parvenait pas à séparer sa vie privée de sa vie professionnelle, autant qu’elle remette tout de suite son badge et son arme.

      Elle s’efforça de sortir Mélissa de sa tête, en se dirigeant vers la voiture.

      Mais une petite voix s’éleva dans un coin de sa tête et elle ne parvint pas à la faire taire. Tu te rappelles ce qui est arrivé quand tu l’as mise de côté au début de ta carrière ? Il a fallu très longtemps pour réparer le mal fait. Tu veux vraiment revivre tout ça ?

      Non, elle n’en avait pas envie. Et elle fit tout ce qu’elle put pour ravaler ses larmes alors que DeMarco faisait une marche arrière pour reprendre la route.

      CHAPITRE QUATRE

      Le shérif Bannerman était de retour au commissariat quand Kate et DeMarco arrivèrent. Il leur fit signe de venir dans son bureau. Kate remarqua qu’il traînait légèrement la jambe. Il leur ouvrit la porte pour les laisser entrer et la referma derrière elles.

      « Vous avez du neuf ? » demanda-t-il.

      « On a parlé à une certaine madame Patterson. Elle vit dans la maison qu’on peut voir par la fenêtre du bureau de Karen Hopkins, » dit Kate. « Elle dit avoir vu quelqu’un dans le jardin arrière des Hopkins le jour où Karen a été assassinée. »

      « Enfin, elle pense que c’est ce jour-là, » ajouta DeMarco.

      « Shérif, est-ce que vous connaissez une entreprise dans le coin qui aurait un logo en forme d’étoile et de couleur blanche ? Il se pourrait que les employés portent une combinaison de couleur sombre. »

      Bannerman réfléchit un instant, avant de hocher lentement la tête. Il tapa quelque chose sur son ordinateur, cliqua sur un lien et tourna l’écran vers elles. Il avait tapé Fournisseur internet Hexco sur Google et en avait sorti une image.

      « Il y a ça, » dit-il. « C’est la seule chose qui me vienne directement à l’esprit. »

      Kate et DeMarco examinèrent le logo de près. Il était presque identique à la description qu’en avait faite madame Patterson. Il était en forme d’étoile mais l’arrière était légèrement étiré et incurvé. De légères lignes étaient tracées à la suite de l’étoile et au centre, était écrit le mot Hexco.

      DeMarco dégaina son téléphone à la vitesse de l’éclair et appela directement le numéro qui était indiqué en-dessous du logo. « Je vais vérifier si Karen a fait appel à leurs services mardi. »

      Elle s’assit, en attendant que le téléphone se mette à sonner. Bannerman retourna l’ordinateur vers lui et en referma le couvercle. À voix basse, pour ne pas déranger DeMarco qui était en ligne avec quelqu’un, il regarda Kate et demanda : « Qu’est-ce que vous pensez de l’affaire jusqu’à maintenant ? »

      « Je pense que nous avons affaire à un assassin qui cible un certain type de victimes. Karen Hopkins et Marjorie Hix avaient toutes les deux la cinquantaine et étaient seules chez elles. Je suppose que le tueur savait que leurs maris ne seraient pas là. Et je pense également qu’il avait pris le temps de bien connaître leur maison, vu qu’il n’y a aucun signe d’entrée par effraction. Alors… notre assassin a un type en particulier et il prépare minutieusement ses coups. À part ça… je n’ai rien d’autre. »

      « Et je pourrais ajouter autre chose, » dit Bannerman. « Il n’y avait aucun signe de lutte non plus. Alors l’assassin savait comment entrer sans déclencher l’alarme et frapper sans que les victimes s’y attendent. Ce qui me fait penser que ce sont les victimes qui ont invité le tueur à entrer. Qu’elles le connaissaient. »

      Kate en était arrivée à la même conclusion mais elle laissa Bannerman l’exprimer. Elle aimait bien l’entendre parler. Son âge avancé lui donnait un air de sagesse et elle appréciait tout particulièrement son expérience. Normalement, travailler en collaboration avec la police locale lui paraissait plutôt un handicap, mais elle commençait vraiment à beaucoup apprécier Bannerman.

      Au moment où elle hochait la tête en signe d’acquiescement, DeMarco termina son appel. « On m’a confirmé qu’un technicien a bien été envoyé chez les Hopkins mardi. Apparemment, le service internet était légèrement défaillant dans le quartier depuis lundi soir. Le mardi, il y a eu une dizaine d’appels similaires pour une demande d’intervention. »

      « Eh bien, c’est peut-être une conclusion hâtive, mais un technicien internet au moment d’une défaillance dans le service aurait un accès plutôt facile à presque n’importe quelle maison, » dit Kate.

      « En fait, ce n’est pas une conclusion si hâtive que ça, » dit DeMarco. « J’ai également demandé si un technicien avait récemment été envoyé chez les Hix. Et il s’avère que Joseph Hix a fait une demande d’intervention il y a deux semaines. Et apparemment, c’est le même technicien qui a répondu aux deux appels. »

      « On dirait qu’on tient un suspect, » dit Kate.

      « Je suis d’accord, » dit Bannerman. « Mais il faut que vous sachiez que Hexco est un nouveau fournisseur sur Frankfield. C’est une petite entreprise. Je ne pense pas qu’ils aient plus de trois ou quatre techniciens. Du coup, il n’est pas anormal que le même technicien se soit retrouvé aux deux adresses. »

      « J’aimerais quand même parler à ce technicien, » dit Kate. « Tu as son nom ? »

      « Oui. L’opératrice à qui j’ai parlé lui a envoyé un message en lui demandant de m’appeler. »

      « Entretemps, j’aimerais aller inspecter la résidence des Hix, » dit Kate. « Sur les rapports, il est indiqué que la scène avait été nettoyée, mais j’aimerais aller y jeter un coup d’œil moi-même. »

      « J’ai les clés, » dit Bannerman. « Vous pouvez… »

      Il fut interrompu par la sonnerie du téléphone de DeMarco. Elle décrocha tout de suite et quand Kate l’entendit se présenter de manière officielle, elle sut qu’il s’agissait du technicien de Hexco. Kate écouta la conversation et comprit qu’elles allaient pouvoir lui parler tout de suite, avant même que DeMarco ait raccroché.

      « On le retrouve dans un quart d’heure, » dit DeMarco. « Il veut coopérer mais il avait également l’air un peu effrayé. »

      Au moment où Kate ouvrit la porte, Bannerman se leva de sa chaise. « Vous avez besoin que je fasse quelque chose en attendant ? »

      Kate réfléchit un instant avant de dire, avec une pointe d’espoir dans la voix : « Vous pouvez peut-être préparer une salle d’interrogatoire. »

      ***

      Le technicien s’appelait Mike Wallace. Il avait vingt-six ans et il avait l’air très nerveux quand Kate et DeMarco le retrouvèrent dans un petit coffee shop à cinq kilomètres du commissariat de Frankfield. Ses yeux passaient de Kate à DeMarco et il ressemblait à ces geckos qui pouvaient bouger les yeux de manière à regarder dans deux directions à la fois.

      Il avait une tablette avec lui, recouverte d’un étui en cuir usé. Le logo Hexco était estampé sur l’avant.

      « Mike, pour l’instant, il s’agit juste de la procédure habituelle et vous n’avez absolument rien à craindre, » dit Kate. « Vous avez juste la malchance que les circonstances jouent contre vous. »

      « Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »

      « Eh bien, au cours des deux dernières semaines, vous êtes intervenu dans deux domiciles où des femmes

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