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Quentin Durward. Вальтер Скотт
Читать онлайн.Название Quentin Durward
Год выпуска 0
isbn
Автор произведения Вальтер Скотт
Издательство Public Domain
– Mais je crois qu'il y va de notre honneur, dit Lindesay, que Tristan et ses gens n'affectent pas de confondre nos toques écossaises avec les turbans de ces pillards vagabonds. S'ils n'ont pas la vue assez bonne pour en faire la différence, il faut la leur apprendre à tour de bras. Mais je suis convaincu que Tristan ne prétend s'y méprendre qu'afin de pouvoir accrocher les braves Écossais qui viennent voir leurs parens.
– Puis-je vous demander, mon oncle, dit Durward, quelle sorte de gens sont ceux dont vous parlez?
– Sans doute, vous le pouvez, beau neveu, répondit Ludovic, mais je ne sais pas qui est en état de vous répondre. À coup sûr, ce n'est pas moi, quoique j'en sache peut-être autant qu'un autre. Il y a un an ou deux qu'ils ont paru dans ce pays, comme aurait pu le faire une nuée de sauterelles.
– C'est cela même, dit Lindesay, et Jacques Bonhomme (c'est ainsi que nous désignons ici le paysan, mon jeune camarade; avec le temps vous apprendrez notre manière de parler); l'honnête Jacques Bonhomme, dis-je, s'inquiéterait peu de savoir quel vent les a apportés, eux ou les sauterelles, s'il pouvait espérer que quelque autre vent les emportât.
– Ils font donc bien du mal? demanda Quentin Durward.
– Du mal! répondit Cunningham en faisant le signe de la croix; savez-vous bien que ce sont des païens, ou des juifs, ou des mahométans tout au moins; qu'ils ne croient ni à Notre-Dame ni aux saints; qu'ils volent tout ce qui peut leur tomber sous la main; qu'ils chantent, et qu'ils disent la bonne aventure?
– Et l'on assure qu'il y a parmi leurs femmes quelques filles de bonne mine, ajouta Guthrie; mais Cunningham sait cela mieux que personne.
– Comment! s'écria Cunningham; j'espère que vous n'avez pas dessein de m'insulter?
– Rien n'est plus loin de ma pensée, répondit Guthrie.
– J'en fais juge toute la compagnie, répliqua Cunningham. N'avez-vous pas dit que moi, gentilhomme Écossais et vivant dans le giron de la sainte église, j'avais une belle amie parmi ces chiens de païens?
– Allons, allons, dit le Balafré, il n'a fait que plaisanter. Il ne faut pas de querelles entre camarades.
– En ce cas il ne faut pas de pareilles plaisanteries, murmura Cunningham comme s'il se fût parlé à lui-même.
– Trouve-t-on de pareils vagabonds ailleurs qu'en France? demanda Lindesay.
– Oui, sur ma foi, répondit le Balafré; on en a vu paraître des bandes en Allemagne, en Espagne, en Angleterre. Mais, grâce à la protection du bon saint André, l'écosse n'en est pas encore empestée.
– L'écosse, dit Cunningham, est un pays trop froid pour les sauterelles, et trop pauvre pour les voleurs.
– Ou peut-être, ajouta Guthrie, John-Highlander[36] ne veut-il pas y souffrir d'autres voleurs que lui.
– Il est bon, s'écria le Balafré, que je vous fasse savoir à tous que je suis né sur les montagnes d'Angus; que j'ai de braves parens sur celles de Glen-Isla, et que je ne souffrirai pas qu'on parle mal des montagnards.
– Vous ne nierez pas, ajouta Guthrie, qu'ils ne descendent sur les basses terres pour enlever les troupeaux?
– Chasser une proie[37] n'est pas voler, répondit le Balafré, et je le soutiendrai quand vous le voudrez et où il vous plaira.
– Eh bien! eh bien, camarade, dit Cunningham, qui est-ce qui se querelle à présent? Fi donc! il ne faut pas que ce jeune homme voie de si folles altercations parmi nous. Allons, voilà que nous sommes au château; si vous voulez venir dîner avec moi, je paierai un poinçon de vin, pour nous réjouir en bons camarades; et nous boirons à l'écosse, aux montagnes et aux basses terres.
– Convenu! convenu! s'écria le Balafré, et j'en paierai un autre pour noyer le souvenir de toute altercation et célébrer l'entrée de mon neveu dans notre corps, en buvant à sa santé.
Lorsqu'ils arrivèrent au château, on ouvrit le guichet et le pont-levis fut baissé. Ils entrèrent un à un; mais lorsque Quentin se présenta, les sentinelles croisèrent leurs piques et lui ordonnèrent de s'arrêter tandis que les arcs et les arquebuses se dirigeaient vers lui du haut des murailles: précaution sévère qui fut observée quoique le jeune étranger arrivât en compagnie de plusieurs membres de la garnison, faisant même partie du corps qui avait fourni les sentinelles.
Le Balafré, qui était resté à dessein près de son neveu, donna les explications nécessaires; et après beaucoup de délais et d'hésitation, le jeune homme fut conduit, sous bonne garde, à l'appartement de lord Crawford.
Ce seigneur était un des derniers restes de cette vaillante troupe de lords et de chevaliers Écossais, fidèles serviteurs de Charles VII, dans ces guerres sanglantes qui décidèrent l'indépendance de la couronne française et l'expulsion des Anglais.
Il avait combattu dans sa jeunesse à côté de Douglas et de Buchan, avait suivi la bannière de Jeanne d'Arc, et était peut-être un des derniers de ces chevaliers Écossais qui avaient de si bon cœur défendu les fleurs de lis contre leurs anciens ennemis les Anglais.
Les changemens qui avaient eu lieu dans le royaume d'écosse, et peut-être l'habitude qu'il avait contractée du climat et des mœurs de la France, avaient fait perdre au vieux baron toute idée de retourner dans sa patrie, d'autant plus que le rang élevé qu'il occupait dans la maison de Louis, et son caractère franc et loyal, lui avaient donné un ascendant considérable sur le roi. Ce prince, quoiqu'il ne fut pas en général très disposé à croire à l'honneur et à la vertu, ne doutait pas que lord Crawford n'en fut rempli, et lui accordait d'autant plus d'influence, que le vieux militaire ne l'employait jamais que pour des affaires qui avaient un rapport direct avec son commandement.
Le Balafré et Cunningham suivirent Durward et son escorte dans l'appartement de leur capitaine dont l'air de dignité, et le respect que lui accordaient ces fiers soldats, qui semblaient ne respecter que lui, en imposèrent considérablement au jeune Écossais.
Lord Crawford était d'une taille avantageuse; l'âge l'avait maigri; mais il conservait encore la force, sinon l'élasticité de la jeunesse, et il était en état de supporter le poids de son armure pendant une marche, aussi-bien que le plus jeune de ceux qui servaient dans son corps. Il avait les traits durs, le teint basané, le visage sillonné de cicatrices, un œil qui avait vu la mort de près dans trente batailles, mais qui cependant exprimait plutôt un mépris joyeux pour le danger que le courage féroce d'un soldat mercenaire. Sa grande taille était alors enveloppée dans une ample robe de chambre, serrée autour de lui par un ceinturon de buffle, dans lequel était passé un poignard dont le manche était richement orné. Il avait autour du cou le collier et la décoration de l'ordre de Saint-Michel; il était assis sur un fauteuil couvert en peau de daim, avait sur le nez des lunettes, invention alors toute nouvelle, et s'occupait à lire un manuscrit intitulé le Rosier de la Guerre, code de politique civil et militaire que Louis avait compilé pour l'instruction du dauphin son fils, et dont il désirait savoir ce que pensait un vieux guerrier plein d'expérience.
Lord Crawford mit son livre de côté avec une sorte d'humeur, en recevant cette visite inattendue, et demanda, dans son dialecte national, ce que diable on lui voulait.
Le Balafré, avec plus de respect peut-être qu'il n'en aurait montré à Louis lui-même, lui fit un détail des circonstances dans lesquelles son neveu se trouvait, et lui demanda humblement sa protection. Lord Crawford l'écouta fort attentivement; il sourit de l'empressement qu'avait mis le jeune homme à couper la corde d'un pendu; mais il secoua la tête quand il apprit la querelle qui avait eu lieu à ce sujet entre les archers Écossais et les gens du grand prévôt.
– M'apporterez-vous donc toujours des écheveaux embrouillés? s'écria-t-il. Combien de fois faut-il que je vous le dise, et surtout
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Jean des Montagnes.
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