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Quentin Durward. Вальтер Скотт
Читать онлайн.Название Quentin Durward
Год выпуска 0
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Автор произведения Вальтер Скотт
Издательство Public Domain
Bien différente était la conduite du fier prélat et cardinal Jean de La Balue, alors ministre favori de Louis, et qui, par son élévation et son caractère, ressemblait autant à Wolsey, que le permettait la différence qu'il y avait entre le politique et l'astucieux Louis et l'impétueux et opiniâtre Henri VIII d'Angleterre. Le premier avait élevé son ministre, du rang le plus bas, à la dignité ou du moins aux émolumens de grand aumônier de France, l'avait comblé de bénéfices, et avait obtenu pour lui le chapeau de cardinal; et quoiqu'il fût trop méfiant pour accorder à l'ambitieux La Balue la confiance et le pouvoir sans bornes dont Henri avait investi Wolsey, il se laissait pourtant influencer par lui plus que par aucun autre de ses conseillers avoués.
Il en résultait que le cardinal n'avait pas échappé à l'erreur commune de ceux qui, du rang le plus obscur, se voient tout à coup élevés au pouvoir. ébloui sans doute par la promptitude de son élévation, il était convaincu qu'il était en état de traiter toute espèce d'affaires, même celles du genre le plus étranger à sa profession et à ses connaissances. De haute taille, mais gauche dans sa tournure, il affectait de la galanterie et de l'admiration pour le beau sexe, quoique ses manières rendissent ses prétentions absurdes, et que le caractère dont il était revêtu en fit ressortir l'inconvenance. Quelque flatteur, n'importe de quel sexe, lui avait persuadé, dans un moment malheureux, que deux grosses jambes charnues dont il avait hérité de son père, tailleur à Limoges, offraient des contours admirables, et il était devenu tellement infatué de cette idée, qu'il avait toujours sa robe de cardinal relevée d'un côté, afin que les bases solides sur lesquelles son corps reposait ne pussent échapper au regards. Revêtu du riche costume appartenant au rang qu'il occupait dans l'église, il traversait ce magnifique appartement d'un pas majestueux, en se baissant de temps à autre pour examiner les armes et l'équipement des cavaliers qui étaient de garde, leur faisant quelques questions d'un ton d'autorité. Il prit même sur lui d'en censurer quelques-uns pour ce qu'il appelait des irrégularités de discipline, dans des termes auxquels ces braves soldats n'osaient répondre, quoiqu'il fût évident qu'ils ne l'écoutaient qu'avec impatience et mépris.
– Le roi sait-il, demanda Dunois au cardinal, que l'envoyé du duc de Bourgogne réclame audience sans délai?
– Il le sait, répondit le cardinal, et voici, je crois, l'universel Olivier le Dain, qui nous fera connaître le bon plaisir du roi.
Comme il parlait ainsi, un homme fort remarquable, qui partageait la faveur de Louis avec l'orgueilleux cardinal, sortit d'un appartement intérieur et entra dans la salle d'audience, mais sans cet air de suffisance qui caractérisait le prélat tout bouffi de sa dignité. C'était un petit homme, pâle et maigre, dont le pourpoint et le haut-de-chausses de soie noire, sans habit ni manteau, n'offraient rien aux yeux qui put faire valoir un extérieur fort ordinaire. Il tenait à la main un bassin d'argent; et une serviette étendue sur son bras annonçait les fonctions qu'il remplissait à la cour. Ses yeux étaient vifs et pénétrans, quoiqu'il s'efforçât d'en bannir cette expression en les tenant constamment fixés à terre, tandis que, s'avançant avec le pas tranquille et furtif d'un chat, il semblait glisser plutôt que marcher dans l'appartement. Mais quoique la modestie puisse couvrir le mérite, elle ne peut cacher la faveur de la cour; et toutes tentatives pour traverser incognito la salle d'audience ne pouvaient qu'être vaines de la part d'un homme aussi-bien connu pour avoir l'oreille du roi que l'était son célèbre valet de chambre barbier, Olivier le Dain, surnommé quelquefois le Mauvais et quelquefois le Diable, épithètes qu'il devait à l'astuce peu scrupuleuse avec laquelle il concourait à l'exécution des plans de la tortueuse politique de son maître.
Olivier parla quelques instans avec vivacité au comte de Dunois, qui sortit sur-le-champ de la salle d'audience, tandis que le barbier retournait tranquillement dans l'appartement d'où il était venu. Chacun s'empressait de lui faire place, et il ne répondait à cette politesse qu'en saluant de la manière la plus humble. Cependant il rendit une ou deux personnes un objet d'envie pour tous les autres courtisans, en leur disant un seul mot à l'oreille; et au même instant, murmurant quelques mots sur les devoirs de sa place, il disparut sans écouter ni leurs réponses, ni les sollicitations muettes de ceux qui désiraient attirer de même son attention. Ludovic Lesly ce jour-là eut la bonne fortune d'être du petit nombre de ceux qu'Olivier favorisa d'un mot en passant, et c'était pour l'assurer que son affaire était heureusement terminée.
Un moment après, il eut une nouvelle preuve qui lui confirma cette agréable nouvelle; car Tristan l'Ermite, grand prévôt de la maison du roi, entra dans l'appartement et s'avança sur-le-champ vers le Balafré. Le riche costume de ce fonctionnaire ne faisait que rendre plus remarquables son air commun et sa physionomie sinistre, et ce qu'il regardait comme un ton de conciliation ne ressemblait à rien tant qu'au grognement d'un ours. Le peu de mots qu'il adressa au Balafré semblaient pourtant plus agréables que le ton dont ils furent prononcés. Il regretta la méprise qui avait eu lieu la veille, et dit qu'il ne fallait l'attribuer qu'à ce que le neveu du sieur le Balafré ne portait pas l'uniforme du corps et ne s'était pas annoncé comme en faisant partie: telle était la seule cause de l'erreur dont il lui faisait ses excuses.
Ludovic fit à ce compliment la réponse convenable; et dès que Tristan fut passé, il se tourna vers son neveu et lui dit qu'ils avaient maintenant l'honneur d'avoir un ennemi mortel en la personne de ce redoutable officier. – Mais un soldat qui remplit ses devoirs, ajouta-t-il, peut se moquer du grand prévôt.
Quentin ne put s'empêcher d'être du même avis que son oncle. Car Tristan, en s'éloignant d'eux, leur avait lancé ce regard de courroux que l'ours jette sur le chasseur dont la lance vient de le blesser. Il est vrai que, même lorsqu'il était moins courroucé, son regard sombre exprimait une malveillance qui faisait frémir; et il inspirait une horreur encore plus profonde au jeune Écossais, qui croyait encore sentir sur ses épaules la main meurtrière des deux officiers subalternes de ce grand fonctionnaire.
Cependant Olivier avait traversé presque furtivement la salle d'audience, comme nous l'avons déjà dit; tout le monde, et même les plus grands personnages, s'était dérangé pour le laisser passer, en l'accablant de civilités cérémonieuses auxquelles sa modestie semblait vouloir se dérober. Il rentra dans l'appartement intérieur, dont les portes battantes se rouvrirent un instant après pour le roi Louis.
Quentin, comme tous les autres, leva les yeux sur le monarque, et fut saisi d'un tel tressaillement qu'il en laissa presque tomber son arme, quand il reconnut dans le roi de France ce marchand de soie, ce maître Pierre qu'il avait rencontré la veille pendant la matinée. Quelques soupçons sur le rang de ce personnage s'étaient présentés à plusieurs reprises à son esprit; mais ses conjectures les plus hardies avaient toujours été bien loin de la réalité qu'il voyait maintenant.
Un regard sévère de son oncle, mécontent de le voir, oublier ainsi le décorum du service, le rappela à lui, mais Quentin ne fut pas peu surpris quand le roi, dont l'œil perçant l'avait découvert sur-le-champ, s'avança droit à lui, sans donner aucune marque d'attention à qui que ce fût, et lui adressa la parole.
– Ainsi donc, jeune homme, lui dit-il, j'apprends que, dès le premier jour de votre arrivée en Touraine, vous avez fait le tapageur; mais je vous le pardonne, parce que je sais qu'il faut en accuser un vieux fou de marchand qui s'est imaginé que votre sang calédonien avait besoin d'être échauffé dès le matin avec du vin de Beaune. Si je puis le découvrir, j'en ferai un exemple qui servira de leçon à ceux qui débauchent mes gardes. Balafré, ajouta-t-il en se tournant vers Lesly, votre parent est un brave jeune homme, quoiqu'un peu emporté. Nous aimons ces caractères-là, et nous avons dessein de faire plus que jamais pour les braves gens qui nous entourent. Ayez soin de mettre par écrit l'année, le mois, le jour, l'heure et la minute de sa naissance, et d'en faire part à Olivier le Dain.
Le Balafré s'inclina presque jusqu'à terre, et se releva pour prendre son attitude militaire, en homme qui voulait montrer par-là la promptitude avec laquelle il soutiendrait la querelle du roi ou prendrait sa défense.
Cependant