Скачать книгу

hésitera encore quelque temps, non pas entre la paix et la guerre, mais entre les différentes façons d'entamer la guerre, puis, quand le parti sera pris, la France s'éveillera avec son deux décembre du dehors!»

       Sagan, 12 septembre 1853.– Il paraît certain que l'Empereur Nicolas arrivera le 20 à Olmütz86.

      Lady Westmorland me mande ce qui suit de Vienne, en date du 9: «Je n'ai plus aucune patience avec ces Turcs, qui refusent si sottement ce que l'Empereur Nicolas acceptait de si bonne grâce; et maintenant, je crains fort qu'il ne se redresse contre les exigences et les prétentions de la Porte: nous attendons avec anxiété la réponse de Pétersbourg.»

      Il paraît que lord Stratford Redcliffe a joué le même rôle à Constantinople que dans ses précédentes missions, et, que tout en tenant un langage officiel calmant, il a beaucoup stimulé sous main, d'une part, les arrogances de Menschikoff, et de l'autre, les résistances musulmanes. On dit qu'il va être rappelé.

      Sagan, 22 septembre 1853.– Il ne se passe pas de semaine où il ne faille placer un nouveau jalon mortuaire sur notre route; ce sont des signets de deuil dans le triste livre de la vie, que nous ne feuilletons pas avec assez d'attention, et dont la dernière page se clôt avant que nous n'ayons bien reconnu la vraie signification de l'œuvre. Hier encore, j'ai appris la mort de mon cousin, Paul de Médem. Sans doute, il faut bénir la Providence de l'avoir tiré des ténèbres qui s'épaississaient, de plus en plus, autour de son intelligence, pour le placer au centre de cette lumière, qui seule ne s'éteint jamais. Mais cette fin prématurée ne laisse pas que de fendre le cœur.

       Sagan, 25 septembre 1853.– Le prince Paul Esterhazy est à Vienne; il est arrivé de Pesth avec les insignes royaux de Hongrie, et c'est lui qui a porté la couronne à la cérémonie de l'église87. Voilà qui le réhabilite complètement à la Cour et à la ville! J'en suis bien aise, car je lui veux toutes sortes de bien.

      M. de Salvandy, ayant dans un voyage à Nantes passé devant Rochecotte, s'y est arrêté et y a fait une visite à Pauline88, après laquelle il m'a écrit une fort aimable lettre. Il y dit ce qui suit: «Mon impression générale sur tout ce que nous voyons, c'est que les événements sont destinés à se précipiter; qu'en gros, ils ressembleront à ce que nous avons déjà vu, avec les différences qui me laissent partagé entre la douloureuse crainte de ressemblances complètes, quant aux moyens, et l'espérance d'issues plus indépendantes, plus dignes, et, par cela même, plus durables. Je ne rentrerai en ville que fort tard; il s'est fait dans le monde des vides qui me sont de grandes tristesses; je me sens dépaysé dans la génération nouvelle qui remplit les salons: Mmes de Noailles, de Maillé, d'Osmond, de moins; Mme de Boigne éteinte; M. Pasquier baisse à vue d'œil; l'empreinte du temps atteint M. Molé. Je renonce à poursuivre M. Guizot dans la lanterne, très peu magique, de Mme de Lieven. Le duc de Noailles n'hérite pas, comme il l'aurait pu, de tant de successions ouvertes; les Decazes sont abîmés entre la maladie, le Roi Jérôme et M. Bixio. Il n'y a plus de Sainte-Aulaire, Mme Mollien est toute seule dans l'appartement charmant qu'elle s'est fait; Mme de Châtenay, en perdant Alexis de Saint-Priest, est restée seule dans le sien. Albert de Broglie, qui a repris sa place dans le monde pour lequel il est fait, et dont son père s'était exilé, va beaucoup chez les autres et n'a point de chez soi. La duchesse de Mouchy plus aimable chaque jour, depuis qu'elle ne s'abrite plus chez sa mère; la duchesse de Rauzan dont la santé se détruit de plus en plus, sont mes seules amitiés vivantes. Mmes de Choiseul et de Vogüé, qui recueillent l'héritage de leurs amitiés défuntes, malgré une bonne grâce infinie, ne sont plus des centres, parce qu'il s'y réunit trop de monde, trop de jeunesse, qu'il n'y a pas de petits jours, que dès lors, on ne cause pas. Le salon de Mme de La Ferté reste froid et austère comme elle. Le monde ancien est fini!»

      Ce passage compose, ce me semble, un tableau assez rapide et assez vrai de ce qu'est devenu le Paris de la bonne compagnie.

       Sagan, 4 octobre 1853.– Lady Westmorland me mande de Vienne en date du 2: «Mon mari est revenu d'Olmütz, avant-hier au soir, enchanté de son séjour, et surtout très content de ses conversations avec l'Empereur Nicolas, et de la modération de ses intentions pacifiques dont il a donné des preuves incontestables. Hier donc, nous étions un peu remontés, en espérant une solution, mais aujourd'hui, nous avons une dépêche télégraphique de Constantinople du 25, qui annonce que le Sultan, poussé par le Divan, s'est décidé à déclarer la guerre, malgré l'avis des quatre représentants89. Dieu sait si cet événement ne fera pas peur à nos commerçants en Angleterre, et n'arrêtera pas un peu les cris furibonds de ces odieuses gazettes qui poussent à la guerre depuis si longtemps.»

      Конец ознакомительного фрагмента.

      Текст предоставлен ООО «ЛитРес».

      Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.

      Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.

      1

      La Commission pour rédiger l'Adresse en réponse au Discours du Trône venait d'être nommée par la Chambre, lorsque M. de Manteuffel monta à la tribune et donna lecture du décret royal de prorogation de la Chambre au 3 janvier 1851. Ce jour-là, le Bureau de la Chambre venant d'être de nouveau nommé, l'extrême droite, unie au Ministère, déclara qu'il n'y avait plus lieu de discuter une Adresse, la situation politique étant changée.

      2

      Ce successeur fut M. Armand Lefebvre, qui arriva à Berlin le 20 novembre 1850 et y demeura jusqu'en février 1852.

      3

      Les sourdes menées bonapartistes amenaient à tout instant des conflits, des dissentiments qui entretenaient l'agitation publique; à une revue à Satory, Edgar Ney ayant engagé plusieurs régiments à crier: «Vive l'Empereur!», le général Changarnier avait répondu par un ordre du jour où il défendait à ses troupes de faire entendre aucun cri politique. Le général Changarnier fut bientôt destitué et, le 3 janvier, le Ministère, ne rencontrant ni sympathie ni respect dans la Chambre, donna sa démission.

      4

      Frédéric Ier s'était fait couronner Roi de Prusse le 17 janvier 1701 et avait institué, le lendemain, l'Ordre de l'Aigle noir. Il ordonna que, pour perpétuer le souvenir de son couronnement et de la fondation de cet Ordre, cette fête fût célébrée chaque année. Cette tradition est pieusement conservée à la Cour de Berlin sous le nom de fête des Ordres.

      5

      L'Assemblée nationale de Francfort ayant complètement échoué dans son œuvre, Gagern, qui n'avait pas renoncé à régler les affaires de l'Allemagne, invita les députés à se réunir à Gotha pour y délibérer sur l'ébauche d'une Constitution, ayant pour point de départ la réunion de l'Allemagne sous la prépondérance de la Prusse, à l'exclusion de l'Autriche. Cent trente députés environ se rendirent à cet appel. Les disputes furent tris vives au sein de cette Assemblée, qui fut promptement l'objet des attaques et des moqueries du pays. On appelait

Скачать книгу


<p>86</p>

L'Empereur Nicolas arriva, en effet, à Olmütz: il était accompagné de son beau-frère, le Prince de Prusse, pour s'entendre avec l'Autriche et la Prusse. Une longue conférence eut lieu le 2 octobre, sous la tente impériale, entre les deux Empereurs, le Prince de Prusse et MM. de Nesselrode et de Buol. Les délibérations en restèrent d'abord secrètes, puis, on apprit bientôt que le Czar avait fait savoir à la Porte Ottomane que ces puissances ne lui donneraient qu'une garantie séparée de chacune d'elles, et non pas une garantie collective, et qu'il n'y aurait aucune solidarité entre les garants de l'intégrité et de l'indépendance de la Turquie. La proposition austro-russe fut repoussée à Londres comme à Paris, et absolument rejetée à Constantinople.

<p>87</p>

Pour le mariage du Duc de Brabant.

<p>88</p>

Marquise de Castellane.

<p>89</p>

Une dépêche avait apporté la déclaration formelle de la guerre de la Porte à la Russie. Le texte en était d'abord parvenu à la Légation ottomane à Vienne avec la condition que les hostilités ne seraient ouvertes que dans le cas où la Russie n'évacuerait pas les Principautés danubiennes dans les quatre semaines.