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lanière à la fois, Erec sentit chacune des cordes se délier, jusqu’à ce qu’enfin il soit capable de les rompre lui-même d’un coup sec.

      Erec leva les poignets et les examina avec incrédulité. Il était libre. Il était vraiment libre.

      Erec entendit les claquements des cordes et leva les yeux pour voir Strom se dégageant de ses liens. Les bruits continuèrent, partout sur le navire, partout sur ses autres, et il vit les attaches de ses autres hommes se rompre, vit ses hommes être libérés, un à la fois.

      Ils regardèrent tous vers Erec, et il mit un doigt sur ses lèvres, leur faisant signe d’être silencieux. Erec vit que les gardes ne l’avaient pas remarqué, tous dos à eux, debout contre le bastingage, plaisantant les uns avec les autres et contemplant la nuit. Bien évidemment, aucun n’était sur ses gardes.

      Erec fit signe à Strom et aux autres de le suivre, et en silence, Erec à leur tête, ils se glissèrent tous vers l’avant, en direction des gardes.

      « Maintenant ! » ordonna Erec.

      Il piqua un sprint et ils firent tous de même, se précipitant comme une personne, jusqu’à ce qu’ils aient atteint les soldats. Tandis qu’ils se rapprochaient, quelques-uns d’entre eux, alertés par le bruit de bois craquant sur le pont, pivotèrent et commencèrent à dégainer leurs épées.

      Mais Erec et les autres, tous des guerriers endurcis, tous désespérés de saisir leur seule chance de survivre, leur coupèrent l’herbe sous le pied, se mouvant trop rapidement à travers la nuit. Strom bondit sur un et agrippa son poignet avant qu’il ne puisse frapper ; Erec tendit la main vers sa ceinture, tira sa dague, et lui trancha la gorge pendant que Strom se saisissait de son épée. Malgré toutes leurs différences, les deux frères œuvraient ensemble sans effort, comme toujours, se battant à l’unisson.

      Les hommes d’Erec se saisirent tous des armes des gardes, les tuant avec leurs propres épées et dagues. D’autres taclèrent simplement les gardes qui bougeaient trop lentement, les poussèrent par-dessus le bastingage, hurlant, et les envoyèrent dans la mer.

      Erec regarda vers ses autres navires, et vit ses hommes tuant les gardes de tous côtés.

      « Coupez les ancres ! » ordonna Erec.

      Tout le long de ses navires, ses hommes tranchèrent les cordages qui les maintenaient sur place, et rapidement Erec éprouva la sensation familière de son navire tanguant sous lui. Enfin, ils étaient libres.

      Des cors sonnèrent, des cris résonnèrent, et des torches furent allumées de haut en bas des navires alors que la plus grande flotte de l’Empire prenait enfin conscience de ce qu’il se passait. Erec se tourna et regarda au loin le blocus de navires obstruant leur chemin vers la pleine mer, et il sut que le combat de sa vie l’attendait.

      Mais il ne s’en souciait plus. Ses hommes étaient en vie. Ils étaient libres. À présent ils avaient une chance.

      Et maintenant, cette fois-ci, ils tomberaient en se battant.

      CHAPITRE QUATRE

      Darius sentit son visage être éclaboussé de sang, et pivota pour voir une dizaine de ses hommes abattus par un soldat de l’Empire chevauchant un immense cheval noir. Le soldat maniait une épée plus grosse que tout ce que Darius avait pu voir, et en un seul geste net il trancha douze de leurs têtes.

      Darius entendit des cris s’élever tout autour de lui, et se tourna dans toutes les directions pour voir ses hommes être partout décimés. C’était irréel. Ils donnaient de grands coups, et ses hommes tombaient par dizaines, puis par centaines – puis par milliers.

      Darius se retrouva soudain debout sur un piédestal, et aussi loin que sa vue portait s’étendaient des milliers de corps. Tous les siens, morts et entassés à l’intérieur de Volusia. Il ne restait personne. Pas un seul homme.

      Darius laissa échapper un grand cri d’agonie, d’impuissance, alors qu’il sentait des soldats de l’Empire l’agripper par-derrière et l’emporter, hurlant, dans les ténèbres.

      Darius se réveilla en sursaut, haletant, battant des bras. Il regarda tout autour, essayant de comprendre ce qu’il se passait, ce qui était réel et ce qui était un rêve. Il entendit le cliquetis des chaînes et tandis que ses yeux s’ajustaient à la pénombre, il commença à réaliser d’où provenait le bruit. Il baissa les yeux pour voir ses chevilles entravées par de lourdes chaînes. Il ressentait les douleurs  dans tout son corps, le picotement des blessures fraîches, et il vit que son corps était couvert de plaies, du sang séché le recouvrait tout entier. Chaque mouvement était douloureux, et il avait l’impression d’avoir été roué de coups par un million d’hommes. Un de ses yeux était tellement gonflé qu’il en était presque fermé.

      Lentement, Darius se tourna et étudia les alentours. D’un côté il était soulagé que tout cela ait été un rêve – pourtant en intériorisant tout il se souvint lentement, et la douleur revint. Cela avait été un rêve, et pourtant il contenait une grande part de vérité. Des flashbacks de sa bataille contre l’Empire à l’intérieur des murs de Volusia lui revinrent. Il se remémora l’embuscade, les portes se refermant, les troupes qui les encerclaient – tous ses hommes massacrés. La trahison.

      Il lutta pour se souvenir de tout, et la dernière chose dont il se rappela, après avoir tué plusieurs soldats de l’Empire, fut d’avoir reçu un coup sur le côté de la tête par la partie émoussée d’une hache.

      Darius leva la main, les chaînes s’entrechoquèrent, et il sentit une énorme marque sur le côté de son crâne, descendant jusqu’à son œil enflé. Cela n’avait pas été un rêve. C’était réel.

      Alors que tout lui revenait, Darius fut submergé d’inquiétude, de regret. Ses hommes, tous ceux qu’il avait aimés, avaient été tués. Tous à cause de lui.

      Il parcourut frénétiquement les alentours du regard dans la faible lumière, à la recherche d’un signe quelconque d’un de ses hommes, n’importe quelle trace de survivants. Peut-être que beaucoup avaient survécu, et avaient été, comme lui, fait prisonniers.

      « Avancez ! », un ordre rude se fit entendre dans l’obscurité.

      Darius sentit des mains brutales le soulever par-dessous les bras, le remettre sur pieds, puis sentit une botte le frapper à la base du dos.

      Il gémit de douleur tout en trébuchant vers l’avant, les chaînes cliquetant, et se sentit voler dans le dos du garçon devant lui. Ce dernier tendit le bras vers l’arrière et lui donna un coup de coude au visage, l’envoyant tituber vers l’arrière.

      « Ne me touche pas à nouveau », gronda-t-il

      Là se tenait un garçon à l’air désespéré, enchaîné comme lui, et Darius se rendit compte qu’il était attaché à une longue ligne de garçons, dans les deux directions, de longs liens de fers lourds reliant leurs poignets et leurs chevilles ; tous étaient menés le long d’un tunnel sombre en pierre. Les contremaîtres de l’Empire leur donnaient des coups de pied et de coude tout du long.

      Darius scruta les visages du mieux qu’il put, mais ne reconnut personne.

      « Darius ! » murmura une voix pressante. « Ne tombe pas à nouveau ! Ils te tueront ! »

      Le cœur de Darius bondit en entendant le son d’une voix familière, et il se retourna pour voir quelques hommes derrière lui dans le rang, Desmond, Raj, Kaz et Luzi, ses vieux amis, tous quatre enchaînés, tous paraissant aussi amochés qu’il devait en avoir l’air. Ils le regardaient tous avec soulagement, à l’évidence heureux de voir qu’il était en vie.

      « Parle une fois encore », dit un contremaître furieux à Raj, « et je te prendrais ta langue. »

      Darius, pour autant qu’il était soulagé de voir ses amis, s’interrogea à propos des innombrables autres qui avaient combattu et servi avec lui, qui l’avaient suivi dans les rues de Volusia.

      Le contremaître avança plus loin le long

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